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La tragédie de l’orque de Pierre Raufast

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La Trilogie Baryonique – 1/3

En mars dernier, les éditions aux Forges de Vulcain nous ont proposé de débuter en leur compagnie la trilogie baryonique de Pierre Raufast avec La Tragédie de l’Orque. L’occasion de voir un des futurs prospectifs, qui ne nous surprendra pas quant à ce que l’humanité a été capable de provoquer…

Une catastrophe écologique prévisible…

Voilà ce que nous propose Pierre Raufast en préambule de l’aventure que nous allons vivre en sa compagnie. Nous sommes en 2173 et le moins qu’on puisse dire est qu’il nous a fallu beaucoup de temps et de catastrophe pour tenter de trouver des solutions « écologiques ». Ah… Mais non, cela n’a pas fonctionné, et l’humanité a poursuivi la destruction de la planète jusqu’à provoquer une vraie migration climatique condamnant plus de 4 milliards d’hommes et de femmes à la mort.

Les zones où il est possible de vivre sont désormais limitées et des zones inhabitables aujourd’hui comme la Sibérie sont les lieux de production des meilleurs vignobles (ça plante un décor quand même). Dans ce nouveau monde, la fusion nucléaire est devenue une réalité, permettant une source d’énergie relativement propre et permanente… Par contre, pour pouvoir en bénéficier, il faut signer un pacte, l’EPON (Energy Pact Of Nation) qui, contre cette énergie implique une perte de souveraineté.

Dans ce cas, pas besoin de se rationner ! Non seulement l’espoir fait vivre, mais il nous permet en plus de picoler ! De quoi se plaint-on ?

De ce fait, des opérations sont déclenchées, vers l’espace, pour trouver des gisements d’antimatière pour permettre de redonner une dynamique au progrès scientifique qui a souffert de résultats de nombreuses recherches, la plupart indiquant l’atteinte d’un plafond de verre… Des mineurs d’espace-temps sont donc envoyés sur des missions pour tenter de trouver ce graal au travers de petits vaisseaux appelés des Orques (l’explication vous en sera faite dans le récit).

… et des voyageurs / voyageuses en danger !

Dans ces voyages, les risques sont contrôlés, et les différentes intelligences artificielles, secondées par des chercheurs et chercheuses, sécurisent chacun des voyages. Pour voyager loin, il faut faire des trous dans l’univers, un petit trou noir, on passe (et ça secoue), puis on referme le trou. Simple. Efficace. Pourtant, un incident va se produire sur l’Orca-7131, sous le commandement Sara, accompagnée de Slow. Le passage va se faire, mais les conséquences du passage seront relativement dramatique. Durement abîmé, le vaisseau ne sera pas en mesure de revenir par lui-même.

Sur Terre, difficile de voir les conséquences de cet incident : les deux organisations (l’Agence et l’Institut) s’opposent dans les actions à mener et dans la façon de procéder, avec une aggravation pour la prise de décision du fait de fuite d’information, et des news (fake et réelles) qui se répandent quant au risque lié au trou noir non refermé de l’Orque…

Au-delà de cette opposition sur Terre, la demande d’intervention d’un deuxième Orque (l’Orca-7013) de Tom et Youri, n’est pas encore accepté par les deux hommes : le risque d’échec est important et Youri est proche de sa retraite, avec un poste qui l’attend tout comme sa famille.

De nombreuses thématiques pour cette aventure rythmée !

Le premier point à noter dans le récit de Pierre Raufast, est la violence des premiers constats faits sur les missions des Orques. L’auteur au travers de ces personnages nous fait bien comprendre que ces voyages dans l’espace, au travers de trous de ver, ne sont que des moyens d’occuper l’espace car la probabilité de trouver l’antimatière est pratiquement nulle… L’espoir résiderait plutôt dans la recherche d’une autre planète, mais cette dimension là semble bien secondaire.

Cette fatalité quant à la capacité de trouver l’antimatière est bien marquée par le personnage de Youri qui a le sentiment de partir à la retraite sans avoir eu à son actif une réalisation importante pour l’humanité et qui perd de ce fait toute motivation pour sa dernière mission…

Mais ce n’est pas la thématique qui m’a semblé la plus intéressante. Dans ce monde futuriste, les Intelligences Artificielles sont partout, et ce malgré une limitation qui a été apportée par une scientifique des années auparavant : elles ne pourront pas s’affranchir des hommes et femmes pour répondre à leurs enjeux. Cela se voit notamment avec le métier de Ness (Femme de Slow) qui accompagnent les Sofias entre autres (IA du quotidien) à décoder certains propos humains pour réussir à les interpréter convenablement. Cette relation à l’intelligence artificielle est aussi remontée par un autre personnage, Diego, qui, dans un esprit qu’on taxerait assez facilement de complotiste, questionne sur les déviations et la manipulation dont seraient victimes les populations.

Autre question au centre de l’histoire, la constitution de la cellule familiale. Sara est mariée à Ness et elles ont une fille Mia. Cette cellule familiale ne pose aucun problème dans sa composition mais interpelle par le choix du parent de privilégier sa carrière plutôt que sa famille. Un questionnement qui tourne aussi autour du destin et la place que prennent les parents dans la trajectoire de leurs descendants.

Reste que ce premier volume se suffit à lui-même, tout en nous promettant pour demain un rebond intéressant, qui nous permettra de mieux comprendre les complots et manigances que nous ressentons tout au long de l’histoire.

Aux Forges de Vulcain (03 mars 2023) – 368 pages – 20 € – 9782373056792

2173. L’humanité se remet progressivement de la grande migration climatique qui a décimé sa population. Le progrès scientifique est au point mort.

Seule perspective possible : mettre la main sur les gisements d’antimatière qui doivent se cacher quelque part dans l’espace. A cette fin, des mineurs d’espace-temps génèrent des trous de ver pour explorer les strates de l’Univers.

Sara et Slow sont ainsi embarquées dans le module Orca-7131. Mais une avarie improbable transforme cette mission de routine en catastrophe. Une expédition de la dernière chance s’organise alors – une tentative de sauvetage qui va peut-être marquer le retour de la denrée devenue la plus rare : l’espoir.


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