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Arlis des Forains de Mélanie Fazi

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Elevé par des forains qui lui ont révélé dès son plus jeune âge qu’ils n’étaient pas ses parents, Arlis mène une enfance tranquille sur les routes d’Amérique. Lui qui ne connaît que l’univers fantastique des animaux et des artistes de foire ignore tout de l’école, un lieu mythique qui le fait rêver, alors que les enfants qui le rencontrent le jalousent pour son indépendance et son absence d’obligation scolaire. Il se rend bien vite compte que tout est question de point de vue, de routine.

Et justement, une de ses vieilles habitudes récurrentes est de se faire raconter les circonstances de sa découverte par Aaron, des circonstances qui varient selon le degré d’ébriété du conteur. Mais parvenu à un âge délicat, à l’aube de l’adolescence, Arlis commence à se poser des questions que les paroles évasives et les histoires pour enfants des forains n’apaisent plus. D’autant qu’il réussit à surprendre des phrases bien mystérieuses le concernant lors d’une conversation entre Lindy et Emmet, ses parents adoptifs. Et évidemment, personne ne veut l’aider à démêler l’écheveau des questions qui l’occupent.

C’est dans ces circonstances qu’il rencontre Faith, fille du pasteur de la ville où la foire s’est installée. Rapidement, ils deviennent amis et le soir même, elle lui fait découvrir quelques secrets de la nuit, avant de l’emmener près de l’épouvantail qui garde les champs de blé. Elle lui révèle qu’il est l’incarnation du seigneur des moissons et qu’il faut lui faire des sacrifices quotidiens pour s’attirer ses grâces. Après une cérémonie d’initiation, elle invoque le seigneur des moissons pour qu’il fasse apparaître le fantôme de la mère de Faith, morte lors de l’accouchement de sa soeur cadette. Et le miracle se produit, et se repète plusieurs fois, et Arlis ne voit pas toujours la mère de Faith, mais aussi d’autres apparitions spectrales. Pourtant, il semble parfois que Faith ne s’en rende pas compte, comme si ce n’était pas elle qui possédait les véritables pouvoirs…

On connait Mélanie Fazi pour ses excellentes traduction et aussi ses nouvelles parues dans diverses revues ou anthologies, mais la voir romancière est une agréable surprise, d’autant que si Bragelonne est parfois controversé pour la qualité de ses publications, il n’y a dans ce cas précis que peu d’appréhensions quant au résultat final. Il n’en reste pas moins qu’Arlis des forains est quelque chose à découvrir.

Un sujet pas évident à traiter, car si Arlis est un enfant trouvé, ce qui laisse toujours envisager des origines horribles ou indicibles dans un texte fantastique, il est aussi un forain. “Sa maison [est] la route” comme le dit le quatrième de couverture est dans cet environnement proprement fabuleux, propice à l’imagination, Arlis va se révéler au fond d’une ennuyeuse compagnie, car sous sa couche d’exotisme, on sent le désenchantement de celui qui connait le truc, qui nettoie la litière des animaux, qui n’a au fond qu’un rêve : prendre la place des enfants qu’ils croisent et qui eux l’envient. Quand Faith se plaint de la rigidité de son père, de la vie étriquée de sa petite ville tranquille figée dans son bien-être rural, lui ne demande qu’à prendre sa place, qu’à lui donner sa place dans la roulotte de Lindy. Car pour lui, l’insolite réside dans les pupitres des salles de classe, dans les bénitiers des églises, dans les maisons de bois des bourgades que la caravane traverse. Une sorte de nostalgie de la vie qu’il n’a pas vécu.

Mais, touche d’extraordinaire dans cet univers paisible, le seigneur des moissons veille sur les champs grâce à son serviteur terrestre, un épouvantail. Et Faith est sa grande prêtresse, celle qui chaque jour lui apporte des offrandes en sacrifice pour le remercier de sa bienveillance. Bien sûr, en tant que prêtresse, elle a un contact privilégie avec le seigneur des moissons, qui la remercie de son dévouement en lui exauçant certains de ses vœux. Il fait revenir sa mère, celle qui est morte en accouchant de sa petite soeur. Et une nuit, en présence de Arlis, le spectre se manifeste à nouveau, un pacte secret est scellé entre les deux enfants. Et dans cette atmosphère mystérieuse empreinte d’un mysticisme païen, rappelant le culte des forces de la nature, Arlis commence à comprendre certaines choses quant à ses origines, quant a qui il a été. Il comprend qu’il possède de bien étranges pouvoirs, qu’il n’est pas comme les autres. Or, c’est cette différence qui précipite le drame, car dans l’incapacité de contrôler son don, il révèle contre son gré les profondes fissures de la caravane, tous les petits différends enterrés à force de compromis et de mensonges. En quelques jours, c’est la catastrophe, jusqu’à la révélation du plus grand secret, du ciment de cette “caravane de l’étrange” : le récit de sa découverte.

A travers ce court roman, Mélanie Fazi réussit à nous faire revivre les affres et les déchirements de cet âge où entre les rêves de l’enfance et le désenchantement de l’adolescence, l’enfant apprend qu’il va devenir homme et qu’il va changer, donc qu’il va souffrir. Grâce à son écriture tout en finesse et en précision, elle nous emmène au plus près des sentiments de ses personnages, nous les replaçant aussi dans leur milieu pour montrer les changements en cours. En un sens poétique malgré sa dureté cachée, Arlis des forains est une très bonne surprise dans le microcosme fantastique.
Elevé par des forains qui lui ont révélé dès son plus jeune âge qu’ils n’étaient pas ses parents, Arlis mène une enfance tranquille sur les routes d’Amérique. Lui qui ne connaît que l’univers fantastique des animaux et des artistes de foire ignore tout de l’école, un lieu mythique qui le fait rêver, alors que les enfants qui le rencontrent le jalousent pour son indépendance et son absence d’obligation scolaire. Il se rend bien vite compte que tout est question de point de vue, de routine.

Et justement, une de ses vieilles habitudes récurrentes est de se faire raconter les circonstances de sa découverte par Aaron, des circonstances qui varient selon le degré d’ébriété du conteur. Mais parvenu à un âge délicat, à l’aube de l’adolescence, Arlis commence à se poser des questions que les paroles évasives et les histoires pour enfants des forains n’apaisent plus. D’autant qu’il réussit à surprendre des phrases bien mystérieuses le concernant lors d’une conversation entre Lindy et Emmet, ses parents adoptifs. Et évidemment, personne ne veut l’aider à démêler l’écheveau des questions qui l’occupent.

C’est dans ces circonstances qu’il rencontre Faith, fille du pasteur de la ville où la foire s’est installée. Rapidement, ils deviennent amis et le soir même, elle lui fait découvrir quelques secrets de la nuit, avant de l’emmener près de l’épouvantail qui garde les champs de blé. Elle lui révèle qu’il est l’incarnation du seigneur des moissons et qu’il faut lui faire des sacrifices quotidiens pour s’attirer ses grâces. Après une cérémonie d’initiation, elle invoque le seigneur des moissons pour qu’il fasse apparaître le fantôme de la mère de Faith, morte lors de l’accouchement de sa soeur cadette. Et le miracle se produit, et se répète plusieurs fois, et Arlis ne voit pas toujours la mère de Faith, mais aussi d’autres apparitions spectrales. Pourtant, il semble parfois que Faith ne s’en rende pas compte, comme si ce n’était pas elle qui possédait les véritables pouvoirs…

Edit 2017 : relecture du même roman

Ce roman, en forme de récit d’initiation, y ajoute une dimension fantastique rurale, un cirque atypique façon “Freaks”, le tout mené de façon assez légère : on aperçoit les fantômes plutôt que les voir, on a les suppositions d’un enfants plus que les certitudes adultes, on y découvre plus des portraits que des aventures. Cela donne un texte un peu lent, assez linéaire, mais qui installe une ambiance.

FolioSF (Décembre 2010) – 320 pages – 8.20€ – 9782070398935

Arlis est orphelin. Il a été recueilli par Emmett et Lindy, des forains. Entouré, entre autres, de Jared, le cul-de-jatte, et de Katrina, la fille aux serpents, il vit une enfance singulière, mais heureuse, sur les routes qui le mènent de ville en ville. L’arrivée des forains à Bailey Creek ne passe pas inaperçue et, comme souvent, Arlis est le centre d’intérêt de tous les enfants de la ville. Et plus particulièrement de Faith, la fille du pasteur. Elle fera découvrir à Arlis d’étranges rituels et lui ouvrira les portes d’un monde plein de mystères… et de dangers.
Bragelonne (Août 2004)320 pages 13.00 € – 2914370989
Couverture : Didier Graffet

Lorsqu’on a onze ans, le monde est un endroit étrange…
Et quand ce monde se compose d’un ours, de singes savants et de serpents, l’étrange devient le quotidien. Car Arlis est un forain, et sa maison est la route.
Il vit heureux en compagnie d’Emmett et de Lindy, qui dirigent la caravane, de Jared, le cul-de-jatte, d’Aaron et de Katrina. Si seulement Arlis savait ce qu’il fait parmi eux. Car il ignore tout de ses origines ou de sa famille.
Un jour, alors que les forains atteignent la petite bourgade de Bailey Creek, Arlis fait la connaissance de Faith, la fille du pasteur. Ils se lient d’amitié et deviennent complices, au coeur des blés, sous la lune et le vent.
Mais Faith n’est pas non plus une fille comme les autres. Elle connaît les secrets des champs de blés. Elle initie Arlis à d’étonnants sacrifices dédiés à l’épouvantail qui règne en maître sur ces lieux. Autour d’eux plane une présence invisible et effrayante.
Oui, lorsqu’on a onze ans, le monde est un endroit étrange, où peuvent surgir la violence et la mort, et changer votre vie à tout jamais…


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