Retrouvez l’actualité des littératures de l’imaginaire (Science-Fiction, Fantastique, Fantasy, et autre) ainsi que des interviews de celles et ceux qui les construisent.

Interview de Sylvain Neuvel

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Les robots ont toujours fait rêver les hommes et cela nous a valu dans notre jeunesse des séries de légende parmi lesquelles Goldorak tient une place particulière. Et de Goldorak il est question lorsque nous avons pu échangé avec Sylvain Neuvel, auteur de la trilogie des Dossiers Themis aux éditions du Livre de Poche.

Profitant de sa première visite européenne, durant les Utopiales, j’ai pu échangé avec l’auteur, d’une gentillesse et d’une sympathie qui fait plaisir à voir.
Vous découvrirez au travers de cet échange qu’il ne s’agit pas QUE de robot ;).

Bonjour Sylvain, et tout d’abord merci pour cette interview. J’ai envie de te poser en première question, puisqu’on ne te connait pas encore beaucoup en France, est-ce que tu pourrais te présenter ?

Bonjour Allan, merci de me recevoir. Je suis d’abord québécois, vous aurez deviné assez rapidement. Je suis l’auteur d’une trilogie de Science-Fiction publié au Livre de Poche qui s’appelle les Dossiers Thémis : le premier roman s’appelle le sommeil des géants, suivi de l’Eveil des Dieux et du tout dernier de la série qui est encore tout chaud Trop Humains.

Ce sont les mêmes titres en québécois, non ?
En fait, c’est le même titre en français partout et d’autres en anglais.

Comment présenterais-tu les Dossiers Thémis
C’est difficile. De temps à autre, on trouve un roman qui se décrit mal en une phrase. C’est beaucoup de choses.  C’est une histoire de premier contact avec une civilisation qui n’est pas la nôtre. C’est une exploration de ce que c’est d’être humain. C’est un thriller politique. C’est une chasse au trésor dans le premier, une quête des pièces d’une grande structure sans vouloir vendre le punch. Bref il y a un gros robot à la fin qui se reconstruit mais il faut en retrouver les morceaux. C’est beaucoup de choses en même temps. C’est un livre dont le format fait souvent parler : il est d’une certaine façon épistolaire. Il est présenté sous forme d’entrevues entre les personnages principaux et un interviewer mystérieux dont on ne connait pas le nom.

D’ailleurs, ce format met une dynamique, une rapidité dans le texte. C’est une volonté de mettre du rythme, du punch dans le scénario ?
Ouais. En fait, au début, l’idée pour ce premier roman est venue de mon fils : je venais de lui construire un jouet, mais il s’est mis à me poser des questions. Quelle sorte de robot ? Qu’est-ce qu’il fait ? D’où vient-il ? Est-ce qu’il a des pilotes ? Il voulait une histoire pour aller avec et je me suis donc mis à réfléchir à la chose. Puis, le prologue du premier livre m’est venu en tête : une petite fille qui marche dans la forêt et le sol s’effondre sous ses pieds : elle se retrouve perchée dans une main métallique géante. Au début, c’est ce que j’avais. Et je me suis mis à essayer de voir l’histoire sans savoir de quel point de vue ça allait être raconté. Je trouvais ça difficile de changer de point de vue à chaque chapitre mais en même temps, je ne voulais pas que ce soit toujours le même personnage qui parle et, à un moment donné, cet interviewer mystérieux m’est venu et rapidement il est devenu plus qu’un mécanisme littéraire : c’était un personnage très important dans la série. Mais oui, j’aime beaucoup jouer avec le rythme, j’aime les livres qui se lisent rapidement. C’est un roman que j’ai écrit pour moi avant tout.

Et pour votre fils ?
En fait, je l’ai écrit en anglais en premier et mon fils ne le lis pas. A l’époque, il ne lisait pas du tout : il avait 3 ans. C’est devenu très vite un roman pour adulte.

J’ai entendu, en ayant entendu la conférence (NdW : durant les Utopiales) sur les géants, que c’était un petit hommage à Goldorak ?
En fait l’idée de départ est venue en écoutant Goldorak, car comme tout mauvais père, je force mon fils à écouter des choses que moi j’ai aimé étant jeune. Il était vraiment trop jeune pour écouter Goldorak le pauvre : j’ai une vidéo de lui, à pas tout à fait 3 ans, où il connait le générique par cœur. C’est à la fois touchant et triste (rires). Mais, bref, j’ai écouté Goldorak : je me suis posé la question et me suis demandé ce qu’il se passerait si on découvrait dans la vraie vie, des artefacts laissés sur Terre il y a des milliers d’années par une civilisation. Ma première réaction a été de me dire qu’on ne le saurait pas. L’information serait gardée avec la CIA, ou avec n’importe quelle organisation secrète qui ne partagerait pas ça avec le public. Mais je me suis que ces gens-là, le travail qu’ils feraient, devrait laisser une trace : il y aurait des rapports, des dossiers, des entrevues. Des entrevues ? Ce que j’ai décidé d’écrire, c’est cette trace laissée par le projet top secret

comme tout mauvais père, je force mon fils à écouter des choses que moi j’ai aimé étant jeune.

Effectivement, dans le premier, on voit toute cette recherche et on voit que tout tourne autour de peu de personnages. Ça reste assez confidentiel comme histoire en fait, aussi parce que le gouvernement est impliqué, ça restreint et j’ai eu le sentiment qu’il y avait deux histoires très distantes : une avec des robots et aussi une beaucoup plus intimes entre les différentes personnages, les relations de couple, dans un contexte assez difficile. Ces deux dimensions étaient nécessaires ?
Il y a des échelles, même entre les robots et les humains. On a les mêmes choses dans l’histoire. Il y a tout ce qui est géopolitique aussi, il se passe des choses graves et importantes au niveau planétaire, à cause de cette découverte.

En même temps, on parle aussi de premiers contacts, même s’ils ne sont pas là, avec une civilisation extra-terrestre. Je voulais aussi que ce soit une histoire intime. Pour moi, un des thèmes importants dans le Sommeil des Géants était la nature humaine, comment on n’y échappe pas, peu importe les circonstances, peu importe la gravité de la situation. Ca vient d’une conversation au départ où on se demandait, par exemple, si un enfant naissait à Nagasaki le jour de l’explosion, est-ce que ce serait une bonne journée pour cette personne ? Ou une mauvaise journée ? On est obligé de dire que c’est une bonne journée à un moment, on est malgré nous centré sur notre micro-univers, dans lequel on navigue tous les jours et on n’a pas moyen d’échapper à ça.

Si notre femme nous laisse, pendant que nous sommes en train de sauver le monde, c’est le fait que notre femme nous ait laissé qui va prendre le dessus. Je voulais confronter les personnages avec leurs natures profondes, leurs petitesse si on veut le prendre au sens négatif. Explorer ce genre d’idées.
 

Pour moi, un des thèmes importants dans le Sommeil des Géants était la nature humaine, comment on n’y échappe pas, peu importe les circonstances, peu importe la gravité de la situation.

Ce qui m’a marqué aussi, c’est un événement anodin, une jalousie, qui va permettre de résoudre un grand problème de l’histoire : c’était trop facile que ça fonctionne directement ? En fait, c’est dramatique pour le personnage, sans divulgacher l’histoire, : c’est dramatique et drôle à la fois ce passage.
Oui, c’est difficile, le pauvre. Je lui fais passer un mauvais quart d’heure. Dans les trois romans en fait. De tous les personnages, Vincent est celui qui souffre le plus psychologiquement et physiquement. En même temps, il est entre la transformation psychologique que vivent ces personnages et dans le monde physique. Pour Vincent, la transformation se fait à plein de niveaux. C’est un intellectuel qui n’est pas habitué au travail physique, de relativement prétentieux, confronté à ses limites de toutes les façons possibles et la transformation se traduit même dans sa anatomie.

Le personnage qui est meneur, est une meneuse. Les femmes au centre de l’histoire aussi dans cette histoire entre la généticienne Alyssa, Kara et Rose, l’héroïne.
C’est drôle, parce que si je discute avec des lecteurs, presque tout le monde a une idée différente de qui est le personnage principal de ces romans. Pour moi, c’est l’histoire de Rose du début à la fin. Tout part de Rose, ça se termine avec elle aussi dans Trop Humains. Mais c’est son histoire. Je comprends, surtout après l’avoir écrit, que pour beaucoup de gens Kara va être le personnage principal, parce qu’elle prend beaucoup d’espace dans la vie comme dans le livre. Y a des gens qui voient étrangement Vincent comme le personnage principal du livre.

Mais en effet oui, je trouve ça toujours ça un peu étrange qu’on souligne que j’ai des personnages féminins dans mes livres à notre époque. C’est quand même étrange que ce soit quelque chose qu’on mentionne, qu’il y ait des personnages qui font partie des 50% de la population qui ne sont pas masculins.

C’est quand même étrange que ce soit quelque chose qu’on mentionne, qu’il y ait des personnages qui font partie des 50% de la population qui ne sont pas masculins.

 
Et pourtant, dans les littératures de l’imaginaire, même s’il y en a plus maintenant, cette une absence de femmes était remarquée. 
 On le voit, dans certains pays, sur Amazon, dans la catégorie Women Adventures ou similaires, c’est assez notable malheureusement dans l’état actuel de la SF pour qu’on en parle. C’est triste mais bon.

Ce qui est aussi marrant, c’était une des discussions qu’il y avait hier (NdW : aux Utopiales) : parce que c’est géant c’est mauvais, et au final, on se rend compte dans votre cycle que ce ne sont que des outils…
Il n’y a pas de méchants dans mes livres. Y ‘a des gens qui résistent, qui ont des désaccord. Alyssa voit le monde d’une façon différente mais quand on suit les événements du deuxième livre, on se dit que peut-être, d’un certain point de vue avait raison aussi. Elle fait les choses d’une façon plus drastique et moins humaine mais elle avait raison sur certains points. Nos visiteurs ne viennent pas avec de mauvaises intentions non plus.

Oui, j’ai été surpris. Il y a eu cette chasse au trésor. Dans le deuxième, on en apprend plus et surtout que ce n’est pas aussi simple que ça. Mais, finalement, quand on essaie de comprendre les objectifs et le pourquoi, on ne met pas le doigt dessus. C’est une raison, c’est une forme de protection ? Important de ne pas être trop manichéen ?
On parle ici d’une société qui est plus évoluée que la notre, au moins d’un point de vue technologique et je ne voulais pas leur donner toutes les qualités. Je voulais qu’ils aient aussi leurs propres problèmes sociétaux et les raisons pour lesquelles ils sont ici sont basées sur leur histoire. Elles  sont aussi tordues que les raisons pour lesquelles nous on fait des choses. Mais, j’aimais beaucoup plus le gris que le noir ou le blanc. Personne ne s’en sort indemne dans cette série : il n’y a pas de vrais gentils et je ne crois pas qu’il y ait de vrais méchants. Si on me le demandait, ce serait Ryan, le premier pilote, qui se retrouve rapidement dans une situation compliquée aussi, le principal méchant.

J’ai trouvé aussi une question de prédestinée pour Rose. On ne s’en rend pas compte tout de suite. Vous pensez que nos destins sont pré-écrits ou nous avons une marge de manœuvre ? On a du mal  à percevoir cette marge, on a l’impression qu’ils sont coincés dans leur quotidien.
Pour plein de raisons. La raison pour laquelle Rose joue le rôle qu’elle joue n’est pas vraiment ce qui est dans le premier roman. J’ai voulu en parler dans le deuxième et dans le troisième on en reparle encore pour lever un peu cet élément de prédestination parce que, une des raisons pour lesquelles elle est là, n’est pas un hasard. Ce n’est pas un hasard si elle étudie 20 ans plus tard la main géante dans laquelle elle est tombée étant petite.

Quand on lit, on voit tout ce poids du gouvernement derrière et de grands échanges : qui va contrôler le robot, est-ce que ce sera un état, l’ONU, une autre structure, militaire ou autre. Vous parliez de géopolitique, vous n’avez pas peur à un moment qu’on aborde la théorie du complot, de la conspiration en disant qu’on nous cache des choses ?
C’est intéressant la théorie du complot car ce n’est pas quelque chose qui vient me chercher mais je connais énormément de gens qui en mangent et j’ai essayé de leur donner de quoi croquer dans ces romans là aussi. Ce n’est pas pour rien qu’on se retrouve avec une base militaire sous l’aéroport de Denver parce qu’il y a quantités de documents sur internet sur tous les secrets derrière de l’aéroport de Denver. C’est phénoménal : ce sont des milliers d’heures de recherche que les gens ont mis la-dessus. Personnellement, j’ai du mal à croire aux complots parce que c’est la nature humaine qui limite la chose. Dans mon patelin, quand j’étais jeune, deux copains ont volé un guichet bancaire et ils se sont fait arrêtés par la police deux jours plus tard parce que les deux s’étaient vantés à quelqu’un d’autre : si deux personnes ne peuvent pas garder un secret, c’est difficile de construire quelque chose qui va demander des milliers d’intervenants qui vont réussir à ne pas en parler à l’extérieur de leur petit monde. Mais, c’est mon avis.

Personnellement, j’ai du mal à croire aux complots parce que c’est la nature humaine qui limite la chose.

J’ai vu une information : tu es identifié pour écrire des romans autour de Black Mirrors ?
Il y a un projet qui est en cours, qui est disons en ce moment sur la glace. L’idée de départ était de créer des romans, des collections de romans courts, trois romans courts par roman, dans l’univers de Black Mirrors . Pas basés sur des épisodes qui avaient été filmés mais dont certains pourraient être filmés par la suite.

Donc pas des novellisations mais des vrais romans ?
Oui. Puis, j’ai été approché avec Cory Doctorow et Claire North pour faire partie du premier volume. Malheureusement, on s’est rendu compte rapidement que la série est tellement populaire et les producteurs sont très impliqués. C’est vraiment leur bébé et ce ne sont pas les genres de personnes qui vont laisser n’importe qui faire n’importe quoi sans s’en mêler. On s’est rendu compte qu’ils n’avaient pas le temps de se consacrer à cela, du moins cette année. Donc pour l’instant, c’est en stand-by.

Ce qui est intéressant, le focus de Black Mirror, étant sur les conséquences de notre surconsommation, de notre usage des réseaux sociaux, … c’est typiquement la série télévisée qui montre le côté anticipation de la SF, le devoir d’alerte. Pour toi, est-ce l’objectif de la science-fiction ? Ou c’est d’abord une bonne histoire et si on peut glisser un message c’est bien ?
C’est je pense un mélange des deux. J’ai de la difficulté à me donner un rôle super profond dans la société parce que toute cette idée de donner des avertissements sur le futur et d’essayer d’informer, je le comprends et je le respecte. Je ne pense pas que comme créateur, ce soit nous qui apportons le changement, je pense que nous sommes le reflet d’un changement qui est déjà en train de se faire. Plus le signe de quelque chose qui existe déjà que la cause de quoi que ce soit. J’étais content et chanceux quand on m’a contacté pour Black Mirrors.

Avant que mon premier roman ne soit sorti, on m’a demandé une histoire courte pour Starwars qui fait partie de l’univers officiel de starwars, celui depuis le rachat de la licence par Disney (Films et livres depuis le rachat, et les histoires dans le magasine officiel de Starwars). J’ai mis ma petite brique, j’ai mon entrée avec mon nom dans Wikipedia et j’étais très fier.

Donc, du coup, ce sont tes premières Utopiales et même si je ne me trompe pas, ta première scène européenne.
C’est ma première scène européenne. Je visite souvent les Etats-Unis, le Canada et surtout le Québec. C’est ma première visite hors des Amériques, à l’exception de la Chine en début d’année. Mais c’est ma première visite européenne.

Et alors, qu’est ce que tu penses du festival ?
J’adore. J’adore tellement le contenu. Habituellement, je vais visiter beaucoup de Comic-Con et dans un Comic-Con, les conférences sont extrêmement pointues. Ca peut être assez gros pour chacun y trouve son compte mais pour le commun des mortels qui n’est pas vraiment un vrai méga-fan, ça devient plus difficile d’y trouver quelque chose d’intéressant alors qu’ici il y a du contenu scientifique : il y a plein de choses que mon fils aurait adoré voir même s’il aurait probablement rien compris. Je ne  connais personne qui n’aurait pas trouvé quelque chose d’intéressant dans le programme et c’est très rare.

J’ai vu que tu as fait des conférences sur les géants. Ca va être ta marque de fabrique ? 
Les géants et les robots géants. Ca me suit partout, pourtant, étrangement, pour quelqu’un qui écrit ce que j’écris, on est loin de Pacific Rim. Mais, pour quelqu’un dont les robots géants ne prennent pas une si grande place que ça, je pense que quelque chose dans l’image du robot géant est accrocheur et ça nous suit. J’ai fait une petite critique pour la couverture d’un livre de Peter Tieryas récemment, qui s’appelle Mecha samourai Empire. Il a écrit un livre, une suite d’un roman qui s’appelle The United State of Japan, et c’est en gros une vision de l’Amérique où le Japon et l’Allemagne auraient gagné la seconde guerre mondiale : une version nouvelle du Maître du Haut Château. Dans ces Etats-Unis dominés par le Japon, il y a une petite scène ici ou là où l’on parle d’un robot géant et tout le monde a accroché la-dessus et il y a un robot sur la couverture, malgré son envie. Il a écrit un deuxième roman qui n’est à peu près que du robot.

Tu as dans les tuyaux un nouveau roman ?
J’ai un roman en court, sans robot, qui sera publié en anglais en février qui est assez actuel. Il parle d’un test de citoyenneté en Angleterre avec une part de Science-Fiction qui se passe dans un futur rapproché pour toutes sortes de raisons. C’est techniquement de la Science-Fiction. Je suis très fier de ce livre et ai hâte que les gens puissent le lire et je suis en train de terminer les dernières retouches d’un premier roman d’une nouvelle série mais qui n’a pas encore d’éditeur.   On verra, selon le temps que cela prendra dans le monde de l’édition, ça ne devrait pas paraître en 2019, du moins ça m’étonnerait beaucoup. Alors je pense qu’on s’est dit pour le prochain roman pour 2020.

Notre tradition est de te laisser le mot de la fin
Le mot de la fin ? Est-ce que j’ai un mot de la fin ? Je déteste donner des conseils aux gens car j’ai toujours l’impression qu’on attend quelque chose de moi lorsqu’on me demande de parler et je n’ai pas de conseil à donner. Ceci dit, je dirai que dans le monde dans lequel on vit, soyez gentil les uns avec les autres. Trouvez une façon de faire du bien à quelqu’un et essayez de ne pas détester des gens que vous n’avez jamais rencontré.
C’était un conseil ça pour quelqu’un qui n’en donne pas, hein (rires)


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