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Interview : Robert Holdstock

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A l’occasion de la sortie de Necromancien aux Editions Mnemos le mois dernier, Robert Holdstock a accepté de répondre à nos quelques questions : vous pouvez retrouver l’interview – en anglais – Là

Allan : Avant de parler de vos écrits et de vos projets, il nous est devenu habituel de demander une petite présentation de l’auteur et de son parcours : acceptez vous de le faire ?

Robert : j’ai commence à écrire de la science fiction et des histoires de fantômes avant mon adolescence, grandement inspiré par mon grand-père (in bon narrateur). J’ai exercé dans la recherche médicale, dans le domaine des parasites et de l’immunologie, mais ai trouvé cela trop laborieux. J’avais les idées mais pas la patience pour les expérimentations. Je suis devenu écrivain de profession en 1975 : la nouvelle qui m’a fait percée en 1984 fut la forêt des Mythagos, ce qui a coïncidé avec la fin de mon premier mariage et le début du second. J’ai toujours voulu ’traverser les genres’, et la majorité de mes écrits tentent de le faire. Les origines des mythes et l’essence de la conscience, et sa première formation, me fascine. Ces deux domaines de réflexion permettent le croisement des genres. J’ai commencé en étant fasciné par le futur lointain. Maintenant, je suis fasciné par le lointain passé tout autant. La curiosité est une mesure de notre force vitale en tant qu’espèces ; notre frustration de savoir que nous n’aurons pas toutes les réponses durant notre vie est une mesure de notre permanence en tant qu’espèce. Nous devons résister à la satisfaction de la « foi sans visibilité » à tout prix

J’ai vécu à Londres durant 21 ans, alors que mon cŒur et mon imagination reste fermement ancrer à la campagne. La plupart de mes écrits prennent place dans les paysages de mon « boyhood » : les marais de Kent, les forêts de Kent et du sud est. Maintenant, j’emploie des endroits plus exotiques. L’imagination, et le magasine National Geographic, sont des guide merveilleux pour ’d’autres mondes’.

Allan : L’Angleterre est connue pour ces auteurs de fantasy de renommée internationale : quels sont les auteurs qui t’ont marqué ?

Robert : Quand j’étais jeune, j’ai lu H.G. Wells et Jules Verne. Surtout H.G.Wells – la machine à remonter le temps, le premier homme sur la lune, et la guerre des mondes. J’ai été considérablement influencé par la série télévisée Quatermass. J’ai aussi lu tellement de Science Fiction que j’ai du mal à croire que j’ai trouvé autant de temps pour le faire. La plupart du temps des auteurs américains. Mais quand j’ai découvert William Golding, Keith Roberts, Brian Aldiss et Michael Moorcock, j’ai trouvé le plaisir et l’influence d’un écrit plus visuel. Je suis un écrivain visuel. Des films m’ont influencé ; les écrits visuels m’ont influencé. Je l’ai déjà dit avant : quand j’écrit un livre, Sergeo Leone le dirige ! (Et parfois Clint Eastwood ou Ridley Scott).

Allan : Quand on regarde tes écrits, on sent que la culture celtique et ses mythes sont omniprésents : pourquoi cet intérêt pour cette période ?

Robert : Il m’a souvent été dit que j’écrivais des « mythes britanniques ». C’est faux. J’écris des mythes européens. En fait, j’écris sur les origines de la mythologie. Tout ce qui est « mythique » en Grande-Bretagne a une origine plus ancienne et plus profonde. (Regarder la prochaine édition chez Denoël de Ancient Echoes). Oui, pour être sur, je connaîs les mythes anglais mieux, mais mon intérêt a toujours résidé dans la connaissance des très très anciennes racines de toutes les facettes des mythologies ou des folklores. Quand les premiers humains sont venus d’Afrique, ils ont amenés des histoires orales, une mémoire, une expérience, des peurs et une fascination avec eux.

Tout a un début, et je suis profondément intéressé par la nature de ces débuts.

Allan : Quel est ton « histoire » personnelle avec les celtes pour faire autant de livres sur le sujet ?

Robert : Il est difficile de répondre à cette question. Je suis devenu à l’écoute des éléments héroïques de l’age de fer lorsque je me suis marié à une femme Irlandaise, qui m’a montré tous les ancients sites des royaumes irlandais. J’ai aussi découvert aussi la magnificience des âges plus anciens. J’ai lu les Comptes gallois (Madinogion), l’épopée celtique irlandais (Cattle Raid or The Tain, the tales of Cu Culainn) et j’ai découvert à quel point la culture celtique avait été répandue à travers l’Europe avant l’influence dévastatrice de l’invasion en 55 Avant JC et suivant. Je pense que je suis fasciné par l’idée de système de coryance – les dieux et les rituels – des « celtes » ; je suis un romantique, plus que les peintres et les poetes du 19ème siècle qui était romantique au sujet des civilisations perdues (même si elles n’ont jamais été réellement perdues).

Allan : L’Œuvre qui permit en France de te découvrir fut la forêt des Mythagos… L’action est centrée sur une forêt et sur les mythes qui ressortent de cette forêt… Ce travail est-il maintenant finie pour commencer et qu’est ce que représente pour toi la forêt des Mythagos ?

Robert : Non, le travail sur Mythago ne sera jamais totalement achevé. Je mourrais (pas maintenant) avec une idée dans la tête. Tout auteur a besoin d’un chemin pour explorer ses passions ; un monde créé qui est vaste et toujours près pour d’autres explorations est un moyen merveilleux de le faire. Il n’y a rien de nouveau dans l’idée d’une forêt enchantée.Mais la forêt de Ryhope, et les créations qui en découlent – une combinaison de l’inconscience humaine et de la mémoire de la terre – sont miennes, et totalement personnelle. La Forêt des Mythagos est une prospection de l’infini, lesquelles existent uniquement comme des croquis léger pour des peintures ultérieures

Allan : Après les légendes celtiques vous vous êtes aussi « attaqué » au mythe de Merlin présentant un visage différent du célébrissime magicien : est-il important de renouveler le genre ?

Robert : Merlin est comme le principe d’Incertitude de Heisenberg. La nature de sa vie ne devient clair que lorsque vous ouvrez la boite et que vous jetez un Œil sur lui. Chaque fois que vous ouvrez la boite, vous en trouvez un différent. Merlin existe dans une infinité « d’états ».. Il est exactement ce que vous voyez dans votre esprit, dans votre imagination. Il parle différents mots, parle d’une vie différente, s’adaptant à l’observateur qui l’enregistre. Il est omniprésent et incompréhensible. Nous sommes tous Merlin. Merlin est une partie de chacun.

Merlin is like the Heisenberg Uncertainty Principle. The nature of his existence only.

Allan : Alors entre les mythes celtiques et les légendes arthuriennes, on pourrait penser que tu voues un véritable culte à notre histoire : quel est ton rapport avec la France et quelle vision en as-tu ?

Robert : J’ai toujours aimé la France. J’aime son histoire, particulièrement la récente. Ok. Ok. J’aime surtout son histoire paléolitique (Le Périgord). Je ne suis jamais rassasié de ce pays. Que dire de plus ? Nos traditions sont très fermées, particulièrement les britanniques.

Allan : D’ailleurs, au vu de ta connaissance, je suppose que tu dois fréquemment nous rendre visite : où a-t-on une chance de te voir ?

Robert : Bien, oui. J’ai des amis partout en France. Ma femme et moi avons un « point de chute » en Provence et à Beaugency, Rouen et Burgundy. (j’espérait pouvoir me permettre des vins de Meursault ; hélas, hélas.) J’ai proposé de venir à Paris dès que je peux. Après la publication des Bois de Merlin (chez Mnemos). J’ai promis à mon excellent agent, Ann Lenclud un « véritable déjeuner anglais » pour la remercier pour son travail. J’ai toujours honoré mes dettes !!!

Allan : Concernant Nécromancien, ta dernière parution française, j’aimerais d’abord te demander quel est ton ressenti quant à la lenteur des traductions ?

Robert : Il m’a fallu beaucoup de temps pour être traduit en français. La forêt des Mythagos a été traduite il y a longtemps maintenant (merci à Patrice Duvic), mais toutes les tentatives pour faire traduire mon travail avant furent vaines, malgré tous les efforts de mon traducteur et ami écrivaine Marianne. Ce qui s’est passé à mon avis, est que les temps changent, les goûts changent, et parfois les vieilles histoires, non populaires au moment de la publication, deviennent plus intéressantes ensuite. J’ai travaillé longuement et durement sur Necromancien en 1978. C’était une tentative de combinaison entre « l’occulte » et la « science », quelque chose qui m’a intéressé pas mal de temps. Cela inclut notamment ma passion pour le passé oublié et ancien. Tout ce que je peux dire c’est que je suis vraiment enchanté d’être plus connu en France, et que ce fut une vraie et merveilleuse expérience de travailler avec ma traductrice Sandra Kazourian

Allan : La pierre en cause dans ce roman, date de l’époque celtique et est apposée à une église… C’est une volonté de donner une « revanche » aux religions celtiques ?

Robert : Si vous regardez l’édition Denoël de mes histories, Dans les Vallées des Statues, vous trouverez ’Thorn’. Ce texte explore le thème de la  » persistance de la croyance pre chrétienne » d’une manière très complète. Nécromancien suggere qu’il y a un pouvoir surnaturel de tous les âges, de tous les temps, de toutes les cultures. La pierre, comme tu l’as dit, à un très ancien pouvoir qui lui est associé. De la même manière que la chrétienté a voulu « christianiser » les vieux dolmens ou les sanctuaires, cette pierre de sacrifice a été intégré à un font baptismal catholique. Mais les baptêmes est simplement une forme de sacrifice. La fonction de la pierre n’a pas changé, seulement la façon dont elle est utilisé. Je suppose que j’ai exploré la voie par laquelle une religion peut effrayer une autre, peut devenir impuissante à cause de cette peur. Je me souviens que j’avias essayer de raconter l’histoier de Françoise Jeury, la française « psychique », avec cette histoire de font. La pierre et la femme sont tous deux un affront à la normalité. Necromancien est un titre convenable ; il suggere que nous n’avons pas besoin d’élever les morts ; les morts sont toujours parmi nous de par leur persistance de leur puissance, et de par les rituels, dans la mémoire.

Allan : Notre scientifique est particulièrement abject dans sa façon de traiter les gens ; un scientifique doit-il obligatoirement avoir des problèmes de communication avec ses contemporains à vos yeux ?

Robert : Non. Pas du tout. Je suis moi-même un scientifique. La Science, et la recherche de la connaissance, sont les plus grands et importants aspects de l’esprit humain. Je suis en colère contre la religion, à cette période de ma vie, toutes les religions ; pour l’abandon du sens commun et la façon dont elles interfèrent avec l’exploration de l’inconnu, la recherche du savoir et de la vérité. Tous les êtres humains sont des chats potentiels ; curieux. La curiosité ne nous tue pas, la croyance aveugle si. Mais j’ai donné ces caractéristiques à mon scientifique pour les besoins dramatiques, non à cause d’un état de fiat du savoir et de la vérité. Kline – le scientifique – est de mes plus grand héros. Françoise, la psychique, une de mes héroïnes favorites. Je crois en la science, non au surnaturel ; mais je crois que cette croyance dans le surnaturel set une partie de l’évolution naturelle de l’esprit humain et qu’il doit être étudié en conséquence

Allan : Qu’écris-tu actuellement ?

Robert : Le troisième volume du Codex de Merlin : les Rois Brisés. Un livre vraiment difficile à écrire. Une histoire radicalement différente de Celtika, mais une qui, je l’espère, expliquera de nombreuses choses. Elle prend place, essentiellement, dans l’ancienne Crête

Allan : Quels sont tes projets ?

Robert : J’ai toujours d’autres projets. Un autre livre sur Mythago, certainement, et quelque chose qui devrait être très cher au cŒur des fans des légendes françaises.

Allan : Nous as-tu rendu visite et si oui qu’avez-vous pensé du site ?

Robert : Grand site.

Allan : Que peut-on vous souhaiter ?

Robert : Continuer à avoir de l’imagination. Et surtout, ne changer pas l’art de vivre français !

Allan : Le mot de la fin sera :

Robert : Le passé n’est pas un pays étranger. Nous avons tous fait les même choses. Chacun d’entre nous et tous, est un dépôt des connaissances et expériences oubliées


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