Réalisée par :mail
Date :juin 2004
Les Os de verre est paru en Mai 2004 aux éditions Nuit dAvril, ce qui sest révélée une excellente occasion de rencontrer Mia Cage, son auteur, pour quelle nous parle un peu delle et de ses oeuvres… car dès ce mois-ci elle rempile avec la parution de Necrophilia, récompensé par le concours Les écrivains de demain…
Allan : Quand on lit votre biographie sur le site des éditions Nuit dAvril, on a le sentiment que votre enfance difficile a énormément joué sur votre volonté décrire. Pouvez-vous nous confirmer ?
Mia Cage : Aux pires moments de mon existence, il marrivait parfois de ne plus avoir envie de rien. Je passais le plus clair de mon temps à penser, observer, analyser, méditer, sentant confusément quil y avait un vide à combler. Jéprouvais létrange sensation que tout ce que je faisais répondait à un dessein précis, ignorant encore que lécriture comblerait ce vide oppressant.
Allan : Vous avez pour linstant écrit deux livres Necrophilia (réédité ce mois-ci) et Les Os de Verre, édités tous deux aux éditions Nuit dAvril : comment en être arrivé à des romans si noirs et orientés fantastique alors que vous avouez votre fascination pour un grand classique de la SF à savoir A la poursuite des Slans dAlfred E. Van Vogt ?
Mia Cage : Le livre raconte une bonne histoire et peu importe que ce soit un grand classique de la SF. Jai consacré une grande partie de ma vie à lire tout ce qui pouvait me tomber sous la main avec une nette prédilection pour les récits traitant de situations particulièrement horribles. Enquêtes sur les crimes de psychopathes plus ou moins célèbres pour ne citer quun exemple parmi tant dautres. Ce qui est certain, cest que ces histoires sont parfois plus terrifiantes que le plus sombre des romans dépouvante. Finalement, je crois que mes lectures ont influencé de manière inconsciente mon choix décrire de la fiction orientée vers le fantastique.
Allan : Quest ce qui vous a poussé à proposer vos textes aussi tard ? Est-ce parce que vous êtes venue tard à écrire ou parce que vous ne vous sentiez pas encore prête ?
Mia Cage : Cest avec autant damusement que dhorreur que je vais répondre à cette question qui, dune certaine façon, oriente le lecteur sur mon âge véritable. (Rires) En fin de compte, je ne suis pas venue à lécriture, cest elle qui a brusquement fait irruption dans ma vie. Je mennuyais ferme. Lidée décrire un livre sest imposée dans lesprit de mon mari. Jai suivi son conseil.
Allan : On voit comme citation au-dessus de votre bio celle de Philippe et Martine Delerm “Jai peur du jour où je naurai plus peur” : cette citation vous correspond elle ?
Mia Cage : La réponse est oui. En y réfléchissant dun peu plus près, un monde sans peur vous semble-t-il crédible ? Ny allons pas par quatre chemins. Depuis le 11 septembre 2001, la peur est devenue une notion acceptable. Pensez à elle autant que ça vous plait, semblent suggérer la plupart des médias. Et puis, il y a tant dhorribles histoires à raconter.
Allan : Vous avez décidé de vous consacrer à élever vos enfants : Mais comment faites vous pour réussir à trouver du temps pour écrire avec 6 enfants alors que javoue avoir du mal à gérer mes lectures / critiques avec deux (rires) ?
Mia Cage : Pour dire la vérité, je dors une poignée dheures lorsque cela devient nécessaire. Uniquement lorsque cela devient nécessaire. Il faut faire des choix. Apprendre à gérer son temps. Cest aussi bête que cela.
Allan : Parlons maintenant de votre premier roman Necrophilia : pourquoi avoir choisi ce thème assez tabou de la nécrophilie ?
Mia Cage : Les gens ont tendance à croire que les personnages de fiction sortent tout droit de limagination de lauteur. Pourtant, les personnages sont dans leur grande majorité empruntés à la réalité. Quon le veuille ou non, la nécrophilie fait partie de notre monde réel. Langoisse et le dégoût viennent facilement lorsque lon évoque lamour vivant de la chair morte. Que le sujet soit tabou ou pas, cest là que jinterviens. Jaime raconter des histoires qui font peur.
Allan : Le roman a reçu le prix du concours Les écrivains de demain : que représente ce prix pour vous ?
Mia Cage : Un évènement qui na rien changé à ma façon de voir le monde.
Allan : Votre deuxième roman, Les Os de Verre, est le premier volet dune trilogie qui prend sa source pratiquement aux origines des hommes
Vous précisez au lecteur dans la préface, que vous avez rédigé 10 pages par jour : arrive-t-on à se maintenir à un rythme que lon peut juger soutenu ?
Mia Cage : Lorsque je rédigeais Necrophilia, jai fini par atteindre le record ahurissant de vingt pages par jour. A ce rythme là, la tension nerveuse devient vite insupportable. Et pour être tout à fait franche, je ne suis pas sûre davoir envie de renouveler lexpérience.
Allan : La famille de Mina Crowe nest pas ce que lon pourrait appeler honnête avec elle, puisque tout le secret de sa naissance et de la malédiction – lui sont cachées ; est-ce que votre propre expérience a transpiré dans le caractère et lenvironnement familial de votre héroïne ?
Mia Cage : Vous êtes très perspicace. Lorsque mes parents ont divorcé, lune de mes surs a découvert lexistence de nos véritables grands-parents paternels. La trame de lhistoire mise en place bien avant ma naissance est un mensonge que je nhésite pas à qualifier de diabolique. Malgré une enquête minutieuse, je recherche toujours la tombe de mon grand-père, ancien prisonnier de guerre en Allemagne, dont je perds la trace sur le sol français après 1946. Il faut continuer à y croire.
Allan : Quelle sera la suite de cette trilogie, à quoi devons nous nous attendre ?
Mia Cage : Jai délibérément choisi de laisser dans lombre une partie de lhistoire. Le résultat des courses, cest que le lecteur reste un peu sur sa faim concernant le rôle joué par certains personnages ou, comme le souligne votre critique, « Il sagit là du premier volume dune trilogie, ce qui explique sûrement le démarrage un peu lent de lhistoire ». La suite du roman Les os de verre apportera les éléments nécessaires à la compréhension du récit dans son ensemble tel que je lai imaginé.
Allan : Jai remarqué que vous aviez un public enthousiaste (il a suffit que je mette mon avis sur Les Os de Verre en ligne pour que deux avis soient ajoutés) : déjà un fan-club ?
Mia Cage : Le moins que lon puisse dire, cest que les nouvelles se propagent sur la Toile du Net aussi vite quun train lancé à grande vitesse. Ceci étant dit, la réponse est non, je ne possède pas encore de fan-club. (Rires)
Allan : Si vous avez eu le temps de visiter notre modeste site, quen avez vous pensé ?
Mia Cage : Jai été stupéfaite de découvrir à quel point le site regorgeait dinformations passionnantes pour le lecteur désirant se familiariser avec le fantastique ou soucieux de se tenir informé de la dernière actualité concernant la littérature de limaginaire.
Allan : Quels sont vos projets ?
Mia Cage : Comme la plupart des gens, je ne marrête jamais de penser, encore moins de travailler. Depuis quelques semaines, je corrige le texte dun troisième roman, prépare activement la suite des Os de verre et tente dachever une nouvelle dans le but de participer au concours Harfang 2004.
Allan : Vous voulez ajouter quelque chose ?
Mia Cage : Un petit mot concernant Michelle Blessemaille qui est responsable de lillustration des livres publiés par les Editions Nuit dAvril. Le résultat est tout à fait remarquable et je tenais à lui rendre hommage.