Réalisée par :mail
Date :avril 2006
A loccasion de la sortie de Necromancien aux Editions Mnemos le mois dernier, Robert Holdstock a accepté de répondre à nos quelques questions : vous pouvez retrouver linterview – en anglais – Là
Allan : Avant de parler de vos écrits et de vos projets, il nous est devenu habituel de demander une petite présentation de lauteur et de son parcours : acceptez vous de le faire ?
Robert : jai commence à écrire de la science fiction et des histoires de fantômes avant mon adolescence, grandement inspiré par mon grand-père (in bon narrateur). Jai exercé dans la recherche médicale, dans le domaine des parasites et de limmunologie, mais ai trouvé cela trop laborieux. Javais les idées mais pas la patience pour les expérimentations. Je suis devenu écrivain de profession en 1975 : la nouvelle qui ma fait percée en 1984 fut la forêt des Mythagos, ce qui a coïncidé avec la fin de mon premier mariage et le début du second. Jai toujours voulu traverser les genres, et la majorité de mes écrits tentent de le faire. Les origines des mythes et lessence de la conscience, et sa première formation, me fascine. Ces deux domaines de réflexion permettent le croisement des genres. Jai commencé en étant fasciné par le futur lointain. Maintenant, je suis fasciné par le lointain passé tout autant. La curiosité est une mesure de notre force vitale en tant quespèces ; notre frustration de savoir que nous naurons pas toutes les réponses durant notre vie est une mesure de notre permanence en tant quespèce. Nous devons résister à la satisfaction de la “foi sans visibilité” à tout prix
Jai vécu à Londres durant 21 ans, alors que mon cur et mon imagination reste fermement ancrer à la campagne. La plupart de mes écrits prennent place dans les paysages de mon “boyhood” : les marais de Kent, les forêts de Kent et du sud est. Maintenant, jemploie des endroits plus exotiques. Limagination, et le magasine National Geographic, sont des guide merveilleux pour dautres mondes.
Allan : LAngleterre est connue pour ces auteurs de fantasy de renommée internationale : quels sont les auteurs qui tont marqué ?
Robert : Quand jétais jeune, jai lu H.G. Wells et Jules Verne. Surtout H.G.Wells la machine à remonter le temps, le premier homme sur la lune, et la guerre des mondes. Jai été considérablement influencé par la série télévisée Quatermass. Jai aussi lu tellement de Science Fiction que jai du mal à croire que jai trouvé autant de temps pour le faire. La plupart du temps des auteurs américains. Mais quand jai découvert William Golding, Keith Roberts, Brian Aldiss et Michael Moorcock, jai trouvé le plaisir et linfluence dun écrit plus visuel. Je suis un écrivain visuel. Des films mont influencé ; les écrits visuels mont influencé. Je lai déjà dit avant : quand jécrit un livre, Sergeo Leone le dirige ! (Et parfois Clint Eastwood ou Ridley Scott).
Allan : Quand on regarde tes écrits, on sent que la culture celtique et ses mythes sont omniprésents : pourquoi cet intérêt pour cette période ?
Robert : Il ma souvent été dit que jécrivais des “mythes britanniques”. Cest faux. Jécris des mythes européens. En fait, jécris sur les origines de la mythologie. Tout ce qui est “mythique” en Grande-Bretagne a une origine plus ancienne et plus profonde. (Regarder la prochaine édition chez Denoël de Ancient Echoes). Oui, pour être sur, je connaîs les mythes anglais mieux, mais mon intérêt a toujours résidé dans la connaissance des très très anciennes racines de toutes les facettes des mythologies ou des folklores. Quand les premiers humains sont venus dAfrique, ils ont amenés des histoires orales, une mémoire, une expérience, des peurs et une fascination avec eux.
Tout a un début, et je suis profondément intéressé par la nature de ces débuts.
Allan : Quel est ton “histoire” personnelle avec les celtes pour faire autant de livres sur le sujet ?
Robert : Il est difficile de répondre à cette question. Je suis devenu à lécoute des éléments héroïques de lage de fer lorsque je me suis marié à une femme Irlandaise, qui ma montré tous les ancients sites des royaumes irlandais. Jai aussi découvert aussi la magnificience des âges plus anciens. Jai lu les Comptes gallois (Madinogion), lépopée celtique irlandais (Cattle Raid or The Tain, the tales of Cu Culainn) et jai découvert à quel point la culture celtique avait été répandue à travers lEurope avant linfluence dévastatrice de linvasion en 55 Avant JC et suivant. Je pense que je suis fasciné par lidée de système de coryance les dieux et les rituels des “celtes” ; je suis un romantique, plus que les peintres et les poetes du 19ème siècle qui était romantique au sujet des civilisations perdues (même si elles nont jamais été réellement perdues).
Allan : Luvre qui permit en France de te découvrir fut la forêt des Mythagos
Laction est centrée sur une forêt et sur les mythes qui ressortent de cette forêt
Ce travail est-il maintenant finie pour commencer et quest ce que représente pour toi la forêt des Mythagos ?
Robert : Non, le travail sur Mythago ne sera jamais totalement achevé. Je mourrais (pas maintenant) avec une idée dans la tête. Tout auteur a besoin dun chemin pour explorer ses passions ; un monde créé qui est vaste et toujours près pour dautres explorations est un moyen merveilleux de le faire. Il ny a rien de nouveau dans lidée dune forêt enchantée.Mais la forêt de Ryhope, et les créations qui en découlent une combinaison de linconscience humaine et de la mémoire de la terre sont miennes, et totalement personnelle. La Forêt des Mythagos est une prospection de linfini, lesquelles existent uniquement comme des croquis léger pour des peintures ultérieures
Allan : Après les légendes celtiques vous vous êtes aussi “attaqué” au mythe de Merlin présentant un visage différent du célébrissime magicien : est-il important de renouveler le genre ?
Robert : Merlin est comme le principe dIncertitude de Heisenberg. La nature de sa vie ne devient clair que lorsque vous ouvrez la boite et que vous jetez un il sur lui. Chaque fois que vous ouvrez la boite, vous en trouvez un différent. Merlin existe dans une infinité “détats”.. Il est exactement ce que vous voyez dans votre esprit, dans votre imagination. Il parle différents mots, parle dune vie différente, sadaptant à lobservateur qui lenregistre. Il est omniprésent et incompréhensible. Nous sommes tous Merlin. Merlin est une partie de chacun.
Merlin is like the Heisenberg Uncertainty Principle. The nature of his existence only.
Allan : Alors entre les mythes celtiques et les légendes arthuriennes, on pourrait penser que tu voues un véritable culte à notre histoire : quel est ton rapport avec la France et quelle vision en as-tu ?
Robert : Jai toujours aimé la France. Jaime son histoire, particulièrement la récente. Ok. Ok. Jaime surtout son histoire paléolitique (Le Périgord). Je ne suis jamais rassasié de ce pays. Que dire de plus ? Nos traditions sont très fermées, particulièrement les britanniques.
Allan : Dailleurs, au vu de ta connaissance, je suppose que tu dois fréquemment nous rendre visite : où a-t-on une chance de te voir ?
Robert : Bien, oui. Jai des amis partout en France. Ma femme et moi avons un “point de chute” en Provence et à Beaugency, Rouen et Burgundy. (jespérait pouvoir me permettre des vins de Meursault ; hélas, hélas.) Jai proposé de venir à Paris dès que je peux. Après la publication des Bois de Merlin (chez Mnemos). Jai promis à mon excellent agent, Ann Lenclud un “véritable déjeuner anglais” pour la remercier pour son travail. Jai toujours honoré mes dettes !!!
Allan : Concernant Nécromancien, ta dernière parution française, jaimerais dabord te demander quel est ton ressenti quant à la lenteur des traductions ?
Robert : Il ma fallu beaucoup de temps pour être traduit en français. La forêt des Mythagos a été traduite il y a longtemps maintenant (merci à Patrice Duvic), mais toutes les tentatives pour faire traduire mon travail avant furent vaines, malgré tous les efforts de mon traducteur et ami écrivaine Marianne. Ce qui sest passé à mon avis, est que les temps changent, les goûts changent, et parfois les vieilles histoires, non populaires au moment de la publication, deviennent plus intéressantes ensuite. Jai travaillé longuement et durement sur Necromancien en 1978. Cétait une tentative de combinaison entre “locculte” et la “science”, quelque chose qui ma intéressé pas mal de temps. Cela inclut notamment ma passion pour le passé oublié et ancien. Tout ce que je peux dire cest que je suis vraiment enchanté dêtre plus connu en France, et que ce fut une vraie et merveilleuse expérience de travailler avec ma traductrice Sandra Kazourian
Allan : La pierre en cause dans ce roman, date de lépoque celtique et est apposée à une église
Cest une volonté de donner une “revanche” aux religions celtiques ?
Robert : Si vous regardez lédition Denoël de mes histories, Dans les Vallées des Statues, vous trouverez Thorn. Ce texte explore le thème de la ” persistance de la croyance pre chrétienne” dune manière très complète. Nécromancien suggere quil y a un pouvoir surnaturel de tous les âges, de tous les temps, de toutes les cultures. La pierre, comme tu las dit, à un très ancien pouvoir qui lui est associé. De la même manière que la chrétienté a voulu “christianiser” les vieux dolmens ou les sanctuaires, cette pierre de sacrifice a été intégré à un font baptismal catholique. Mais les baptêmes est simplement une forme de sacrifice. La fonction de la pierre na pas changé, seulement la façon dont elle est utilisé. Je suppose que jai exploré la voie par laquelle une religion peut effrayer une autre, peut devenir impuissante à cause de cette peur. Je me souviens que javias essayer de raconter lhistoier de Françoise Jeury, la française “psychique”, avec cette histoire de font. La pierre et la femme sont tous deux un affront à la normalité. Necromancien est un titre convenable ; il suggere que nous navons pas besoin délever les morts ; les morts sont toujours parmi nous de par leur persistance de leur puissance, et de par les rituels, dans la mémoire.
Allan : Notre scientifique est particulièrement abject dans sa façon de traiter les gens ; un scientifique doit-il obligatoirement avoir des problèmes de communication avec ses contemporains à vos yeux ?
Robert : Non. Pas du tout. Je suis moi-même un scientifique. La Science, et la recherche de la connaissance, sont les plus grands et importants aspects de lesprit humain. Je suis en colère contre la religion, à cette période de ma vie, toutes les religions ; pour labandon du sens commun et la façon dont elles interfèrent avec lexploration de linconnu, la recherche du savoir et de la vérité. Tous les êtres humains sont des chats potentiels ; curieux. La curiosité ne nous tue pas, la croyance aveugle si. Mais jai donné ces caractéristiques à mon scientifique pour les besoins dramatiques, non à cause dun état de fiat du savoir et de la vérité. Kline le scientifique est de mes plus grand héros. Françoise, la psychique, une de mes héroïnes favorites. Je crois en la science, non au surnaturel ; mais je crois que cette croyance dans le surnaturel set une partie de lévolution naturelle de lesprit humain et quil doit être étudié en conséquence
Allan : Quécris-tu actuellement ?
Robert : Le troisième volume du Codex de Merlin : les Rois Brisés. Un livre vraiment difficile à écrire. Une histoire radicalement différente de Celtika, mais une qui, je lespère, expliquera de nombreuses choses. Elle prend place, essentiellement, dans lancienne Crête
Allan : Quels sont tes projets ?
Robert : Jai toujours dautres projets. Un autre livre sur Mythago, certainement, et quelque chose qui devrait être très cher au cur des fans des légendes françaises.
Allan : Nous as-tu rendu visite et si oui quavez-vous pensé du site ?
Robert : Grand site.
Allan : Que peut-on vous souhaiter ?
Robert : Continuer à avoir de limagination. Et surtout, ne changer pas lart de vivre français !
Allan : Le mot de la fin sera :
Robert : Le passé nest pas un pays étranger. Nous avons tous fait les même choses. Chacun dentre nous et tous, est un dépôt des connaissances et expériences oubliées