En Grande-Bretagne, l’Unité 3, qui fait partie des services secrets de la couronne, lutte contre les terroristes virtuels. Car avec la découverte de l’intanciel, ce réseau virtuel qui révolutionne l’informatique et l’électronique, des hommes et des femmes ont décidé de le détruire, convaincus que l’intanciel est un anachronisme, dans cette décénnie qui devrait normalement être celle de la conquête spatiale et non de la cyberréalité. Et Mary Gentle est l’un des agents chargé de les combattre. Une tâche bien difficile quand le chef de la résistance, surnommé le Magicien, est capable de disparaître à volonté. C’est en le poursuivant que nombre de membres de l’Unité 3 vont périr.
Dans les années 90, résultant indirectement des recherches sur l’intanciel, des animaux ont vu leur cerveau modifié de manière à les faire penser comme des humains. Harry est une grenouille modifiée, qui s’est lancé dans une carrière d’écrivain une fois qu’il a été relâché. Or, sans jamais avoir eu connaissance des premières années de l’intanciel, il décrit dans ses romans d’espionnage les aventures des membres de l’Unité 3 et leur lutte contre les terroristes du réel.
Drôle d’histoire que celle à laquelle nous convie Laurent Queyssi dans ce roman, son premier, où l’on peut croiser les Beach Boys et une grenouille qui parle. Mais aussi des savants plus ou moins fous, des agents secrets plus ou moins doubles, des méchants pas forcément méchants, des belles filles, de la violence et une fin du monde. Un bon petit James Bond quoi…sauf que Ian Fleming est une grenouille et que James a décidément une grosse poitrine !
Trève de plaisanterie, «Neurotwistin» parait avant tout être un hommage à une culture qui a apparemment fortement marqué l’auteur, bien qu’il n’y ait jamais vécu. Musique, look, répliques, tout nous ramène à ce début des années 60, cette époque bénie de la consommation et de la prospérité internationale sur laquelle nous fantasmons tant aujourd’hui. Et si l’intrigue nous rappelle celle de Matrix, une réalité qui pourrait bien être illusoire ainsi que le prônent une poignée de résistants combattus par les gouvernements du monde entier (d’ailleurs, le magicien nous rappelle fortement Morpheus par ses capacités d’évasion). Mais qu’on ne s’y trompe pas, ceci n’est qu’illusion (sic) car Laurent Queyssi n’ambitionne pas de concurrencer Matrix et, loin d’offrir une réflexion sur la réalité, nous livre une oeuvre échevelée, qui fonce comme ses héros à cent à l’heure, enchainant action, sentiment, humour, drame et victoire. Par une subtile mise en abyme, il se met en scène sous les traits de Harry, qui se contente d’écrire les idées les plus folles lui passant par la tête, sans avoir forcément le souci de la cohérence, cherchant le «sense of wonder» plutôt que le réalisme pointilleux.
De sorte qu’on peut parler d’uchronie, de roman d’espionnage, d’anticipation, de pseudo-roman philosophique sur la réalité, mais à chaque fois nous nous égarerions dans des chemins de traverses. «Neurotwistin’» est avant toute chose un roman qui fait plaisir au lecteur, un roman sympathique qui ne cherche qu’à créer la distraction, le plaisir d’une lecture bien rythmée qui nous emmène rapidement jusqu’à la dernière page, agrémentant cette promenade d’illustrations fort à propos. Lisons le, amusons nous, et je crois que cela suffira à rendre l’auteur content.
Les Moutons électriques éditeur – (2005)– 270 pages 15.00 € ISBN : 2915793174 (INED)
Couverture : Gynux
Années 1990 : Harry est une grenouille au cerveau modifié, capable de réfléchir comme un humain. Mais le batracien est aussi écrivain. L’oeuvre de sa vie s’appelle « Neurotwistin’ », série dont l’essentiel de l’action se déroule dans les…
Années 1960 : Mary Gentle, Brian Taylor et les autres membres de l’Unité 3 luttent contre de mystérieux terroristes dont le but principal semble être la destruction du réseau mondial encore à l’état expérimental, l’intanciel, et l’anéantissement des premiers animaux modifiés.
A travers deux récits parallèles, les mystères qui préoccupent l’auteur tout autant que les héros de sa fiction vont être peu à peu dévoilés. Uchronie qui piétine et encense le cyberpunk, Jerry Cornelius, Modesty Blaise, James Bond, les Invisible et les Beach Boys, « Neurotwistin’ » dégaine l’arsenal pop pour plonger dans l’esprit de ceux qui veulent « changer le monde ».
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