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Visqueuse de Morgane Caussarieu

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Service de Presse

Depuis plusieurs années maintenant, Morgane Caussarieu nous permet de redécouvrir les créatures les plus sombres de notre bestiaire. Aux éditions Au Diable Vauvert, elle nous a proposé une nouvelle version de Dans les veines autour des vampires,avant de se pencher dans Vertèbres sur le loup-garou. Dans Visqueuse, c’est autour de la Sirène – ou de la Vouivre – de se voir revisiter pour notre plus grand plaisir.

Rendez-vous en Franche-Comté !

Franche-Comté, probablement fin des années 1920. Alors qu’il est en train de pêcher, Arsène aperçoit une femme en train de se baigner, à moitié nue, sur le bord du marais. La voyant disparaître dans les eaux troubles, le père de famille va plonger pour tenter de la sauver et arrivera à la remonter à la surface.

C’est là qu’il découvrira que la femme est entièrement nue et a la particularité d’avoir une queue de poisson. Ne voulant pas partager sa découverte avec le reste du village, il enfermera la créature dans son sous-sol et s’appuiera sur sa famille pour garder le secret et, surtout, pour s’occuper d’elle.

C’est là que nous allons découvrir le reste de la famille à commencer par Huguette, surnommé Huguette-La-boiteuse, sa fille. Handicapée donc, la jeune fille est vicitime quotidiennement de la maltraitance de ses camarades, sous l’oeil complice d’un père qui ne lui trouve aucun intérêt. La jeune fille représentait jusqu’à présent le seul « monstre » du village. Elle n’a que peu de soutien, si ce n’est celui d’un commerçant amateur de films qui lui permet de découvrir des films… sur les monstres !

A la différence de celui des autres filles, intact, son corps cabossé semblait appartenir à toute la classe.

Développant une vraie passion pour les Freaks, la jeune femme va s’attacher à la Vouivre et essaiera de contribuer à l’aider, là où le père, d’abord intéressé par le trésor légendaire avant de céder à des instincts plus basiques.

Les monstres ne sont toujours pas ceux qu’on croit…

Une fois n’est pas coutume, Morgane Caussarieu s’intéresse aux Freaks et aux monstres. Je différencie réellement les deux car les principaux monstres ne sont pas ceux qu’on croit.

Vous l’aurez compris très rapidement, Mélusine, la Vouivre ou Sirène, va se retrouver aux mains d’Arsène et soumise à tous ses désirs. Si au début, le seul intérêt qu’y voit l’homme est le trésor promis, le père de famille va rapidement s’approprier le corps de la créature, entièrement à sa merci. On pourrait penser que la femme de famille pourrait y mettre une forme de Ola, mais l’intérêt pour la sirène éloigne l’intérêt pour elle-même. Car il faut bien comprendre que le padre a une emprise totale sur sa famille et ne tolère aucune concurrence. Le « Mâle » dans ce qu’il a de plus masculiniste, refusant toute forme de concurrence, y compris d’un point de vue « animal ».

Les gens n’appréciaient la monstruosité que si elle s’inscrivait dans des cases connues.

Les femmes qui sont dans son cercle lui appartiennent, et il se sent libre d’en faire ce qu’il veut, comme en témoigne en outre le handicap de Huguette. Ce n’est pas le seul homme d’ailleurs qui considère les femmes comme une propriété, on retrouvera le même phénomène notamment à l’aquarium.

Et dans ces histoires, les femmes subissent beaucoup. A commencer donc pas Huguette, qui subit les brimandes depuis bien avant le début de cette rencontre, étant la freak, la personne différente, non défendu par ailleurs par sa famille. Elle développera notamment une empathie particulière pour Mélusine. Elle va d’ailleurs développer une plus grande proximité avec la créature qu’avec sa famille, probablement aussi de la familiarisation avec les films sur le sujet comme Frankenstein ou encore L’île du docteur Moreau.

… Et un style qu’on redemande !

Roman après roman, Morgane confirme qu’elle est devenue une des plus grand voix du fantastique français.

La construction du récit, alternant avec des descriptions des différentes créatures de nos folklores, sur le mode « encyclopédique » permet de temporiser et de nous laisser le temps d’absorber l’histoire.

L’image donnée des personnages masculins est loin d’être flatteuse et j’ai eu l’impression qu’au bout de quelques chapitres, la vision masculine s’effaçait totalement au profit de la vision féminine de l’histoire. Naviguant dans une histoire prenant racine sur les légendes de nos terroirs, Morgane sait dans le même temps le raccrocher à des problématiques modernes, comme l’écologie qui apparaît à un moment clef de l’histoire.

Et on ne pourra qu’apprécier le clin d’oeil à Damian que les lecteurices habituels de Morgane connaissent bien.

Un roman de l’autrice qui est simplement immanquable.

Editions Au Diable Vauvert (Octobre 2024) – 406 pages – 22 €
Illustrations : Morgane Caussarieu

La capture d’une étrange sirène des marécages, aussi fascinante que monstrueuse, fait basculer la vie d’Arsène. Séquestrée dans une cave, la créature va devoir survivre hors de l’eau, dans le monde impitoyable des hommes. Elle sera l’objet de toutes les convoitises, jusqu’à attirer l’attention d’une nonne-naturaliste.


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