Retrouvez l’actualité des littératures de l’imaginaire (Science-Fiction, Fantastique, Fantasy, et autre) ainsi que des interviews de celles et ceux qui les construisent.

Gnomon de Nick Harkaway

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En 2 volumes.

Gnomon, paru en mars aux éditions Albin Michel Imaginaire, est un des romans les plus étranges et les plus complexes que j’ai lu ces derniers mois (années ?) et m’a fait aussi prendre mon temps pour essayer d’en retranscrire une chronique qui rend hommage à l’érudition de Nick Harkaway qui ne cesse d’épater et de vous laisser en même temps de manquer de références pour bien en savourer toute la finesse.

Une Grande-Bretagne ultra-contrôlée et ultra-démocratique

Il est important déjà de poser le contexte de ce thriller futuriste, dans une société que nous avons du mal à situer sur l’échelle Utopie / Dystopie…

La Grande-Bretagne a changé de régime politique, optant pour une société totalement transparente et ultra-démocratique. Entendez par transparence qu’il n’est plus possible de cacher quoi que ce soit à qui que ce soit et cela grâce au Système qui surveille en permanence l’ensemble de la population pour s’assurer qu’aucune déviation aucun acte délictueux ne peut avoir lieu sans que cela ne soit connu de tous grâce au Témoin. Cela même au-delà de ce que les pires fictions auraient pu imaginer puisque tout à chacun peut tout connaître sur son voisin ou même la personne qu’il croise dans la rue. Et si une intervention humaine est nécessaire, un groupe d’hommes et de femmes peuvent intervenir, à l’instar de Mielikki Neith dont nous parlerons un peu plus tard.

Pour l’aspect ultra-démocratique, le système permet à chaque citoyen de donner son opinion (prise en compte, cela va sans dire) sur chacun des éléments qui doivent régir la société : économie, éducation et immigration, rien n’échappe aux votes et opinions des britanniques… J’ai d’ailleurs trouvé que cet aspect était moins détaillé (même si nous voyons la dynamique au travers de l’inspectrice Mielikki Neith) et aurait mérité de nous interroger sur la pertinence de ce mode.. Mais là n’est pas le débat.

Une morte et une enquête

L’écrivaine Diana Hunter (pour les non-anglophones, Hunter signifiant Chasseresse, premier rapport à la mythologie) est une dissidente dont les intentions sont difficilement accessibles au Témoin : il est donc décidé d’utiliser des outils supplémentaires pour permettre d’accéder à la pensée de la romancière et de s’assurer qu’elle n’avait pas en tête d’action dangereuse contre le système… Mais au cours de cette intervention, réputée sans risque, elle décède. Il est donc décidé de faire appel à l’inspectrice du témoin Mielikki Neith qui devra se lancer dans l’analyse de l’esprit de Diana pour savoir si l’accident était évitable.

Et dès la première connexion à l’esprit de Diana, la situation se complique : Mielikki se retrouve plongé dans les souvenirs de Constantin Kyriakos, un trader grec qui voit sa vie transformée par sa rencontre avec un grand requin blanc. On suit son aventure, en se demandant ce que vient faire ce souvenir dans la tête de Diana et surtout, ce que cela vient faire dans l’histoire Gnonom tout court… Et c’est aussi ce que demande notre enquêtrice, perdue par ce premier contact et par ses conséquences. Et pour ne rien arranger, dans la vraie vie, elle se retrouve aux prises avec un homme qui l’attaquera.

Comme si cela ne suffisait pas, la jeune femme découvrira que l’esprit de Diana recèle plusieurs vies, plusieurs histoires qui s’entremêlent et semblent dessiner une trame que nous ne percevons pas. Le deuxième contact sera Athenais Karthagonensis, un alchimiste souhaitant percer le mystère de la chambre d’Isis ; nous croiserons aussi le destin de Berihun Bekele, un peintre éthiopien qui aura une renommée internationale… N’en dévoilons pas trop car toute information fait partie d’un grand puzzle qui se complète au fur et à mesure…

Un récit complexe… et envoûtant

Vous l’aurez compris, le roman va se révéler complexe à plusieurs niveaux. D’abord parce qu’il faut assimiler le système politique et le rôle de la police du Témoin. Ensuite parce que nous allons suivre de nombreuses trames annexes qui doivent nous permettre de comprendre la trame principale. Ces trames secondaires nous plonge dans des périodes et des lieux différents et vont nous confronter à de nombreux savoirs qui ne parleront pas à toutes et tous (de mon côté, je me suis retrouvé un peu plus perdu sur l’histoire d’Athenais Karthagonensis), montrant dans le même temps une culture importante de l’auteur et une capacité à tracer / construire des trames complexes.

Alors, la conséquence directe est que ce roman n’est définitivement pas un roman détente, il demande une réelle concentration, implication et volonté du lecteur / de la lectrice de se plonger dans ce roman atypique. N’essayez pas de vous dire que vous le lirez dans les transports, cela me semble difficilement jouable, au risque dans le cas contraire de devoir régulièrement revenir en arrière. Pour ma part, ce qui m’a le plus gêné finalement, c’est la police “Gras” sur les esprits des différents personnages de l’esprit de Diana.

Il y a deux personnes à qui il faut rendre hommage (en plus de l’auteur, cela va s’en dire) : la traductrice Michelle Charrier pour la qualité du rendu. Je pense qu’on ne se rend pas compte, d’autant plus sur un roman aussi complexe, de la charge de travail que cela doit engendrer pour traduire d’une part mais aussi se renseigner sur tous ces domaines pour avoir la traduction la plus fidèle… La deuxième est Aurélien Police qui réalise une nouvelle fois une couverture qui attire l’oeil et interpelle.

A vous de vous lancer !

Albin Michel (Mars 2021) – Imaginaire
Partie 1 – 476 pages – 24,90€ – 9782226443663
Partie 2 – 488 pages – 24,90€ – 9782226443656
Traduction : Michelle Charrier (Royaume-Uni)
Titre Original : Gnomon (2017)
Couverture : Aurélien Police

Grande-Bretagne. Futur proche.

La monarchie constitutionnelle parlementaire qu’on croyait éternelle a laissé place au Système, un mode de démocratie directe où le citoyen est fortement incité à participer et voter. La population est surveillée en permanence par le Témoin : la somme de toutes les caméras de surveillance et de tout le suivi numérique que permettent les smartphones et autres objets connectés.

Alors qu’elle est soumise à une lecture mentale, la dissidente Diana Hunter décède. Mielikki Neith, une inspectrice de Témoin, fidèle au Système, est chargée de l’enquête. Alors qu’elle devrait être en mesure d’explorer la mémoire de Hunter, Mielikki se retrouve confrontée à trois mémoires différentes : celle d’un financier grec attaqué par un requin, celle d’une alchimiste et celle d’un vieux peintre éthiopien.

Pour Neith, un incroyable voyage au cœur de la pensée humaine commence. Aussi surprenant que dangereux.


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