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Interview : Arnaud Prieur

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Il est une tradition immuable, c’est celle d’interviewer les auteurs quand le livre nous a plu… Arnaud s’est bien gentiment plié à l’exercice 🙂

Allan : Arnaud bonjour et merci d’avoir accepté de répondre à quelques unes de nos questions à l’occasion de la sortie des Songes-Creux aux Editions Nuit d’Avril.

Arnaud : Bonjour. Et bien, c’est moi qui doit te remercier. C’est ma première interview, c’est intimidant.

Allan : La première question est on ne peut plus classique mais néanmoins intéressante pour les lecteurs que nous sommes : acceptes-tu de te présenter et de nous dire quel fut ton parcours pour arriver à la publication ?

Arnaud : Je suis Arnaud Prieur, mon métier n’a pas vraiment d’intérêt ici, j’ai 26 ans, je suis amoureux, j’ai vécu à Brunoy, je vis maintenant à Paris.

Pour ma publication : Tout d’abord, j’ai écris un livre, mais là, je ne surprend personne, puis je l’ai trouvé assez bon (encore heureux !). Une collègue de travail connaissait une agent littéraire (Laurie Roy, que je salue et remercie), et cette dernière a accepté de faire les démarches pour moi. Je connaissais à peu près autant le milieu de l’édition que je parlais cambodgien, donc l’arrivée de Mme Roy a été une bénédiction. Quelques mois après, les Editions Nuit d’Avril m’accueillaient en leur sein, et me voici en train de répondre à ma première interview.

Allan : De nombreux auteurs se reconnaissent des influences : si on te demandait quels auteurs t’ont marqués en tant que lecteurs et quels influences tu accepterais de reconnaître, que nous répondrais-tu ?

Arnaud : J’ai indéniablement une base fantastique. J’ai commencé, comme la plupart des auteurs de ce genre, par Stephen King, dont j’ai presque tout lu. Ensuite, je suis passé par Maupassant, suis allé salué Poe, dîné avec Neil Gaiman, bu un coup avec Peter Straub, joué à la pétanque un soir d’été avec Tokien et Eddings, partie de poker avec Barker et Matheson… bref, rien de très original.

Cela dit, je pense qu’il est bon de s’aventurer dans d’autres styles, parce qu’on finit par tourner en rond. Je continue à lire en majorité ce genre de littérature (on ne se refait pas), mais les quelques dernières claques que j’ai prises m’ont été assénées par Breat Easton Ellis, Houellbecq, Céline, Malraux, Vian… L’écriture surréaliste me passionne.

De plus, j’ingurgite de grandes quantités de films, ce qui doit forcément m’influencer (je me refuse de commencer une liste de mes films favoris) Quelques auteurs de B.D. Par exemple, Alan Moore est pour moi un génie.

Visuellement, Guillaume Sorel est aussi une influence majeure.

J’ai fait pas mal de jeux de rôles. C’est une bonne école, en matière de structure de non linéaire, de déploiement de l’imagination, et d’univers cohérents.

Allan : Les Songes-Creux est ton premier roman : te fut-il difficile de prendre preneur pour ton roman ?

Arnaud : Pas vraiment. C’est presque un poncif de dire cela, mais il y a une grande part de chance dans ce domaine. Ma rencontre avec Mme Roy m’a grandement simplifié la tâche. Je me demande parfois quelle était la probabilité de croiser un agent dans mon travail… Une seule, manifestement, mais cela a suffit.

Allan : Cette histoire commence par tout sauf par une ambiance fantastique… On a même l’impression de voir retranscris l’ambiance de la bonne époque de X-Files, c’est-à-dire que l’on peut sur pratiquement tout le récit envisager l’hypothèse de la folie… Est-il important à ton avis de garder toutes les options possibles jusqu’à la fin ?

Arnaud : C’est très intéressant ce que tu dis. Ca va encore donner lieu à une longue réponse… Pour X-Files, merci, bien que je n’ai pas vraiment puisé l’ambiance du roman dans cette série. Cela dit, la comparaison est flatteuse.

Disons que j’ai un profond respect, et une passion pour le fantastique. J’ai lu trop de romans qui en utilisaient les ficelles, pour finalement trouver un dénouement réaliste, comme s’ils n’assumaient pas les pages précédentes. Cela ne me dérange pas lorsque le retournement est légitime, et surtout judicieux. C’est rarement le cas, hélas. Donc, en ce qui me concerne, dès le départ, je voulais aller loin dans le fantastique. J’ai écrit les Songes-Creux pour des lecteurs habitués à ce genre, à ses codes, à sa culture. En un mot, je me suis fait plaisir.

Ensuite, il est clair que Thomas devient fou, mais sous l’influence des Songes-Creux.

Voilà comment m’est venue l’idée de départ : J’ai souffert d’insomnie à une époque, pendant quelques années. Il m’arrivait parfois de voir des choses, sans pouvoir les identifier (à cause de la fatigue), pour me rendre compte une seconde après que c’était une ombre banale, ou un oiseau, ou une branche remuée par le vent…

Alors je me suis dit « Et si l’insomnie permettait de voir des choses jusqu’alors invisibles ? Est-ce que le fait d’être insomniaque provoque des hallucinations, ou bien ces troubles du sommeil éveillent-ils la conscience ? »

Je pouvais alors commencé la rédaction et m’acharner sur ce pauvre Thomas, qui ne croit que ce qu’il voit.

Allan : J’ai été assez surpris de la façon dont l’interrogatoire de la police était mené envers quelqu’un qui venait de perdre deux membres de sa famille proche… On a l’impression d’avoir la narration d’un fait vécu ?

Arnaud : Pas du tout. A part l’insomnie, il y a très peu de moi dans le roman, excepté l’anagramme du nom du prêtre. Daunar / Arnaud. Vu mon nom de famille, je trouvais que cela se prêtait bien pour un curé. Il y a d’autres anagrammes, qui ne sont pas indispensables à la compréhension du récit, mais qui sont des petits bonus pour les lecteurs attentifs.

Quant à l’interrogatoire, Everine ne le fait pas vraiment dans les règles de l’art. C’est le problème lorsqu’on est personnellement impliqué dans ce genre d’histoire.

Allan : Une donnée reste pourtant obscure et ce même après la fermeture du livre : pour quelle raison Everine mène-t-elle cette enquête ?

Arnaud : Merci de ne pas lire cette réponse si vous n’avez pas terminé Les Songes-Creux.

Everine veut savoir pourquoi Henri Némiste s’est suicidé, et pourquoi il a massacré sa femme. Elle s’en veut, sans doute. Comprendre est, pour elle, une façon de faire son deuil, ce qui la rapproche de Thomas, finalement.

Allan : Et maintenant, en as-tu fini avec Thomas Nemiste ou a-t-on un espoir de voir la suite de son aventure ?

Arnaud : Je pense que le pauvre a déjà pris bien assez cher. Il reviendra, dans ses nouvelles fonctions, mais non plus en personnage principal. Bref, il n’est pas improbable de le croiser à nouveau, au détour d’une page… ou plus.

Allan : Et quid de l’explication de ce que sont les « songes-creux » ?

Arnaud : Quelle est ta théorie ? Je pense que plus on se pose de questions sur eux, plus ils restent intéressants. Les prochains romans que j’écrierai en diront un davantage sur l’endroit d’où ils viennent. Les songes-creux sont loin d’être les seuls, là-bas. Il y a d’autres entités bien plus puissantes.

Allan : As-tu un autre projet en cours ?

Arnaud : Oui. Un autre roman, plus ambitieux sur la forme, et le fond. J’en ai rédigé les trois quart, et j’en suis pour l’instant très content.

Le suivant est en gestation dans un coin de ma tête, je commence à prendre quelques notes.

Celui d’après est encore flou, mais il portera sur l’enfance… en tout cas c’est ce que j’aimerai. Le résultat final, en ce qui me concerne, est toujours assez différent de l’idée de départ.

Allan : Nous as-tu rendu visite et si oui que penses-tu de notre site ?

Arnaud : Oui. Vous avez lu beaucoup trop de livres ! . Ca sent la passion, donc je ne peux qu’apprécier.

Allan : Que peut-on te souhaiter ?

Arnaud : De vivre de l’écriture, mais ce n’est pas raisonnable. Il y a encore beaucoup de travail pour que ce type de littérature permettent à des auteurs français de vivrent de leur plume.

Alors, je dirais, une bonne nuit.

Allan : Le mot de la fin sera :

Arnaud : Brunoy.


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