Chris est mort dans un bête accident de voiture, un soir en revenant du cinéma. Au début, il n’a pas voulu l’admettre, et s’est cru dans un rêve. C’est idiot, mais comment faire la différence entre la réalité et le rêve. Les gens ne le voyaient pas, ne pouvaient lui parler et il passait entre les murs sans problème. Refusant l’idée de sa mort, il s’est réfugié dans le rêve, même si celui-ci était bien différent des autres, et malgré les exhortations de ces mystérieux intrus qui essayent de le convaincre de sa mort. Et pourtant, sa femme qui pleure, sa famille en deuil, son propre enterrement, les tentatives d’un médium pour entrer en contact avec lui. Rien ne réussit vraiment à le convaincre du fait qu’il n’est plus.
Quand, enfin, il appelle à l’aide, l’un des intrus lui apparaît et l’aide à accepter l’atroce vérité. Le voilà transporté à Summerland, ce qu’on peut appeler le Paradis, l’endroit où sont transportées les âmes qui ont atteint le terme naturel de leur existence physique. En attendant une réincarnation ou la montée vers un niveau de conscience supérieur, les âmes restent là et vivent. Vivent oui car si elles peuvent profiter de ce paradis, elles peuvent aussi travailler, aider, se cultiver, essayer de faire progresser leur âme vers l’unicité avec le créateur, qui n’est ni Dieu, ni Allah ni Yahvé ou une autre déité mais toutes en même temps. C’estlà qu’il retrouve Albert, un oncle mort alors qu’il était encore jeune. Mais c’est aussi là que la séparation avec Ann devient plus dure, d’autant qu’il apprend qu’elle ne le rejoindra que dans vingt-quatre ans.
Un livre qui semble inhabituel par rapport aux précédentes oeuvres de Matheson. Pour tout dire, avec une couverture aussi fade, un titre aussi mièvre, des proches ont cru que je me mettais aux Harlequins…Et l’histoire ne dément pas cette première impression, puisqu’il s’agitde l’histoire d’un homme qui, malgré sa mort, veut rester près de sa femme encore vivante. Au point que quand elle se suicidera, et de ce fait condamnée au purgatoire, il ira la chercher au risque de la perdre à jamais. C’est beau hein, romantique surtout, et différent de ce que j’attendais d’un Matheson.
Ce qui ne veut pas dire que c’est mauvais, différent avant tout. Comme le précise le 4e de couv, on fera bien évidemment le rapprochement avec lemythe d’orphée et d’eurydice, bien qu’on y trouve d’autres éléments. Car réduit à l’état de spectre, Chris cumule tous les stéréotypes de cette condition. Sans le vouloir, il perturbe les vivants, puis essaye de les contacter, sans jamais vraiment admettre qu’il est mort. C’est finalement un médium qui vient à son aide, mettant fin à son errance. Etape suivante logique, le paradis, proche finalement de ce qu’on décourira ultérieurement chez Werber ( qui le décrira moins bien). Vision idyllique, paradis, bonheur, tout ça, mais pas de discrimination religieuse et réincarnation des âmes. Très cliché au fond, pas mauvais, mais peu original.
Alors oui, il y a la quête de Chris parti secourir Ann égarée dans un monde transitoire, un monde sombre où errent les âmes en peines expiant leurs fautes. C’est un moment très dur à lire de par sa lourde charge émotionnelle, mais Matheson est quand même peu convaincant. L’histoire semble un peu surfaite,le héros réagit contre les évidences, change d’avis en quelques lignes, est très instable. La lecture en est perturbée, et perd en interêt. Pour les fans absolus de Matheson ou des histoires romantiques à souhait.
Flammarion – (1998)– 310 pages 18.00 € ISBN : 2-08-067688-1
Traduction : Hélène Collon
Titre Original : What Dreams may come (1978)
Dès leur première rencontre, Chris et Ann ont senti se nouer entre eux ce lien mystérieux qui unit les âmes soeurs. Et de fait, lorsque Chris meurt dans un accident de la route, il ne disparaît pas vraiment. Une seconde vie s’ouvre à lui dans un univers insoupçonné dont il n’a de cesse de communiquer l’existence à son épouse. Mais comment Ann pourrait-elle être sensible à ses messages d’espoir, elle qui ne croit pas à une après-vie ? Qui y croit si peu que même après s’être donné la mort, elle demeure séparée de son mari. Reste pour Chris à aller » au delà de nos rêves « , à réinventer pour son couple le mythe d’Orphée et d’Eurydice… Informé par tout ce que l’on peut savoir ou supposer sur le prétendu » sommeil de la mort « , un voyage fantastique aussi troublant qu’émouvant, porté à l’écran par Vincent Ward, avec Robin Williams et Annabella Sciorra dans les rôles principaux.
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