Le Bouffon de la Couronne – Tome 1/2 – Service de Presse
En ce mois de mars, les nouvelles éditions ActuSF nous proposent un premier roman de Thibault Lafargue. Dans ce récit dense, le jeune auteur nous fait suivre le parcours de Sébrain, un destin qui va basculer rapidement
Elevé dans la religion du Triste…
La religion du Triste est omniprésente dans le royaume et au château de Belle-la-Ménure. Au sein de cette religion mettant au cœur, la tristesse, les Éplorés accompagnent les croyants et croyantes dans la gestion de leurs larmes. Sébrain est l’un de ses Éplorés, un jeune homme métis, aux racines se situant entre la Ponance et la Levance, deux pays en guerre, le rendant étranger partout. Son acceptation au sein de la communauté est probablement sa chance pour faire quelque chose de sa vie.
Un bouffon est en dessous du peuple, mais au-dessus du roi. Il se situe dans cette folie que les nobles jalousent autant qu’ils la détestent. Amuse le roi et tu amuseras la cour. Alors, tu seras l’être le mieux loti du château, sois-en sûr !
Au cours de son apprentissage, le jeune garçon apprendra déjà à voir l’envers du décor, l’envers de ces pleurs servant à acquérir des avantages ou une visibilité.
Vouant sa vie à représenter cette religion où plaisir et joie sont à bannir, il se retrouvera malgré lui piégé au cours d’un repas important…
En effet, cette guerre entre la Ponance et la Levance est sur le point de pouvoir se résoudre… Le Roi Saintelarme est prêt à de grands sacrifices, parmi lesquels marier sa fille, pour permettre d’arrêter cette animosité qui ne rime à rien.
C’est au cours de ce repas que Sebrain verra son destin basculer définitivement !
… Il devra apprendre à faire rire…
En effet, alors que tout se passait pour le mieux, un événement provoqué va entraîner un changement de cap dans la vie de Sébrain. Au cours du premier repas dans le processus de paix entre les deux pays, un fait entraînera des conséquences insoupçonnées pour le jeune homme : dans l’impossibilité de justifier autrement que par la bouffonnerie, le Roi renomme le jeune éploré Bouffon de la Couronne.
Qui fait rire le roi fait trembler la cour.
Tirelangue, nom qui sera désormais le sien, vient de faire son apparition à la cour ! Et rien n’est simple lorsque l’on est Bouffon. Cela commencera par un apprentissage qui est loin d’être évident pour celui qui fut élevé dans la mise en avant de la Tristesse. Les cours que lui prodiguera une ancienne bouffonne l’aideront à comprendre les enjeux qui sont désormais les siens : faire rire ou disparaître. Ce n’est pas les seules difficultés auxquelles devra faire face le nouveau « Clown » de cette cour : dire toutes les vérités permet au Roi de garder les pieds sur terre mais permet aussi à Sébrain de mettre en avant les machinations qui entourent un souverain en grand danger.
… pour un premier roman passionnant !
Dès la couverture, nous pouvons voir le regard de ce Bouffon, sur un trône vide et avec une attitude blasée qui en dit long.
Pour un premier roman, c’est une vraie réussite ! Thibault a réussi à planter un univers riche, s’appuyant pour nous le faire découvrir, sur un personnage qui se trouve être entre les deux mondes qui s’affrontent.
Dès les premières pages, le destin du jeune Sébrain nous passionne et nous sentons dès la première « confession » qu’il lui faudra faire fi d’une forme de naïveté pour contourner les obstacles de cette société. Cette naïveté, il va s’en affranchir au fur et à mesure de la découverte des différents complots et machinations qui entourent le Roi.
Pour ceux qui ne connaissent que peu la figure du Bouffon, l’auteur nous permet d’en connaître une autre facette : celle d’une figure de cour qui permet de lever un peu la solitude du Roi, celui qui permet de faire sauter les tabous, celui qui permet de révéler l’envers du décor. Une figure qui est en danger permanent et qui doit savoir manier la langue et l’esprit pour naviguer dans les eaux troubles de la politique.
La figure du Roi est aussi centrale. Ici, Saintelarme va devoir lui aussi nager en eaux troubles pour permettre à son peuple et à celui de la Levance d’atteindre une paix durement acquise. Cela implique d’accepter « l’autre », notamment en permettant la mixité. Cette question de la mixité, racisme endémique de toute société, que nombreux et nombreuses semblent définitivement rejeter…
Oui le récit de Thibault englobe toutes ces dimensions et bien plus encore. J’ai été totalement happé par le destin de Sebrain, entraîné aussi par un style très visuel, probablement lié au métier de scénariste de l’auteur. La deuxième partie de ce dyptique est attendue pour fin 2026 ou tout début 2027. Une attente qui peut paraître longue mais justifiée si la fin est au niveau du début :).
Les Nouvelles éditions ActuSF (11 mars 2025) – 642 pages – 24,90 € – 9782376866800
Couverture : Hervé Leblan
Un bouffon est en dessous du peuple mais au-dessus du roi. Amuse le roi et tu amuseras la cour. Alors, tu seras l’être le mieux loti du château
Il en faut des hasards du destin pour que Sebrain, jeune homme dédié à la religion du Triste, devienne Tirelangue, le bouffon du château de Belle-la-Ménure. Suite à une terrible maladresse lors d’une rencontre diplomatique, il se voit nommé « bouffon » par le roi afin d’éviter un désastre. Ce mensonge le propulse au cœur des intrigues de la cour, où il découvrira à ses dépens la règle d’or du métier : un bouffon qui ne fait pas rire est un bouffon en danger…
Scénariste et réalisateur de cinéma, Thibault Lafargue propose ici un premier roman de fantasy passionnant, qui entremêle complots, trahisons et personnages complexes, dans un Moyen Âge désenchanté, où le rire pourrait bien être l’arme la plus dévastatrice.
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