Retrouvez l’actualité des littératures de l’imaginaire (Science-Fiction, Fantastique, Fantasy, et autre) ainsi que des interviews de celles et ceux qui les construisent.

Interview : Mia Cage

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Les Os de verre est paru en Mai 2004 aux éditions Nuit d’Avril, ce qui s’est révélée une excellente occasion de rencontrer Mia Cage, son auteur, pour qu’elle nous parle un peu d’elle et de ses oeuvres… car dès ce mois-ci elle rempile avec la parution de Necrophilia, récompensé par le concours Les écrivains de demain…

Allan : Quand on lit votre biographie sur le site des éditions Nuit d’Avril, on a le sentiment que votre enfance difficile a énormément joué sur votre volonté d’écrire. Pouvez-vous nous confirmer ?

Mia Cage : Aux pires moments de mon existence, il m’arrivait parfois de ne plus avoir envie de rien. Je passais le plus clair de mon temps à penser, observer, analyser, méditer, sentant confusément qu’il y avait un vide à combler. J’éprouvais l’étrange sensation que tout ce que je faisais répondait à un dessein précis, ignorant encore que l’écriture comblerait ce vide oppressant.

Allan : Vous avez pour l’instant écrit deux livres Necrophilia (réédité ce mois-ci) et Les Os de Verre, édités tous deux aux éditions Nuit d’Avril : comment en être arrivé à des romans si noirs et orientés fantastique alors que vous avouez votre fascination pour un grand classique de la SF à savoir A la poursuite des Slans d’Alfred E. Van Vogt ?

Mia Cage : Le livre raconte une bonne histoire et peu importe que ce soit un grand classique de la SF. J’ai consacré une grande partie de ma vie à lire tout ce qui pouvait me tomber sous la main avec une nette prédilection pour les récits traitant de situations particulièrement horribles. Enquêtes sur les crimes de psychopathes plus ou moins célèbres pour ne citer qu’un exemple parmi tant d’autres. Ce qui est certain, c’est que ces histoires sont parfois plus terrifiantes que le plus sombre des romans d’épouvante. Finalement, je crois que mes lectures ont influencé de manière inconsciente mon choix d’écrire de la fiction orientée vers le fantastique.

Allan : Qu’est ce qui vous a poussé à proposer vos textes aussi tard ? Est-ce parce que vous êtes venue tard à écrire ou parce que vous ne vous sentiez pas encore prête ?

Mia Cage : C’est avec autant d’amusement que d’horreur que je vais répondre à cette question qui, d’une certaine façon, oriente le lecteur sur mon âge véritable. (Rires) En fin de compte, je ne suis pas venue à l’écriture, c’est elle qui a brusquement fait irruption dans ma vie. Je m’ennuyais ferme. L’idée d’écrire un livre s’est imposée dans l’esprit de mon mari. J’ai suivi son conseil.

Allan : On voit comme citation au-dessus de votre bio celle de Philippe et Martine Delerm « J’ai peur du jour où je n’aurai plus peur » : cette citation vous correspond elle ?

Mia Cage : La réponse est oui. En y réfléchissant d’un peu plus près, un monde sans peur vous semble-t-il crédible ? N’y allons pas par quatre chemins. Depuis le 11 septembre 2001, la peur est devenue une notion acceptable. Pensez à elle autant que ça vous plait, semblent suggérer la plupart des médias. Et puis, il y a tant d’horribles histoires à raconter.

Allan : Vous avez décidé de vous consacrer à élever vos enfants : Mais comment faites vous pour réussir à trouver du temps pour écrire avec 6 enfants alors que j’avoue avoir du mal à gérer mes lectures / critiques avec deux (rires) ?

Mia Cage : Pour dire la vérité, je dors une poignée d’heures lorsque cela devient nécessaire. Uniquement lorsque cela devient nécessaire. Il faut faire des choix. Apprendre à gérer son temps. C’est aussi bête que cela.

Allan : Parlons maintenant de votre premier roman Necrophilia : pourquoi avoir choisi ce thème assez tabou de la nécrophilie ?

Mia Cage : Les gens ont tendance à croire que les personnages de fiction sortent tout droit de l’imagination de l’auteur. Pourtant, les personnages sont dans leur grande majorité empruntés à la réalité. Qu’on le veuille ou non, la nécrophilie fait partie de notre monde réel. L’angoisse et le dégoût viennent facilement lorsque l’on évoque l’amour vivant de la chair morte. Que le sujet soit tabou ou pas, c’est là que j’interviens. J’aime raconter des histoires qui font peur.

Allan : Le roman a reçu le prix du concours Les écrivains de demain : que représente ce prix pour vous ?

Mia Cage : Un évènement qui n’a rien changé à ma façon de voir le monde.

Allan : Votre deuxième roman, Les Os de Verre, est le premier volet d’une trilogie qui prend sa source pratiquement aux origines des hommes… Vous précisez au lecteur dans la préface, que vous avez rédigé 10 pages par jour : arrive-t-on à se maintenir à un rythme que l’on peut juger soutenu ?

Mia Cage : Lorsque je rédigeais Necrophilia, j’ai fini par atteindre le record ahurissant de vingt pages par jour. A ce rythme là, la tension nerveuse devient vite insupportable. Et pour être tout à fait franche, je ne suis pas sûre d’avoir envie de renouveler l’expérience.

Allan : La famille de Mina Crowe n’est pas ce que l’on pourrait appeler honnête avec elle, puisque tout le secret de sa naissance – et de la malédiction – lui sont cachées ; est-ce que votre propre expérience a transpiré dans le caractère et l’environnement familial de votre héroïne ?

Mia Cage : Vous êtes très perspicace. Lorsque mes parents ont divorcé, l’une de mes sŒurs a découvert l’existence de nos véritables grands-parents paternels. La trame de l’histoire mise en place bien avant ma naissance est un mensonge que je n’hésite pas à qualifier de diabolique. Malgré une enquête minutieuse, je recherche toujours la tombe de mon grand-père, ancien prisonnier de guerre en Allemagne, dont je perds la trace sur le sol français après 1946. Il faut continuer à y croire.

Allan : Quelle sera la suite de cette trilogie, à quoi devons nous nous attendre ?

Mia Cage : J’ai délibérément choisi de laisser dans l’ombre une partie de l’histoire. Le résultat des courses, c’est que le lecteur reste un peu sur sa faim concernant le rôle joué par certains personnages ou, comme le souligne votre critique, « Il s’agit là du premier volume d’une trilogie, ce qui explique sûrement le démarrage un peu lent de l’histoire ». La suite du roman Les os de verre apportera les éléments nécessaires à la compréhension du récit dans son ensemble tel que je l’ai imaginé.

Allan : J’ai remarqué que vous aviez un public enthousiaste (il a suffit que je mette mon avis sur Les Os de Verre en ligne pour que deux avis soient ajoutés) : déjà un fan-club ?

Mia Cage : Le moins que l’on puisse dire, c’est que les nouvelles se propagent sur la Toile du Net aussi vite qu’un train lancé à grande vitesse. Ceci étant dit, la réponse est non, je ne possède pas encore de fan-club. (Rires)

Allan : Si vous avez eu le temps de visiter notre modeste site, qu’en avez vous pensé ?

Mia Cage : J’ai été stupéfaite de découvrir à quel point le site regorgeait d’informations passionnantes pour le lecteur désirant se familiariser avec le fantastique ou soucieux de se tenir informé de la dernière actualité concernant la littérature de l’imaginaire.

Allan : Quels sont vos projets ?

Mia Cage : Comme la plupart des gens, je ne m’arrête jamais de penser, encore moins de travailler. Depuis quelques semaines, je corrige le texte d’un troisième roman, prépare activement la suite des Os de verre et tente d’achever une nouvelle dans le but de participer au concours Harfang 2004.

Allan : Vous voulez ajouter quelque chose ?

Mia Cage : Un petit mot concernant Michelle Blessemaille qui est responsable de l’illustration des livres publiés par les Editions Nuit d’Avril. Le résultat est tout à fait remarquable et je tenais à lui rendre hommage.


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