On a coutume de penser que sans Gérard Klein, la SF en France ne serait pas ce qu’elle est ; auteur mais aussi directeur des collections Ailleurs et Demain de Robert Laffont et SF du Livre de Poche, Gérard Klein vient de participer à l’élaboration de Sociales Fictions aux Editions du Bréal pour lesquelles il a choisi des nouvelles en rapport avec des thèmes socio-économiques contemporains… Occasion inespérée pour nous de lui poser quelques questions…
Allan : Avant de parler de votre dernier recueil Sociales Fictions paru aux éditions Bréal, j’aurais voulu que l’on parle un peu de votre carrière et je voulais savoir ce qui vous a mené à l’écriture de SF à une période où elle n’était pas encore très développée ?
Gérard Klein : Rien de particulier, sinon la lecture de textes de sf, sans doute moins nombreux qu’aujourd’hui mais qui se multipliaient avec l’apparition de Galaxie, de Fiction, du Rayon fantastique, de Présence du Futur, d’Anticipation au Fleuve Noir.
Allan : Avez-vous des écrivains qui vous ont marqué et poussé vers cette carrière ?
Gérard Klein : Non mais j’ai été influencé par Bradbury à mes débuts.
Allan : Votre premier texte publié date de 1955, une nouvelle Une place au balcon dans Galaxie ; quel effet cela fait-il d’être publié la première fois ? et question qui en découle : est-ce toujours le même sentiment à chaque parution ?
Gérard Klein : Un certain étonnement puisque personne ne m’avait prévenu. Une satisfaction, évidemment.
Après, c’est différent.
Allan : Vous n’êtes pas seulement écrivain mais aussi éditorialiste et directeur de deux collections SF : la collection Ailleurs et Demain de Robert Laffont et la collection SF du Livre de Poche. Qu’est ce qui vous attire dans cette partie de l’édition ?
Gérard Klein : Il faut bien que quelqu’un fasse sérieusement le boulot.
Allan : Beaucoup disent que la SF en France ne serait pas ce qu’elle est actuellement sans vous : acceptez vous cette responsabilité ?
Gérard Klein : je ne vois pas comment la refuser.
Allan : Parlons maintenant de Sociales Fictions qui nous permet de discuter autour de problèmes sociologiques et économiques actuels en se basant sur des nouvelles de SF : comment vous en est venu l’idée ?
Gérard Klein : Ce sont les éditions Bréal qui en ont eu l’idée et tout spécialement Nolwenn Tréhondart. J’ai trouvé que c’était une excellente idée. Je rencontre souvent des enseignants qui se plaignent de n’avoir pas assez d’anthologies qui leur soient destinées? Et compte tenu de la vocation prospective d’une partie de la science-fiction il y avait quelque chose à faire sur l’avenir, les sciences humaines et la science-fiction. Je suis économiste avec une certaine spécialisation dans la prospective et l’idée m’a semblé toute naturelle. J’ai donc accepté sans hésiter et je crois que nous avons bien travaillé, Nolwenn Tréhondart, l’éditrice, les rédacteurs et moi-même.
Allan : Pour moi, cette idée permet de sortir la SF de son carcan de sous-littérature populaire et permet de montrer que ce genre aussi peut nous aider à réfléchir sur notre société ou sur celle que nous créons : était-ce pour vous le but recherché et pensez vous que la SF (tout comme les autres genres de l’imaginaire – fantasy et fantastique) arrivera à sortir de cette « étiquette » ?
Gérard Klein : Je trouve stupide de penser la sf comme une sous littérature populaire. C’est une littérature plutôt difficile et par là elle rebute une partie de nos contemporains. Traitant principalement de l’avenir, elle réfléchit, au moins pour une part, depuis ses origines, à l’avenir des sociétés. Quant à l’enfermer dans un carcan, c’est vous qui le faites en répétant sans réfléchir les étiquettes et sottises habituelles. je suis excédé de voir des amateurs supposés de ces littératures se battre les flancs alors que pratiquement plus personne ne néglige ces littératures.
Allan : Le choix des nouvelles est particulièrement bien trouvé, leur qualité étant irréprochable, mais comment avez-vous effectué le choix : aviez vous la liste des thèmes qui devaient être traités et vous avez cherché les nouvelles qui s’y rapprochaient le plus ou bien avez vous choisi les nouvelles puis discuté après des thèmes auxquels ils se rapportaient.
Gérard Klein : Merci pour votre appréciation du choix des nouvelles. Il était en effet difficile. Nous disposions du programme des classes terminales du secondaire ce qui l’a orienté. Les rédacteurs ont été libres de leurs commentaires, dans le même cadre. Je pense que l’intérêt de cette anthologie est d’amener des jeunes à réfléchir et à approfondir certaines idées à partir de textes agréables à lire. Je suis parti pour l’essentiel de la Grande Anthologie de la science-fiction, publiée au Livre de Poche et malheureusement épuisée(sauf je crois les Histoires de l’an 2000. deux textes ont été pris ailleurs, le J.P. Hubert et le W. Gibson pour donner à l’anthologie une allure un peu plus récente et augmenter le nombre des français.
Allan : Comment s’est déroulé concrètement le travail avec vos collègues ?
Gérard Klein : J’ai fait la sélection et ils ont travaillé à partir de ces textes. Nolwenn Tréhondart a beaucoup travaillé avec eux, avec une patience remarquable car ils ont été un peu long à accoucher..
Allan : Cette initiative est à mon avis à renouveler… Y a-t-il déjà une « suite » de prévu ?
Gérard Klein : Pourquoi pas, mais cela dépend entièrement de l’accueil fait à celle-ci. Si le public l’achète, nous pourrons lui donner et pourquoi pas plusieurs suites. Le lecteur ne doit jamais oublier que quand il achète un livre, il vote en quelque sorte sur sa qualité.
Allan : Revenons maintenant à vous ; va-t-on pouvoir vous lire à nouveau bientôt ?
Gérard Klein : Vous verrez bien.
Allan : Quel regard portez vous sur la production actuelle des littératures de l’imaginaire française ? Quels jeunes auteurs français vous ont marqué ?
Gérard Klein : Lisez le dernier numéro de Bifrost. Je réponds pratiquement à cette question.
Allan : Quels sont vos projets proches ?
Gérard Klein : Je n’ai pas l’habitude de les livrer et encore moins de les commenter.
Allan : Si vous avez eu le temps de jeter un Œil sur notre humble site, qu’en avez-vous pensé ?
Gérard Klein : Je n’ai pas encore eu ce loisir.
Allan : Que pouvons nous vous souhaiter ?
Gérard Klein : Le bonheur, la longévité, la richesse. Pour le reste, je m’en charge.
Allan : Merci encore d’avoir accepté de répondre à nos quelques questions
Gérard Klein : Merci d’avoir lu mes réponses.
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