Comme pour chaque édition des Utopiales, les éditions ActuSF nous proposent une anthologie regroupant des nouvelles avec une parution donc sur ledit festival. La palette prévue pour l’occasion n’aura pas survécu jusque la fin du festival, mais c’est un autre sujet :).
L’anthologie commence par l’excellente nouvelle de Jean-Laurent Del Socorro… Ces 43200 secondes correspondent au temps que doit tenir Amara Kabbock pour faire échouer une loi mais je ne vous en dit pas plus. J’ai trouvé que cette nouvelle est une des meilleures du recueil, avec cette capacité de Jean-Laurent à mettre en avant une femme, avec le même talent que ce qu’il avait fait au travers de Boudicca. Cette nouvelle est donc un hommage réussi à Wendy Davis (puisqu’elle lui ai dédiée)..
Le temps de digérer cette nouvelle « politique » et nous enchaînons sur une deuxième nouvelle inédite, La Place d’une femme d’Emma Newman (traduite par Erwan Devos et Hermine Hémon) qui va nous permettre d’en apprendre plus sur Madame Hudson, la fameuse logeuse de Sherlock Holmes… Avec beaucoup de finesse, nous allons suivre le fil d’une enquête qui nous mènera à une information surprenante.
Huit siècles sur une échelle de temps, est l’histoire d’un long voyage, dans l’espace, avec un roulement pour permettre d’attendre que la terre redevienne habitable. Olivier Gechter nous fait découvrir un vaisseau piloté par une intelligence qui réveille à tour de rôle un des « résidents » pour l’entretien commun… Mais Boris, que nous suivrons, s’interroge sur la mort d’un de ses collègue. Une nouvelle un peu plus « spatiale » donc qui ne manque pas de piquant.
Nabil Ouali nous fait découvrir dans Le sphincter de l’œsophage un père et son fils qui sont loin de partager la même opinion sur la loi rendant obligatoire l’intégration du hasard pour savoir qui du père ou de la mère portera l’enfant à naître. Avec beaucoup de subtilité, nous suivrons les arguments et contre-arguments présentés au cours d’un repas avec de nombreux amis… Cette nouvelle fait clairement parti pour moi du trio de tête du recueil, la trame se déroule délicatement avec une chute que je n’avais pas prévue et qui est pourtant pas si imprévisible que cela 🙂
La Science-Fiction chinoise était à l’honneur cette année, avec notamment la venue de Hao Jingfang qui signe pour l’anthologie Pekin origami qui va nous entraîner dans un monde futuriste où 3 sociétés cohabitent. Lao Dao fait partie de la troisième zone, la plus pauvre, et passe ses journées à trier les déchets des deux premières zones. S’il est possible de monter dans la hiérarchie, cela se révèle compliquer. Lao acceptera une mission illégale pour pouvoir proposer plus à son enfant…
La réalité virtuelle « généralisée » se trouve au centre de la nouvelle d’Estelle Faye, Les Anges tièdes, dans laquelle une jeune fille va tenter de reprendre pied dans la réalité et pourquoi pas ne pas faire comprendre à tous l’importance que revêt la réalité réelle ? Fille des concepteurs de ce monde aseptisé, elle semble être la mieux armées.
Le suicide semble une issue enviable pour Bethany dans la nouvelle Les cristallines d’Ariane Gélinas, une autrice québécoise de talent. Au travers de cette nouvelle, la jeune femme sera peut-être amenée à reprendre goût à la vie en rencontrant notamment Kolyma.
Vous aimez les arbres ? Timothée Rey vous propose de découvrir dans Les arbres sont des gens comme les autres ce que pourrait donner une fusion entre un arbre et un homme. Dans cette nouvelle qui vous permettra notamment de constater les importantes différences entre la perception humaine et végétale… Avec une chute sublime !
Mickael Moorcock nous propose avec Les oiseaux lunaires de suivre Tommy un homme qui cherche à comprendre ce qu’il est arrivé à sa femme et ses enfants pendant que Guy Gavriel Kay nous propose deux sympathique poèmes.
L’Île close de Lionel Davoust fait référence dans un huis clos fort bien mené aux légendes arthuriennes… Comment les différents protagonistes vont se tirer de cette étrange île ? Je vous laisse découvrir qui donne un regard neuf…
La dernière nouvelle Le gnome qui voulut être fée est signée Audrey Alwett et nous permettra de voir à quel point on ne peut décidément se fier à personne. Il est ici question de différence et d’acceptation de l’autre, de la volonté de notre jeune ami gnome à se sentir appartenir à une communauté… Mais, quand ça veut pas, ça veut pas, et Audrey offre un bien étrange sort à ses personnages :D.
Tenez, je vous laisse un citation de cette dernière :
Mélissa eut l’air ennuyé. Elle était obligée de convenir dans le sens du racisme de bon aloi dans lequel on l’avait éduquée, mais elle devait aussi se dépêtrer d’un sentiment de reconnaissance prononcé.
Comme vous le voyez, une anthologie comprenant donc des textes très variés, tous d’une grande qualité même si j’indiquais que 3 d’entre eux sortent du lot pour moi, celles de Jean-Laurent Del Soccoro, de Nabil Ouali et d’Audrey Alwett pour des raisons totalement différentes.
ActuSF (Octobre 2017) – Collection 3 Souhaits – 326 pages – 15,00€ – 9782366298567
Le temps de lire cette anthologie, vous serez parti sur la Lune où survit la dernière colonie humaine après que la Terre s’est retrouvée sous la glace, vous aurez discuté de l’égalité hommes-femmes sur un sujet qui vous surprendra, vous vous serez opposé à un texte sur l’avortement, vous aurez renoué avec la légende arthurienne, vous aurez attendu le retour de l’amour de votre vie, découvert en avantpremière une auteur chinoise, et affronté la cruauté des follets et des gnomes.