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Glyphes de Paul Mc Auley

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Il lui a suffit d’entrevoir furtivement ce tag sur une vitrine pourque tous ses vieuxsouvenirs remontent à sa surface : cet épisode douloureux après la mort de son grand père, lorsqu’il avait découvert un mystérieux parchemins, les séances de guérison à base de substances psychotropes avec sonpère, la mort de son père, et les crises d’épilepsie. Des crises inguérissables, et à l’origine inconnue des médecins. Et si ce tag est aussi puissant, c’est à cause du glyphe à partir duquel il est dessiné, une forme géométrique capable de faire réagir le cerveau humain, d’y provoquer des réactions inconscientes, et notamment de fasciner, comme celui-ci. Mais ils peuvent aussi tuer. Alors, Alfie Flowers essaye de retrouver la trace du taggeur, pour savoir s’il est bien un descendant de cette fameuse tribu irakienne, gardienne ancestrale des secrets des glyphes, et pour que son savoir ne tombe pas entre de mauvaises mains.

Mais il n’est pas seule sur la piste de l’artiste, dénommé Morph. Une femme, qui se prétend agent du très secret Nomad’s Club, tente elle aussi de retrouver sa trace, utilisant pour ce faire les services de détectives. Mais il y a aussi ce collectionneur, qui voudrait vendre ses oeuvres, et ce psychiatre,qui veut utiliser les glyphes pour asservir le monde.Glyphes qu’il connait bien, puisqu’il les a déjà utilisés pour provoquer une catastrophe humanitaire en Afrique. Mais ceux de Morph sont plus puissants, bien plus destructeurs. Londres devient un immense terrain de jeu pour ces différents protagonistes aux motivations divergentes mais au but commun : mettre la main sur Morph.

Assez peu connu en France en dépit de ses nombreuses traductions, Paul Mc Auley nous livre ici un excellent roman, à mi-chemin entre le roman d’espionnage et le roman fantastique, mâtiné d’une bonne dose d’anthropologie et d’histoire. Glyphes nous entraine jusqu’aux origines de la civilisation sémite, à une époque où les glyphes, des dessins dotés du pouvoir de faire réagir le cerveau humain, dominait la vie culturelle et religieuse. Exhumés par hasard de traditions ataviques en voie de disparitions, ils sont recherchés par des gens aux intentions explicites : s’en servir pour asservir l’humanité.

Evidemment, un tel dessein se prépare, tout comme le roman prend son temps pour nous présenter les personnages, mettre en place les mécanismes dramatiques et installer un suspense nous tenant en haleine. Alfie Flowers tient le rôle principal, et c’est à partir des flashbacks et des conséquences de la vision d’un glyphe durant son enfance, que l’auteur nous entraine dans cette aventure. On se retrouve alors avec un Alfie Flowers, photographe indépendant de son état, tiraillé entre une mystérieuse société secrète de gentlemen, un patron de galerie peu embarrassé par les scrupules et des traqueurs de glyphes, tous lui étant liés d’une façon ou d’une autre.

Et c’est alors un immense jeu de cache-cache qui commence, d’abord avec le mystérieux Morph, ensuite avec ceux qui veulent s’emparer des glyphes à des fins mauvaises. Le tout d’abord à Londres, puis au Moyen-Orient, et plus précisément en Irak, alors que le régime de Saddam Hussein vient à peine de tomber et que les braises de la guerre sont encore vives. Les accrochages entre protagonistes se multiplient, les retournements de situations sont nombreux, et alors qu’on croit le dénouement proche ( bien que l’épaisseur restante dise le contraire), tout est soudain bouleversé et il faut alors recommencer. De la patience, il en faudra aux héros pour venir à bout de leur quête, alors que lecteurs auront surtout besoin de café, car il sera très dur de refermer le livre. Le suspense est vraiment terrible, d’autant qu’un antihéros comme Alfie réussit à nous amuser et à nous séduire.

Sans être exceptionnel, Glyphes est un bon bouquin, qui se base sur une idée originale, qui sort des sentiers battus avec ces figures entoptiques hostiles mais fertiles en situations embarrassantes. Un livre très documenté et interessant au niveau historique, qui nous entraine dans une aventure palpitante et qui gagne en intensité progressivement.

Robert Laffont Ailleurs et Demain (2007)470 pages 22.00 € ISBN : 0-7432-3887-7
Traduction : Bernard Sigaud
Titre Original : Mind’s eye (2000)

Couverture : J.Paternoster

Lorsque Alfie Flowers, un photographe, entrevoit un graffiti sur la vitrine d’un restaurant jamaïcain, il subit une secousse mentale et se souvient d’un épisode douloureux de son enfance.
Après la mort de son grand-père, il avait exploré son bureau et découvert un rouleau de papier porteur d’un dessin énigmatique. Alfie s’était évanoui, et depuis il souffre d’une épilepsie mineure que rien n’a pu soigner.
Quelles sont ces formes? Des glyphes qui ont le pouvoir de fasciner et de contrôler les cerveaux humains ? Et d’où peut bien venir l’auteur du graffiti signé Morph ? Alfie part à sa recherche dans l’espoir de comprendre ce qui lui est arrivé dans son enfance, et peut-être de guérir.
Mais il n’est pas le seul lancé à la poursuite de Morph. Car la puissance des glyphes suscite bien des convoitises du côté de services spéciaux comme du côté de certaines entreprises. Alfie Flowers, au péril de sa vie, devra aller chercher des réponses jusque dans le nord de l’Irak, là où son grand-père avait mené des recherches archéologiques, et sonder des rites plus anciens que l’Histoire


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