Retrouvez l’actualité des littératures de l’imaginaire (Science-Fiction, Fantastique, Fantasy, et autre) ainsi que des interviews de celles et ceux qui les construisent.

Changements de Plans d’Ursula K. Le Guin

,

Service de Presse

S’il fallait encore une preuve que l’oeuvre de Ursula K. Le Guin est immanquable, Changements de plans est définitivement la réponse. Les éditions du Bélial ont donc décidé de nous proposer ce recueil de nouvelles dans la collection Kvasar, sous une magnifique couverture d’Aurélien Police et des traductions majoritairement de Mélanie Fazi, exception faite de Les voltigeurs de Gy (traduite par Pierre-Paul Durastanti. Au travers de ce recueil, c’est tout le talent d’imagination de l’autrice qui ressort ici…

Voyager dans les différents plans…

Tout commence par la découverte de Sita Dulip. Alors qu’elle était dans cette zone floue de l’aéroport, celle où vous êtes en pleine correspondance, sans trop savoir quoi faire, sans pouvoir faire grand chose finalement, Sita Dulip a fait un bond vers un ailleurs. Un ailleurs qu’elle ne connaissait pas. Essayant plus tard de reproduire le sentiment qu’elle avait – entre ennui et indigestion – elle a réussi à systématiser cette méthode de voyages.

Nous sommes une bouillie génétique. Quand nous plantons du maïs, il pousse sous la forme de trèfle. Quand nous plantons un chêne, il pousse un sumac de l’Ouest de quinze mètres de haut avec un tronc de trois mètres de diamètre. Et que nous faisons l’amour, nous ne savons pas si nous allons avoir un bébé, un poulain, un cygneau ou un jeune arbre

La Bouillie d’Isladc

Et voici donc que nous partons à travers une quinzaine de thème qui vont nous permettre de découvrir des mondes étranges, des extra-terrestres originaux et toujours autour de thématiques sociétales.

Il est à noter que ce recueil de 2003 a obtenu le prix Locus en 2004 !

… et découvrir de nombreux mondes !

Le premier voyage nous mène ans La Bouillie d’Isaac et un monde où la manipulation génétique a totalement transformé la société. En bien ou en mal, je vous laisse le découvrir, mais j’avoue que je laisserai une mention spéciale aux ours à livres que je ne souhaiterai absolument pas rencontrer !

A peine avons-nous quitter cet étrange monde qui semble ne pas annoncer les meilleures choses pour notre avenir, que nous rejoignons Le silence des Asonus. La question abordée ici est cette forme de rejet de l’autre, poussée à l’extrême par un refus de communciation qui est totalement contrebalancée par L’hospitalité Hennebètes qui va interroger notre voyageuse sur l’âme !

Bien sûr, tout n’est pas rose et Le courroux des Veksi nous montre un monde dur, très dur même, où le rapport de force est l’élément qui nous définit au sein de la société. Autant dire que la lâcheté n’a pas sa place.

La question de la tradition et de l’héritage est au coeur de l’histoire dans Les Saisons des Ansarac, une des nouvelles qui m’a le plus interpellé : trois fois dans leur vie (les Saisons), les habitants et habitantes de ce monde font un voyage extrêmement long durant lequel nombreux sont les personnes à rester sur le bord de la route.

Il existe de nombreuses traces sur le plan des Nna Mmoy de ce que les gens de notre plan appellent civilisation, terme que nous employons généralement, ces jours-ci, pour désigner une économie capitaliste et une technologie industrielle fondée sur l’exploitation intense et exhaustive des ressources aussi bien humaines que natulles

La langue des Nna Mmoy

Autre plan avec Le rêve social des Frines où les rêves sont partagés et rien n’échappe à personne. Ce mode de fonctionnement a nécessairement un impact sur la société Frinerienne (?) .

Je ne vais pas vous les partager dans le détail… Sachez que chacune des nouvelles auraient pu être développée plus largement, laissant votre imagination prendre le pas.

Certaines nouvelles sortent pour moi du lot. C’est le cas pour moi de L’île de l’éveil où l’on fait très peu de cas des personnes servant à l’expérimentation de la perte de sommeil. Intéressant de voir jusqu’à quel point un scientifique est près à aller plutôt que de reconnaître la fausseté de son hypothèse. Ou là vacuité des actions que vont mener les Aq vis à vis des Daqo dans Le Bâtiment. Et celle qui m’a semblé la plus terrible finalement, L’île des immortels qui, pourtant, aborde un thème bien connu.

Bref, le récit d’Ursula K. Le Guin m’a bien fait voyager et mériterait qu’on s’y penche plus longuement tant l’imagination de l’autrice semble sans limite !

Editions du Bélial (27 février 2025) – 267 pages – 22,90 € – 9782381631639
Traduction : Mélanie Fazi, Pierre-Paul Durastanti (Etats-Unis)
Préface : Karen Joy Fowler
Illustration de couverture : Aurélien Police
Illustrations Intérieures : Eric Beddows

Aimeriez-vous rencontrer les Asonus, eux qui ont fait du silence un art véritable ? Ou le fragile peuple ailé de Gy. À moins que vous ne préfériez découvrir les mystères des Nna Mmoy, qui s’expriment dans une langue proprement insaisissable ? Ou bien encore les Frines, dont les rêves s’e­ntremêlent…


Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.