Les éditions Denoël nous proposent de découvrir, en ce mois de mai, le nouveau roman de Chris Vuklisevic Du thé pour les fantômes, une histoire étrange et dont la construction pourra surprendre. Même si le thé et les fantômes sont bien présents, ce n’est pour autant pas le cœur de l’histoire…
Une histoire rapportée…
Tout commence pour nous à Nice où notre narrateur nous prévient qu’il faut pas forcément croire tout ce qu’on voit. Cela prend du sens puisque nous sommes dans un salon de thé ou personne – à part lui-même – n’est présent mais où, malgré tout, de nombreux clients sont là… Vous l’aurez compris, il s’agit de fantômes qui peuvent prendre du thé.
Pourtant, ce n’est pas l’histoire du bar que notre accompagnant veut conter mais l’histoire d’une étrange famille, l’histoire de deux sœurs et de leurs parents, une histoire que nous allons voir se déployer tout au long du récit… Ces deux sœurs ont une histoire particulière : filles de berger, l’aînée, Félicité, a toujours été la préférée de sa mère alors qu’Agonie, n’a du sa survie qu’à la pitié de la sage-femme qui n’a pas voulu la laisser mourir.
Sans que nous n’en connaissions l’origine, chacune des filles a des pouvoirs : celui de parler aux fantômes pour Félicité, et un étrange pouvoir de destruction pour Agonie, qui porte définitivement bien son nom… L’histoire entre les deux filles et leur mère est loin d’être simple et le décès de leur génitrice mettra fin à trente ans de silence entre les deux femmes. Elle voudront comprendre ce qui s’est passé, de quelle façon elle est morte et ce que sont ses derniers monts
… dans un déroulé déstabilisant
Si l’histoire est intrigante et l’approche originale, je dois avouer avoir été complètement déstabilisé par l’organisation des chapitres, les incessants va et vient entre présent et passé, entre les différents lieux et les formes parfois étranges du texte. Le texte n’est pas linéaire, les vies longues, les pouvoirs étranges et ces incessants changements d’époque m’ont par moment perdus… Alors je me suis accroché parce que le texte avait une originalité, une énergie ou un je-ne-sais-quoi qui m’y a incité…
Nous comprenons très vite que le cœur de l’histoire est cette relation familiale entre la mère, récemment disparue, et ses deux filles Félicité et Agonie. La relation entre ces deux dernières s’est par ailleurs distendue, année après année, du fait de rejet que subi la cadette. Qu’est-ce-qui peut conduire une femme a renié sa propre fille ?
C’est toute la question qui nous ai posé, tout au long du récit, dans une recherche profonde de l’histoire de cette famille clairement dysfonctionnelle qui semble hériter de pouvoirs puissants… Notamment celui d’agonie, qui expulse à chaque parole des monceaux d’insectes qui vont ravager l’environnement dans lequel elle se trouve.
Le récit que nous propose Chris Vuklisevic est définitivement original et intriguant, intime dans la relation qu’il nous propose avec ces personnages. Un roman atypique.
Denoël (03 mai 2023) – Lunes d’Encre – 448 pages – 9782207169933
Agonie est sorcière. Félicité, passeuse de fantômes.
Le silence dure depuis trente ans entre ces deux filles de berger, jusqu’au jour où la mort brutale de leur mère les réunit malgré elles.
Pour recueillir ses derniers mots, elles doivent retrouver son spectre, retracer ensemble le passé de cette femme qui a aimé l’une et rejeté l’autre.
Mais le fantôme de leur mère reste introuvable, et les témoins de sa vie, morts ou vivants, en dessinent un portrait étrange, voire contradictoire.
Que voulait-elle révéler avant de mourir ?
Qui était vraiment cette femme fragmentée, multiple ?
Leur quête de vérité emmènera les sœurs des ruelles de Nice au désert d’Almeria, de la vallée des Merveilles aux villages abandonnés de Provence, et dans les profondeurs des silences familiaux.
