Réalisée par :mail
Date :février 2005
Après avoir eu droit à de bonnes doses de frisson en lisant le recueil Alterations, je ne pouvais pas mempêcher de poser quelques questions à son auteur dont voici fidèlement retranscrit les réponses…
Allan : Tout dabord bonjour et merci davoir accepté de répondre à notre interview
Michel : Avec plaisir
Allan : Je souhaiterais dans un premier temps que tu te présentes à nos lecteurs sur ton parcours.
Michel : Je mappelle Michel Rozenberg, 45 ans, marié et père de deux enfants, une fille de 11 ans et un garçon de 5 ans. Je suis polytechnicien de formation (électromécanique courant fort haute tension) sorti de luniversité libre de Bruxelles en 1983.Je travaille dans une société américaine dinformatique technique et scientifique, Silicon Graphics où je moccupe de toutes les relations commerciales avec les clients belges et luxembourgeois. Jhabite Bruxelles.
Jai commencé à écrire vers lâge de 15 ans. Des bribes dhistoires policières et de science-fiction, influencé par Agatha Christie et les envahisseurs, alerte dans lespace ou même les mystères de louest, et plus tard par mes lectures « fantastiques » Ce nest que vers lâge de 25 ans que mest venue lenvie décrire des histoires complètes, parfois inspirées de celles que javais commencées mais jamais terminées, parfois créées depuis zéro.
Vers lâge de 30 ans, jai rencontré une dame qui était responsable de la revue « Magie Rouge », revue de létrange. Elle a accepté de publier plusieurs nouvelles mais malheureusement, elle a abandonné son projet pour cause de divorce.
Quelques temps plus tard, jai posté des nouvelles sur différents sites amateurs internet. Jai eu la chance de recueillir des encouragements. Lidée mest alors venue de finir un recueil complet, puis de le présenter à la critique dautres lecteurs et enfin de le confronter à des éditeurs.
Allan : Quels sont les auteurs qui tont orienté vers lécriture ?
Michel : Agatha Christie, Poe, Lovecraft, Blosh, Bradburry, Owen, Ray, Prévot, Ewers, Maupassant et dautres encore.
Allan : Je vois que tu es belge : je te pose donc la question rituelle pour nos auteurs “étrangers” : comment sont perçues les littératures de limaginaire en Belgique ?
Michel : Le fantastique est une tradition belge également avec des auteurs reconnus comme Jean Ray/ John Flanders, Thomas Owen, Gérard Prévot et dautres. Les deux revues Encre Noire et Khimaira ont beaucoup de succès. Enfin le festival annuel du film fantastique et de limaginaire en est à sa 23è édition si je ne me trompe pas et connaît toujours un franc succès. Si nous avons moins dauteurs de science-fiction ou de fantasy, je pense que notre petit pays ne se défend pas trop mal. De plus une nouvelle génération de « jeunes » auteurs est en marche
Allan : A-t-il été difficile de trouver un éditeur ?
Michel : Assez, oui. Aujourdhui, la qualité passe au second plan, même si daucuns se refusent à le reconnaître. Avant toute chose, léditeur projette ou pas la réussite potentielle dun livre. Les critères ne sont plus les mêmes quil y a 10 ou 20 ans. Limage marketing de lauteur joue également un rôle important. Les réseaux de diffusions et distribution de léditeur ainsi que ses efforts pour promouvoir les ouvrages aussi.
Dans mon cas, les éditeurs belges nont pas voulu méditer (sauf un qui a accepté puis sest désisté). Quant aux français, plus nombreux, trois sur une trentaine mont fait confiance mais pas au même moment.
Allan : Ton livre a bénéficié dans la presse de très bonnes critiques : alors jimagine que de voir son uvre entre les mains doit-être impressionant mais quand en plus la critique sans mêle, ce doit-être un grand moment de bonheur
Michel : Jai eu la chance davoir une bonne couverture de la presse belge mais également de la presse spécialisée en Belgique et en France. Cest vrai quen général, les critiques ont été positives. Je suis cependant conscient de ce que je peux mettre en uvre pour évoluer et jespère que le prochain recueil en sera une première preuve. Je tiens à ajouter que jai dû faire toutes les démarches seul, envoyer des dossiers de presse, téléphoner, retéléphoner encore et encore, parfois au risque de casser les pieds aux journalistes. Certains nont pas répondu, dautres oui. Même chose pour les chroniques, les parutions de nouvelles
En résumé, il faut se mouiller un peu pour sortir quelque peu de lanonymat complet. Si jarrive à publier mon livre suivant suffisamment rapidement à partir de maintenant, je pense pouvoir me servir de mon marketing comme dun tremplin
mais attention
je sais que les lecteurs mattendent au tournant, façon de parler. Je serai renvoyé au premier livre pour comparaison. À moi de faire de mon mieux pour ne pas décevoir. Je ferai limpossible pour atteindre cet objectif.
Allan : La couverture est un bon reflet de lécrit, et nous lisons que cette couverture a été inspiré par ta fille Morgane, est-ce à dire qelle fut ta première lectrice ? Travailles-tu généralement avec un groupe de lecteur ?
Michel : Ma fille avait 9 ans à lépoque où jai écrit le livre. Pas question pour moi de lui laisser lire le livre, à lexception de la première nouvelle. Ceut été criminel de ma part je trouve. Morgane est revenue un jour avec un dessin qui ma beaucoup « parlé » et je lui ai proposé de proposer un futur éditeur (à cette époque, cétait encore le cas) de sen inspirer.
Je travaille avec 2 lectrices impitoyables, sans complaisance, mais humaines. Elles ont toutes des qualités différentes qui maident beaucoup. Lorsque quune histoire ne plaît pas, je le sais demblée. Je reçois des tas de commentaires sur fond et forme. À moi den faire bon usage. De toutes manières, léditeur passe toujours après et impose ses vues.
Allan : Passons maintenant au recueil en lui-même : chacun des personnages est un quidam sans particularité comme si les évènements que tu décrivais pouvaient nous arriver
Lidentification du lecteur au personnage, était-il leffet recherché ?
Michel : Oui. Je pense que chacun dentre nous connaît des peurs avouées ou non, se pose des questions sur la vie, la mort, la maladie, la vieillesse, largent, lamour
et ne possède que peu de réponses. Je pense que nous passons tous par des périodes de remise en question, de rééquilibrage. À ces moments, nous doutons de tout à commencer par nous-mêmes, notre entourage, le temps et lespace qui sont nôtres, lespace et le temps que nous voudrions nôtres mais qui nous échappent. Il est arrivé à chacun de perdre son travail, un amour, un être cher, de largent, la foi
Le monde bascule alors dans un cauchemar ou devient meilleur
Le quidam nous ressemble, me ressemble. Il est mon ambassadeur pour convoyer mes messages, mes propres peurs, questions, doutes
Si je décris trop les protagonistes, alors ils se marginalisent, se distancient de notre existence et nous ne nous reconnaissons plus en eux.
Allan : Le tort de chacune des victimes est davoir voulu comprendre ce qui se passait : un moyen de confirmer le vieil adage selon lequel la curiosité est un vilain défaut ?
Michel : En effet, mais nest ce pas naturel de vouloir comprendre ce qui nous entoure, le manipuler, le maîtriser, lasservir parfois ? Une dose de curiosité est saine, un excès (comme dans tout dailleurs) est nuisible. Les personnages sont pris à leur propre piège car létau se referme dès leffet de la curiosité passé.
Allan : Le Paquet a été intégré au Codex Atlanticus 15, est-ce pour toi une reconnaissance supplémentaire ?
Michel : Sans aucun doute. Je trouve leur travail étonnant de qualité. Ce qui me plaît également est le fait quils se « spécialisent » dans le domaine du fantastique plus classique. Jespère les séduire à nouveau dans le futur et proposer un autre texte.
Allan : “Le cadre” ma fait pensé au “portrait de Dorian Gray” : est-ce purement moi ou as-tu voulu faire un clin dil à cette uvre ?
Michel : La vérité est la suivante. Jai lu le “portrait de Dorian Gray”, uvre majeure sil en est, pour la première fois en Août 2003, cest-à-dire bien après que la nouvelle ait été écrite et corrigée maintes fois et après la notification de léditeur attestant de son choix de me publier. Je connaissais lhistoire bien sûr. Le Cadre ne sen est pas proprement inspiré, mais lorsque jai vu quune certaine similitude existait, inconsciente sans doute, jai provoqué le clin dil en renommant mes personnages.
Allan : Le duel entre les écrivains du “défi” est proprement génial : doù as-tu tirée cette idée ?
Michel : Javais, jai toujours, plusieurs idées pour écrire des nouvelles dont le personnage central est un écrivain confronté à lui-même, ses personnages, ses lecteurs
Jai laissé vagabonder mon imagination sur fond de problème rencontré par la plupart des auteurs, à savoir, les fluctuations de leur inspiration. Un clin dil au passage à John Flanders (Jean Ray), chez moi Bill Wallony (Flanders Flandre, Wallony, Wallonie).
Allan : Quels sont tes projets décriture ? Quand aurons-nous la chance de pouvoir à nouveau te lire ?
Michel : Je termine mon deuxième recueil de nouvelles. Jai pour objectif de le présenter à des éditeurs en juin 2005. Si je réussis à léditer, je me lancerai immédiatement dans la rédaction dune troisième car jai encore des idées pour 2 autres recueils dépaisseur équivalente. Jambitionne dêtre édité en 2005 encore, mais cela ne dépend pas de moi uniquement. Jespère y parvenir. Joeuvrerai dans ce sens.
Allan : Tu es à lorigine de notre échange : comment nous as-tu découvert et que pense tu du site ?
Michel : Je trouve le site très prometteur. Je lai découvert en surfant sur Internet et depuis, je le consulte régulièrement. Je le trouve simple de conception pour les visiteurs et bien structuré. Il lui manque lhistorique mais cest une question de temps. Je suis sur quil pourra bientôt rivaliser avec ActuSF ou SFMag ou encore Solaris. En tous cas, bonne continuation et merci pour lopportunité qui ma été offerte de mexprimer ici.
Allan : Que peut-on te souhaiter ?
Michel : Un deuxième recueil édité en 2005 qui confirme un potentiel dévolution. De linspiration pour écrire un roman, une plus large reconnaissance
Quelques ventes
Les vux ne manquent pas.
Allan : Le mot de la fin sera :
Michel : Vive les littératures de limaginaires, une bonne manière de sauto critiquer, de jauger son évolution et jespère, de se faire plaisir.