Service de Presse
Kallocaïne est un roman de science-fiction dystopique écrit par l’autrice suédoise et réédité en ce mois de juin par FolioSF. Il est important de préciser que cette écriture fait suite à un séjour de l’autrice dans l’Allemagne en pleine montée du nazisme et que nous pouvons quand même nous dire que cette réédition est un peu plus d’actualité qu’elle n’aurait du.
Une société totalitaire, totalement contrôlée…
Léo Kall est chimiste dans une ville dont c’est la fonction principale. Il travaille dans cette société qui est totalement sous contrôle et où aucun mouvement n’échappe à l’œil vigilant de l’état… y compris dans la sphère la plus privée. La vie que mène est simple et totalement en ligne avec ce que l’état atteint de chacun des camarade-soldats qui le compose. Pourtant, il émet quelques doutes sur Rissen son chef, et notamment sur la relation que ce dernier pourrait avoir avec Linda, la femme de Léo. Ce léger doute déstabilise énormément notre savant.
Les paroles et les actions naissent des sentiments dt des pensées. Comment les individus pourraient ils encore les garder pour eux ? Chaque camarade-soldat n’est-il pas propriété de l’Etat ? Dès lors, à qui d’ature qu’à l’Etat ses sentiments et ses pensées pourraient ils appartenir ?
Le moment est clé pour l’état puisque Léo a réussi à trouver un produit qui permettre de garantir la fidélité et l’engagement total des habitants de ce pays : un produit qui permet de faire ressurgir, sans violence, les pensées les plus personnelles et les plus cachées. La découverte de cette molécule, la Kallocaïne, va révolutionner la société en donnant accès au seul lieu où l’Etat n’avait pas accès : les pensées de tout un chacun.
Sans aucune crise de conscience, le chimiste d’Etat fera les expériences nécessaires pour confirmer le bon fonctionnement du produit, et ce, grâce à des volontaires…
… et un roman très intime !
Contrairement à beaucoup de romans dystopiques, le titre Kallocaïne de Karin Boyle est très concentré sur le personnage de Léo Kall et les interrogations qu’il peut avoir en même temps sur le travail qu’il fait et ce qu’il peut apporter à la société et le questionnement qu’il a envers son couple et sa femme, notamment au travers de l’idée d’une attirance entre son chef et sa femme.
Nous ne savons que très peu de choses concernant la société en elle-même si ce n’est que le fonctionnement semble très fragmenté, avec des villes dédiées totalement à des métiers (chimistes, linguistes, …) et un cloisonnement de l’information particulièrement marqué.
On se montre si ingrat, songeai-je, si prompt à l’égoïsme et à la complaisance envers soi-même, alors que l’enjeu est tellement plus capitale que la satisfaction de quelques plaisirs personnels.
L’individu n’existe pas, comme dans de nombreuses sociétés dystopiques, sans que pour autant ces derniers ne semblent en souffrir. Comme si ce retrait d’une partie de la réflexion leur permet de pouvoir avoir une vie plus heureuse. Chacun s’en tient à son rôle, et cette répartition va très loin, certains des citoyens / citoyennes étant même des cobayes volontaires pour des expériences… A tel point qu’un camarade-soldat faisant partie de ce groupe de cobaye volontaire ayant des pensées personnelles d’inquiétude ou de questionnement se retrouve considéré comme coupable de jouer contre l’Etat.
Pour autant, le livre n’est pas dénué d’espoir avec une forme de résistance passive, comme si l’essence même de l’homme l’empêche de ne rester qu’un mouton dans un système qui broie l’individu.
Un roman riche qui pose réellement question, notamment sur les valeurs profondes qui nous animent, sur la rébellion qui peut se tapir tout au fond et ne demande qu’un élément pour s’exprimer.
Un roman qui ne me semble pas suffisamment connu…
Folio SF (Juin 2024) – 228 pages – 9,40 € – 9782073034526
Traduction : Leo Dhayer (Suède)
Titre Original : Kallocain (1940)
Couverture : Pascal Guédin
Dans une société où la surveillance de tous, sous l’œil vigilant de la police, est l’affaire de chacun, le chimiste Leo Kall met au point un sérum de vérité qui offre à l’État Mondial l’outil de contrôle total qui lui manquait. En privant l’individu de son dernier jardin secret, la kallocaïne permet de débusquer les rêves de liberté que continuent d’entretenir de rares citoyens. Elle permettra également à son inventeur de surmonter, au prix d’un viol psychique, une crise personnelle qui lui fera remettre en cause nombre de ses certitudes. Et si la mystérieuse cité fondée sur la confiance à laquelle aspirent les derniers résistants n’était pas qu’un rêve ?