Orcusnf : Bonjour Thierry, pourriez vous vous présenter à nos lecteurs qui ne vous connaitraient pas ?
Thierry Di Rollo : Je dirais que je suis un simple écrivain. Et que les genres dans lesquels je me commets (science-fiction, fantastique, polar) importent peu, finalement, pour me définir. Je suis d’abord un être humain qui tente, par l’écriture, de dire certaines choses.
Orcusnf : Après quatres livres chez le Bélial, vous publiez un court recueil aux trois souhaits, pourquoi ce changement ?
Thierry Di Rollo : C’est simplement que je ne tiens pas mes nouvelles en très haute estime. Et il aura fallu toute la persuasion de Jérôme pour me convaincre de la nécessité d’un petit recueil; son intérêt pour mes univers m’a touché. Ceci dit, je n’ai pas le talent d’un nouvelliste comme Dunyach et mes textes courts ne méritent pas un ouvrage exhaustif. La structure offerte par Jérôme me convenait, donc: très peu de nouvelles à insérer au sommaire. Olivier n’aurait pas pu me proposer l’édition d’un recueil aussi « discret ». C’est juste une question d’échelle.
Orcusnf : Dans quelle mesure Cendres est elle pour vous la nouvelle représentative du recueil ?
Thierry Di Rollo : Parce que c’est par elle que j’ai posé mon style. Jaune Papillon, écrite une année auparavant (1995), hésitait encore un peu, par manque d’expérience de ma part – c’est pour cette raison que je l’ai expurgée et reprise pour le recueil de Jérôme. Et puis, Cendres est un texte que j’aime bien, pour des raisons qui me sont purement personnelles. De plus, le titre convenait parfaitement pour le recueil.
Orcusnf : Comme le dit le quatrième de couverture, vous nous faites visiter un enfer, qu’est ce qui vous pousse à imaginer un avenir aussi sombre ? Certes le sujet n’est pas nouveau, mais vous le poussez à un niveau de noirceur rarement atteint.
Thierry Di Rollo : Ce n’est pas moi qui le pousse à ce niveau. C’est nous tous. Moi, je retranscris sur papier, c’est tout. Et encore, je trouve que je suis loin du compte.
Orcusnf : Qui plus est, vous allez jusqu’à déshumaniser vos personnages. Vos héros, ou plutôt vos victimes, sont confrontés à des bêtes sauvages, des vautours, des fouines, des gnomes, etc. L’homme est il donc, à vos yeux, si méchant ?
Thierry Di Rollo : Non, l’homme oublie simplement ce qu’il est. Les animaux que je mets en scène dans mes romans tentent seulement de le lui rappeler. En vain, le plus souvent.
Orcusnf : Dans ce cas là, si la majorité des hommes est telle, vos héros sont ils encore des hommes, eux qui réprésentent la minorité victime de la bestialité des autres ? A moins qu’ils ne soient au fond pas mieux que les autres ?
Thierry Di Rollo : Non, je choisis quelqu’un au milieu de la multitude humaine et je le suis jusqu’au bout. Je ne le juge pas. Je n’ai même pas tenté de juger John Stolker, le narrateur de Meddik. Quoi qu’on en dise, mes personnages restent humains, je persiste et signe. Quelques lecteurs l’acceptent, d’autres, plus nombreux, bien sûr, refusent cette évidence ou n’en ont rien à faire, ce qui revient finalement au même.
Orcusnf : Une chose qui m’a surpris, c’est le fossé qui sépare les trois premières nouvelles de la dernière. En effet, si ces trois nouvelles semblent se dérouler dans un avenir proche, voire nous être contemporaine, la dernière est plus lointaine. En quoi selon vous se raccroche-t-elle aux trois autres ?
Thierry Di Rollo : Le narrateur de « Quelques grains de riz » met en scène sa folie; il choisit, du début à la fin. Mais ça reste une folie. Jérôme avait souhaité terminer le recueil sur un texte plus « ouvert ». Je pense qu’il a eu raison. En plus, c’est un texte qui me tient très à coeur.
Orcusnf : Au moment où sort Appel d’air aux trois souhaits, votre recueil apparait sous certains aspects, notamment dans « Jaune Papillon », comme un grand pamphlet, coincidence ou hasard de parution ?
Thierry Di Rollo : Ni l’un ni l’autre. Notre connerie d’être humain est universelle et intemporelle. Cendres a été pensée en 1991, écrite en 1996. Depuis, il y a eu l’Irak, le Darfour, etc., etc. Ce qui est pitoyable, c’est précisément l’ »etc. »
Orcusnf : Le travail sur la couverture est assez remarquable, quels ont été vos contacts avec Daylon, l’illustrateur ?
Thierry Di Rollo : C’est moi qui ai proposé Daylon à Jérôme. Et j’ai simplement dit à Daylon de faire ce qu’il voulait, dans le cadre et le ton des textes, évidemment. J’ai donc terminé l’un de mes courriels en lui recommandant ceci: « Essaye de te surpasser. » Je n’ai rien ajouté. Son talent a fait le reste.
Orcusnf : Quels sont vos projets en cours ?
Thierry Di Rollo : En cours, rien. Tôt ou tard, un deuxième polar pour Denoël. Pour le reste, je préfère ne pas en parler.
Orcusnf : En tout cas, merci de nous avoir accordé cette interview, un mot pour la fin ?
Thierry Di Rollo : Que ceux qui aiment sincèrement mes écrits continuent à me lire, c’est pour eux que je continue à le faire. Que les autres passent leur chemin.
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