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A voté d’Isaac Asimov

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avoteEn 1955, Isaac Asimov imagine le nec plus ultra de la démocratie sondagière…

  • Date de parution 18/10/2016
  • Editeur Passager Clandestin
  • Collection Dyschroniques
  • Nombre de pages 50
  • traduction Denise Hersant

Les éditions du Passager clandestin poursuivent leur édition de textes souvent politiques, imaginant des futurs faussement idéalisés. Ces futurs sont désormais notre présent et ces textes anciens permettent aussi de mesurer la vision ou l’absence de vision de ces auteurs.

Pourquoi se fatiguer à faire voter une population entière quand au travers du miracle de l’industrie sondagière on est capable de tout savoir des pensées les plus intimes du peule ? Deux principes sont poussés au bout par Asimov :

  • la représentativité d’un échantillon de la population, qui permet à des sondeurs de prétendre connaitre l’avis d’une population à partir d’un échantillon de plus en plus restreint.
  • l‘effet hawthorne, qui décrit l’influence que l’expérience a sur le sujet de l’expérience : notre avis est il vraiment le même quand on répond à une enquête ?

Le héros de la nouvelle (sélectionnée dans la grande anthologie de la SF en 1985) se retrouve parachuté représentatif de la nation états-unienne dans une démocratie où un ordinateur géant est capable d’extrapoler l’avis de la population à partir de ce seul représentant. Pendant un an le pays sera gouverné selon ses opinions et on accolera son nom au meilleur comme au pire, comme une “Loi Duflot” ou un “dispositif de Robien”.

Ce texte est particulièrement d’actualité alors que Trump vient de se faire élire à rebours de tout ce que prévoyaient les sondages, à l’inverse du vote majoritaire du peuple (époque Eisenhower, Nixon, Mc Carthy).  Il interroge plus classiquement le mythe de l’ordinateur omniscient (on est en 1955) qui rend la place de l’homme décideur moins nécessaire, voire superflue à son bien-être. Le style d’Asimov est toujours aussi facile à lire, simple, descriptif, sans fioriture, mais servant bien les personnages, leurs interactions, autant que la longueur du texte le permet. Comme toute bonne nouvelle, elle se termine en ouvrant largement le champ des possibles, prolongeant dans l’imagination la réflexion qu’elle suscite.


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