Nous vous avons proposé récemement de découvrir les aventures d’Ephriac et Mirfasal dans Aventures Arcanes aux Editions Bénévent… Nous vous proposons maintenant un petit entretien avec son auteur…
Allan : Commençons par le commencement : qui se cache derrière Sheratan ?
Sheratan : Bonjour à toute l’équipe de Fantastinet ! Derrière le nom de plume se cache un homme de trente-trois ans dont le nom de famille est si compliqué qu’il s’est dit qu’il valait mieux avoir un pseudonyme plutôt que de supplicier des lecteurs en leur forçant à épeler mon nom (rires !). Plus sérieusement, je dirais simplement que mon véritable prénom est Vincent et mon nom de famille compte triple au scrabble (je plaisante ! Il n’y a pas assez de « z » dans le jeu et ça, par contre, c’est vrai !) !
Je réponds toujours !!!
Allan : Quel fut ton parcours pour parvenir à publier ce premier roman ?
Sheratan : Il m’a fallu cinq années pour écrire ce premier tome car j’avais un travail très prenant. J’ai démarché plusieurs éditeurs (six en tout). Les Editions Bragelonne qui m’ont répondu que mon roman ne pouvait se classer en Heroic-Fantasy du fait des premiers chapitres un peu SF et, de ce fait, ne pouvaient me publier car je sortais de leur ligne éditoriale, et les Editions Bénévent qui ont été emballées par mon manuscrit. A ce jour, les quatre autres maisons ne m’ont toujours pas répondu (avouons que les délais sont de plus en plus longs car les éditeurs croulent sous les manuscrits) ! En clair, je ne me plains pas ! Je n’ai pas réellement « galéré » pour trouver un éditeur.
Allan : à quelles sources as tu puisé ton histoire ?
Sheratan : Euh, c’est un peu difficile… Le monde d’Aventures Arcanes est un monde sur lequel je travaille depuis 19 ans, qui obéit à ses lois propres et qui possède une véritable « mythologie ». J’ai noirci des milliers de pages qui furent au départ un roman, puis un jeu (de rôles que j’anime toujours) pour redevenir un cycle romanesque. C’est très complet, mais disons que mon imaginaire galopant fait que ma vie entière ne suffira pas pour achever ce travail de titan. J’ai même un vocabulaire et une syntaxe propre à mon monde et dans cette idée, tous les noms ont une signification !
L’idée de base était à la base applicable sur Terre. C’est très bête mais j’ai l’excuse de l’avoir eu jeune. Passionné de mythologie, de contes et de légendes de toutes sortes, je me suis intéressé à la cryptozoologie. Je suis parti d’un postulat : « et si les créatures fantastiques (Loups-Garous, Vampires etc… existaient mais qu’ils n’aient pas le droit de se montrer volontairement aux humains sous peine de mort. » Un dieu, ou Dieu, interdirait qu’ils se montrent et les disperseraient sur l’instant pour avoir outrepassé cette loi divine. Maintenant, si un homme vient accidentellement à voir une de ces créatures, ce dieu n’est pas cruel et ne peut en vouloir à la créature. Elle sentirait automatiquement la présence d’un humain et se sauverait immédiatement car si elle venait à rester, cela reviendrait à enfreindre cette loi qui lui coûterait la vie. Je le répète, j’étais jeune et on imagine toujours des choses Ensuite, je me suis dit que la question théologique soulèverait bien des problèmes, donc j’ai préféré l’extrapoler à un autre monde que j’ai alors commencer à bâtir. Résultat : 19 ans de création et un Jeu de Rôles de 600 pages tout prêt à être édité, de nombreuses extensions en cours de rédaction et plus de 80 illustrations faites par mes soins (on aime ou pas, j’ai un style spécial !).
Allan : Est-ce que le contact avec les éditions Bénévent fut facile ou la recherche d’un éditeur quand on est jeune auteur est toujours aussi délicate ?
Sheratan : En fait, je les bénis car ils ne m’ont pas demandé de supprimer quoi que ce soit dans mon roman. J’estime avoir eu un contact privilégié avec eux et je regrette simplement qu’ils ne soient pas mieux connus. Un petit éditeur signifie peu de publicité et j’aurais aimé en avoir un peu plus. Maintenant, je suis conscient que face à un gros éditeur, les tractations auraient été forcément plus houleuses…
Allan : Parlons maintenant de ton « bébé » : comment nous résumerais tu l’aventure commencée avec Ephriarc et Mirfasal ?
Sheratan : Aïe ! Résumer, j’en suis difficilement capable car j’ai toujours tendance à m’étaler… (rires) Ephriarc est un jeune homme au physique spécial qui vit dans une ville ultramoderne qui pourrait être une sorte de Terre d’anticipation. Il vit très mal à l’aise par rapport à son entourage et il est très seul. Son patron vient à changer et est remplacé par un chef qui vient d’un continent réfractaire à l’autorité du continent dont Ephriarc est originaire. Ce chef, c’est Mirfasal. Etant pauvre, Ephriarc ne peut se payer de vacances et Mirfasal va l’inviter chez lui. Sur place, un meurtre se produit et pousse Mirfasal à emmener Ephriarc en excursion dans la grande forêt qui borde la côte est de ce continent. Ephriarc réalisera alors que le monde n’est pas du tout comme il l’imagine et rencontre des créatures fantastiques. Ils apprennent « fortuitement » qu’un complot ourdit par des Démons met en péril la sécurité des créatures surnaturelles. Ils vont s’atteler alors à contrecarrer ce complot mais disons que les choses ne sont pas aussi simples qu’il y paraît. C’est un cycle et l’intrigue est un peu plus complexe que cela.
Allan : La première sensation qu’on a dans la lecture de ce volume est que tuas fait le choix de diviser ce monde en deux « univers » : un monde « civilisé » et ultra développé et un monde plus proche de la faerie… Les deux sont-ils à ce point incompatibles ?
Sheratan : Non, ils ne sont pas incompatibles et j’espère bien pouvoir écrire prochainement un roman qui se passera uniquement sur le continent civilisé afin de parler un peu des guerres secrètes qui le déchirent. Opposer la technologie à la magie est un principe assez simple souvent usité mais la « technomagie » existe aussi dans mon univers et montre que la synthèse des deux est possible. Je ne parlerais donc pas d’incompatibilité mais surtout de discordances entre les deux qui font qu’ils tendraient à ne pas s’entendre, c’est pourquoi le monde surnaturel est caché aux yeux du monde civilisé !
Allan : Ephriarc est un personnage à la recherche de lui-même et sa rencontre avec Mirfasal va lui révéler beaucoup ; la relation qui s’établit entre les deux hommes est plus qu’ambigue. Pourquoi avoir voulu pousser leur relation à ce point ?
Sheratan : Elle n’est même plus ambiguë à ce stade-là ! (Rires) Ephriarc est un personnage vulnérable et Mirfasal est un personnage qui exerce une forte attraction sur son entourage. Le jeu que joue Mirfasal se retourne contre lui et tous deux se retrouvent dans une situation délicate : tomber amoureux d’une personne du même sexe alors que rien ne les y préparait.
Pour compléter ma réponse, je dirais que j’ai voulu pousser jusque là pour sortir des sentiers battus de la fantasy (le trio : méchant, princesse, chevalier) et m’essayer à un style qui n’est pas évident : décrire une relation homosexuelle sans la caricaturer. C’est aussi une histoire d’amour forte comme il pourrait s’en nouer mais leur relation est amenée à évoluer… Ce n’est pas la seule histoire d’amour du roman, certaines se passent bien, d’autres mal. Aventures Arcanes est un monde essentiellement basé sur la sentimentalité qui est intimement liée à la magie, ce qui se voit très peu dans le domaine du Jeu de Rôles (mais beaucoup plus dans la littérature).
Allan : N’as-tu pas peur qu’on considère que tu « surfes » sur la vague puisque les héros « homosexuels » sont de plus en plus courants dans les littératures de l’imaginaire, spécialement ces derniers temps ?
Sheratan : Ah bon ? Je l’ignorais ! Le magazine Casus Belli dans lequel j’ai une critique dit aussi que je surfe sur une vague en couplant un roman et un Jeu de Rôles… Au bout de 19 ans, c’est dur ! Non, cela n’a rien de commercial d’une part (je n’ai pas d’éditeur pour mon jeu, avis aux éditeurs qui me liraient !) et d’autre part, je n’ai jamais vu de roman d’Heroic-Fantasy dont les héros étaient homosexuels. Maintenant, si c’est le cas, c’est dommage car en fait, mon but est d’essayer de présenter une relation amoureuse normale, sauf qu’elle unit deux hommes dans l’aventure.
Allan : Cela étant dit, comme je le dis dans la critique, un des aspects les plus intéressants est ce double voyage initiatique : le premier axé sur un monde inconnu pour le héros, le second sur lui-même et sur la découverte de ses origines… Cela n’a-t-il pas été trop dur à gérer ses deux aspects ?
Sheratan : Au contraire ! Cela facilite la découverte du monde par le lecteur. Ephriarc est un peu le « candide » à qui il faut tout expliquer, ce qui est également le cas du lecteur. Qui plus est, l’aventure homosexuelle d’Ephriarc se passe d’autant mieux qu’il n’a plus aucun repère connu et peut donc repartir sur de nouvelles bases sans subir de pressions extérieures. Pour approfondir cette réflexion, il n’aurait pas eu de relation homosexuelle avec Mirfasal s’il était resté dans sa ville car ses bornes seraient restées bien marquées. Ce fait peut être extrapolé à la Terre, je laisse le soin au lecteur de cette interview de comprendre en quoi !
Allan : A la lecture de la critique que j’ai faite de ton premier volume, à savoir que j’avais une impression de facilité par rapport au rapprochement de la communauté, tu as réagi en disant que c’est le sentiment qui perce mais que peut-être tout n’est pas aussi simple… Je ne veux rien vendre alors peux-tu nous en dire un peu plus en avant-première ou préfères-tu garder un secret absolu par rapport au destin des personnages.
Sheratan : Ah ! Le principe de base de l’univers que j’ai crée : RIEN N’EST LAISSE AU HASARD !!!
Je vais faire une recommandation à tous mes lecteurs : lisez bien tout et vous comprendrez ce que veux dire cette phrase. Une chose qui peut paraître anodine prend tout son sens dans la suite du cycle. Evidemment, non, une communauté ne se forme pas aussi facilement : il y a des interventions extérieures qui jouent et c’est aussi le cas ici ! A titre d’indice, il faut savoir que les nombres magiques sont les suivants dans le monde d’Arcès : 3, 4, 6, 9, 12 et 36. Regardez bien ! Comptez et regardez ce qui se passe lorsqu’on sort de ces nombres… !
En avant-première sur le volume 2 : La première partie de ce second volume risque de surprendre le lecteur et de lui laisser un sentiment de « Hors-Sujet » mais il n’en est rien. Par contre, l’explication n’arrivera pas avant le cinquième et dernier volume ! La communauté se modifie, de nouveaux personnages l’intègrent et les relations sont très différentes. Les compagnons quittent la Sente de Passemonde pour emprunter la Piste de Marcherude qui traverse le grand Désert Bleu d’ouest en est. Ils sont partis pour sauver Kaekylia. Ce second volume est un pilier qui met en place quelques protagonistes et éléments de l’intrigue globale. Le lecteur en apprendra beaucoup et peut même en apprendre plus s’il sait lire entre les lignes et remarquer des « détails insignifiants ».
Allan : Tu m’as annoncé que le deuxième volume était achevé… Quand pourrons nous le lire ?
Sheratan : Si mon premier volume marche bien, je l’espère en Novembre 2005, sinon, courant 2006. Le troisième volume est en cours de rédaction. Je n’ai jamais l’angoisse de la page blanche et j’en suis fort heureux !
Allan : As-tu d’autres projets en cours de réalisation ou près d’aboutir ?
Sheratan : Je me consacre pleinement à la rédaction du Cycle des Chemins d’Aventures Arcanes mais une fois fini, j’espère écrire un roman dans l’univers civilisé d’Aventures Arcanes, plus proche de la SF que de la Fantasy. Je fourmille d’idée qui, je l’espère, plairont à mes lecteurs ! Je travaille également d’arrache-pied à la rédaction d’extensions pour mon jeu. J’ai également un autre cycle en tête dans l’univers d’Aventures Arcanes et qui se déroulera dans le passé lointain des Terres de l’Est. Il s’agira d’un cycle d’intrigues de cour qui pourrait vaguement se rapprocher de l’ambiance du Cycle des Princes d’ambre de Zelazny.
En dehors d’Aventures Arcanes, j’ai également des idées plein la tête pour un roman rétro-futur en ambiance steampunk façon Angleterre de la fin du XIXème siècle et je dois aussi aider mon meilleur ami à écrire un roman sur une idée absolument géniale qu’il a eu.
Allan : Comment as-tu connu Fantastinet et qu’en penses-tu ?
Sheratan : En surfant sur le web ! Je participe à de nombreux forums littéraires et j’ai découvert Fantastinet en cherchant un site de critiques. J’en ai beaucoup apprécié l’aspect sobre, la clarté et le contenu concis, net et efficace.
Allan : Que peut-on te souhaiter ?
Sheratan : Du succès (rires) et que ceux qui liront la critique de mon roman aient envie de découvrir l’univers que j’ai crée.
Allan : Le mot de la fin sera :
Sheratan : Merci à toute l’équipe de Fantastinet pour cette interview !
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