Réalisée par :mail
Date :Février 2010
Allan : Bonjour Michel, comme tu fais ta première apparition dans les rayons français, je vais te laisser dabord te présenter et nous révéler tous les secrets sur lhomme derrière lécrivain.
Michel : Et bien mon nom est Michel J. Lévesque, jai trente-huit ans et je suis un auteur du Québec. Jai commencé ma carrière en publiant des nouvelles fantastiques et de science-fiction dans diverses revues telles que Solaris au Québec et Galaxies en France. Mon intérêt pour le genre fantasy, fantastique et science-fiction a toujours été là. Je mintéresse à ces genres depuis que je suis enfant. À lépoque, jétais un amateur de dessins animés comme Capitaine Flamme, Goldorak, Albator et de “comics” américains tels que Hulk, Spider-man et Fantastic Four, sans compter les classiques du cinéma comme Star Wars et les séries télé du genre Star Trek et Lhomme de six millions. Tout ce qui touchait de près ou de loin au fantastique, au fantasy et à la science-fiction me passionnait (et me passionne toujours dailleurs!)
Un jour, jai décidé de laisser mon boulot dans une station de ski et de me lancer dans lécriture de ma première série jeunesse : un an complet décriture et de réécriture. Le premier tome dArielle Queen devait être parfait ! Une fois complété, je lai envoyé à Michel Brûlé, éditeur des Intouchables ici au Québec (ainsi quà huit autres éditeurs). Michel ma répondu rapidement quil était intéressé et ma demandé de lui fournir un synopsis détaillé pour les tomes suivants. Volte-face : le synopsis ne lui a pas plu, et il ma informé quil ne souhaitait pas poursuivre. Je nai pas abandonné. Cest mon principe PHP : Patience, Humilité Persévérance. Après avoir retravaillé mon synopsis, jai relancé Michel Brûlé et lui ai soumis à nouveau le document. Je présume que cette fois le résultat lui a plu, puisque Michel ma donné son numéro de téléphone personnel et ma demandé de lui téléphoner. Quelques jours après est venue loffre de contrats pour les trois premiers tomes dArielle. Entre-temps, javais reçu deux autres acceptations pour Arielle; deux maisons dédition reconnues désiraient aussi publier mon manuscrit. Jen étais très fier.
Allan : Peux-tu nous parler de tes influences et des auteurs qui tont marqué en tant que lecteurs et ceux qui tont incité à raconter tes propres histoires ?
Michel : Tout commence par Stephen King. Je lai découvert à dix-huit avec Tommyknockers, que jai littéralement dévoré. Après il y a eu Ça, qui est sans doute le meilleur bouquin que jai jamais lu. King est mon auteur fétiche, certes, mais étrangement, ce nest pas lui ou son uvre qui minspirent réellement. Ce sont plutôt les séries télé américaines, dont je suis friand : des trucs comme Oz, Lost, 24, Prison Break et Battlestar Galactica. Pour quelles raisons ? Pour le rythme. Jaime les histoires intelligentes, mais aussi celles qui ont du jus et qui en jettent! Pour Arielle, je me suis surtout inspiré de séries pour adolescents, comme Roswell, par exemple, ainsi que Smallville, The O.C., Buffy The Vampire Slayer, Dark Angel, etc. Je nai pas la prétention de refaire le genre, mais plutôt de lui donner une saveur et une texture différente. La série met donc en vedette des ados qui sont aux prises non seulement avec les “Forces du Mal”, mais aussi avec leurs propres démons. Ils connaîtront leurs premiers amours, ainsi que leurs premières déceptions. Ils devront apprendre se côtoyer, à travailler en équipe, pour le bien commun. Ils formeront leur caractère, découvriront leurs valeurs, et devront, éventuellement, choisir entre le bien et le mal.
Allan : Au mois de janvier paraissaient en France les deux premiers volumes de la saga Arielle Queen : quel effet cela fait-il de voir ses histoires traverser les continents ?
Michel : Cest extraordinaire ! Comme auteur, on souhaite toujours que nos histoires soient lues par le plus de gens possible, et le fait quArielle soit publiée dans un autre pays me permet de partager son histoire avec encore plus de lecteurs. Comme jexplique souvent dans mes conférences, le but des auteurs nest pas de faire de largent (dans la majorité des cas, du moins), cest plutôt de créer une histoire et de la faire exister le plus longtemps possible dans la tête des gens. Si jenvie J.K. Rowling, ce nest pas pour son argent, mais bien pour son succès, car ce succès fait en sorte que son personnage, Harry Potter, ainsi que ses aventures, existent dorénavant dans notre mémoire collective. Ça donne une impression dimmortalité lorsquon sait que notre uvre a été si marquante quelle nous survivra. Dans cent ans, on parlera encore dHarry Potter. Jespère que ce sera aussi le cas pour Arielle Queen (rires)
Allan : Arielle Queen a-t-elle dailleurs réussi à simposer dans dautres pays ?
Michel : Non, pas encore, mais mon éditeur, mon agent et moi tentons dapprocher dautres pays dEurope, tels que lAllemagne, par exemple. Jaimerais bien réussir une percée au Japon aussi. Un lecteur ma déjà écrit quArielle ressemblait parfois à un manga en roman. Nous disposerons bientôt dune traduction anglaise que nous pourrons soumettre aux marchés anglophones, comme celui des États-Unis et de lAngleterre.
Allan : La littérature “imaginaire” jeunesse québécoise semble bien se porter entre Arielle Queen pour toi et les Chevaliers dÉmeraude pour Anne Robillard : comment expliquerais-tu le succès de vos deux séries ?
Michel : En effet, jai pu constater moi-même que les jeunes Français apprécient beaucoup la série dAnne, ainsi que la mienne, et ce, pour diverses raisons jimagine. Si Arielle connaît du succès, cest sans doute grâce à lattachement que ressentent les lecteurs envers les personnages. Ils sidentifient beaucoup à eux, même si ces derniers évoluent la plupart du temps dans un univers fantastique. Car dans le cas dArielle Queen, il sagit bien de fantasy, comme dans le Seigneur des anneaux et Les Chevaliers démeraude. Seule exception : les aventures dArielle se déroulent à notre époque, dans un univers contemporain. Il y a des elfes et des trolls, des chevaliers et des magiciens, mais ils évoluent tous en 2010, en Amérique du Nord et en Europe, de surcroît. Les deux principaux héros sont deux jeunes gens âgés de 16 et 17 ans, qui vont à lécole le jour, mais qui, la nuit, se transforment en véritables super héros aux pouvoirs surnaturels. Leurs animaux de compagnie, un chat et deux chiens, se transforment aussi, afin de leur servir de garde du corps. Depuis plusieurs générations, des chevaliers protègent également les deux adolescents, ainsi que leurs ancêtres respectifs, à qui ils doivent parfois faire appel. Arielle et son compagnon auront besoin de toute laide possible pour accomplir la prophétie annoncée par les elfes de lAlfaheim.
Allan : Arielle Queen met en avant une adolescente qui découvre quen son monde, des forces maléfiques sont à luvre et saffrontent
Par contre, si on voit bien les Elfes Noirs et les Alters, on ne voit aucune force pour les contrebalancer
Du moins dans le premier volume : doit-on en conclure que les forces du bien ne sont représentées que par Arielle et ses comparses ?
Michel : Arielle et ses compagnons représentent en effet ce quon pourrait appeler les “forces du bien” ou encore les “forces de la lumière”. Mais dune certaine façon, ils font aussi partie du groupe de démons représenté par les alters, car pour se servir de leurs pouvoirs spéciaux, ils doivent prendre possession du corps de leur propre double maléfique. Au cours de laventure, plusieurs personnes viendront leur donner un coup de main pour combattre les alters et les elfes noirs. Parmi eux, il y aura entre autres les chevaliers fulgurs. Armés de marteaux magiques, comme ceux du dieu Thor, ils auront la tâche de protéger les deux élus. Les ancêtres de ces mêmes élus viendront à quelques occasions prêter main-forte à leurs jeunes descendants. Il y a également les Six protecteurs de la prophétie et les guerriers Tyrmann, qui ne feront leur entrée que beaucoup plus tard. Au dernier tome, il y aura fort probablement une bataille épique opposant les forces du mal (réunissant tous les ennemis dArielle) et celles du bien (dont les membres auront été recrutés par Arielle tout au long de son aventure).
Allan : Les personnages que tu as créés sont plus complexes que la majeure partie des personnages que lon voit généralement en littérature jeunesse : cette complexité ne risque-t-elle pas dêtre un frein pour certains lecteurs ?
Michel : Non, je ne crois pas. Les lecteurs sont exigeants, ils veulent de bonnes histoires et des personnages crédibles. Ce que je reproche parfois aux séries jeunesse, justement, cest davoir des personnages unidimensionnels, qui nont quune facette, soit celle du bien, soit celle du mal. Ils sont bons ou mauvais, en dautres termes. Mes personnages ne sont ni blancs ni noirs, ils sont gris, cest-à-dire que chacun dentre eux possède deux côtés à sa personnalité. Les méchants ne sont pas seulement ainsi parce quil faut nécessairement un adversaire à combattre dans lhistoire. Ils ont une histoire qui explique pourquoi ils sont devenus comme ça. Et les gentils, comme Arielle et Noah, ont également des côtés sombres, que lon découvrira plus tard dans lhistoire. Le commentaire qui revient le plus souvent de la part des lecteurs, cest quils trouvent les personnages attachants, quils sidentifient à eux. Cela signifie que jai fait mon boulot et que les personnages sont réussis, car ils existent dans leur tête.
Pourquoi les lecteurs sidentifient-ils au personnage dArielle Queen et de Noah? Parce que ce sont des jeunes comme eux, mais qui ont un destin extraordinaire. Lorsquelle ne prend pas son apparence de princesse guerrière, et quelle nassume pas son rôle délue de la prophétie, Arielle est une jeune fille comme les autres. Elle habite chez son oncle, va à lécole, discute avec sa meilleure amie Elizabeth et se concentre sur ses études. Arielle est plutôt réservée, na pas beaucoup damis et est complexée par son physique; pendant le jour, Arielle évolue sous sa forme humaine habituelle : elle est petite, rousse et boulotte, et elle est amoureuse dun garçon qui la regarde à peine. Mais la nuit, lorsquelle adopte son apparence de guerrière, elle devient beaucoup plus grande, beaucoup plus forte, beaucoup plus agile, et surtout, beaucoup plus belle. “Lune des plus belles alters que la Terre ait jamais connue !” prétend une de ses amis.
Allan : Le monde de la nuit que tu nous présentes ne se contente pas davoir la particularité daccueillir des créatures démoniaques, on voit aussi que les animaux “shumanisent” et participent à la lutte : un moyen de montrer quil faut faire attention à nos amis à 4 pattes ?
Michel : Les “animalters” servent principalement de garde du corps à nos deux héros, Arielle et Noah. Les animaux domestiques sont souvent des amis fidèles, et cest un peu ce que je voulais représenter avec les animalters. Le jour, ce sont des animaux domestiques tout ce quil y a de plus ordinaires, mais la nuit, tout comme leurs maîtres, ils sont habités par une présence alter. Ils se transforment alors et adoptent une forme humanoïde et sont doués de la parole. Dans les premiers tomes, tout le monde croit quils sont gentils, mignons, attachants et tout, mais il est bien écrit quelque part “quau jour de la Lune noire, les surs reines régneront en tyran, grâce à leurs alliés et aux animalters qui dévoileront leur véritable nature. Vautours, panthères et loups les protégeront de la plèbe humaine. Mais un jour, des sauveurs libéreront les hommes du joug des tyrans. Le mal sera alors vaincu et la lune fera de nouveau place au soleil.” Le passage dont il faut se souvenir est donc celui-ci : “les surs reines régneront en tyran, grâce à leurs alliés et aux animalters qui dévoileront leur véritable nature. Vautours, panthères et loups les protégeront de la plèbe humaine.” Je nen dis pas plus.
Allan : Une deuxième particularité est la référence à la mythologie nordique plutôt que chrétienne : pourquoi ce choix ?
Michel : Jai toujours préféré la mythologie nordique aux autres mythologies. Parce que les conflits des dieux sont plus “humains”, je trouve. Et de plus, il me fallait faire un choix : à lépoque où jai écrit Arielle Queen, il y avait peu de romans jeunesse (en tout cas, à ma connaissance) traitant de mythologie nordique. On parlait beaucoup du Seigneur des anneaux, mais davantage de la mythologie créée par Tolkien que celle sur laquelle il sétait inspiré. Je souhaitais la faire découvrir à mes jeunes lecteurs, mais aussi avoir une base solide sur laquelle mappuyer pour construire mon univers.
Allan : Si deux volumes sont pour linstant parus en France, jai vu que 8 étaient déjà parus au Québec et deux en prévision : as-tu déjà une idée du nombre de volumes que contiendra laventure complète ?
Michel : Il y aura 12 tomes en tout dans la série. Le tome 9 sera disponible dans les librairies du Québec le 19 mai prochain. Pour ce qui est de la France, je crois que le tome trois devrait paraître sous peu. Pour les dates exactes, il faudrait demander à mon éditeur français, Hugo et Cie.
Allan : En parallèle, travailles-tu sur une autre idée ou sur un autre cycle ?
Michel : Oui, en fait, jai déjà une autre série en marche. Elle sintitule Soixante-six et il y a déjà deux tomes de parus au Québec. Le troisième sera disponible en librairie dès mars 2010. Six à huit tomes sont prévus pour cette série. Le sujet ? Cette fois il sagit dune histoire qui mêle aventure et mystère. Je me suis inspiré à la fois de Lost (Les Disparus), Supernatural et Prison Break pour écrire cette histoire. Pour le résumé de lhistoire visitez mon site ou encore mon groupe: facebook .
Allan : Que peut-on te souhaiter ?
Michel : Beaucoup de choses ! QuArielle Queen fonctionne aussi bien en France quau Québec (chez moi, on a déjà dépassé les 100 000 exemplaires vendus. Pour un petit marché comme le Québec, cest extraordinaire.) Ensuite, que le projet de film fonctionne ! Envoyez-moi de lénergie positive ! (rires) Je suis présentement en discussion avec un producteur dici pour développer un projet de film avec Arielle Queen comme sujet. La réalisation de ce projet dépend de plusieurs facteurs, mais jespère sincèrement quil verra le jour. Une coproduction avec la France nest pas exclue. Si vous connaissez des producteurs qui sont intéressés, faites-moi signe !
Allan : Je te laisse le dernier mot :
Michel : Et bien premièrement, je vous remercie de votre invitation et à vos lecteurs je dis aussi merci davoir lu cette entrevue. Jespère de tout cur que vous éprouverez du plaisir à découvrir les aventures dArielle Queen, autant que jen ai eu à les écrire. Jaimerais que cette jeune fille vous touche autant quelle nous a touchés, moi et les milliers de lecteurs du Québec qui ont suivi et suivent encore ses péripéties. Pour linstant, des noms comme Arielle, Brutal, Noah, Razan, Geri, Freki, Mastermyr, Jorkane, Ael et Nomis vous sont inconnus, mais il ne vous faudra que quelques heures de lecture pour apprendre à bien les connaître et à les apprécier. Arielle Queen, cest une histoire qui mêle aventure et fantasy, et qui sadresse autant aux filles quaux garçons, autant aux jeunes quaux adultes. Il y en a pour tous les goûts : on y retrouve de laction, de lamour, des intrigues, des revirements de situation, des rebondissements. Vous le constaterez dès les premières pages, laction déboule à un rythme effréné. Ici, pas besoin dattendre la centième page avant dentrer dans laction; on est emporté aussitôt le premier chapitre commencé. II sécoule à peine dix jours entre le début du tome 1 et la fin du tome 5. Si vous aimez les quêtes épiques, lamour, laventure et les histoires delfes et de chevaliers, si vous avez envie de découvrir quelque chose de nouveau et de rafraîchissant, nhésitez pas une seule seconde, Arielle Queen est pour vous! Quel bon vendeur je fais, non ? Et si vous avez besoin davis supplémentaires, visitez ces sites jeunesses :
Radio Canada
et
Cpourlesparents.com
Au revoir à tous, merci et à bientôt !