Retrouvez l’actualité des littératures de l’imaginaire (Science-Fiction, Fantastique, Fantasy, et autre) ainsi que des interviews de celles et ceux qui les construisent.

Interview : Alan Spade

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Alan nous a proposé la lecture de son recueil et Dilvich l’a grandement apprecié… Nous avons donc décidé d’en apprendre un peu plus sur un jeune auteur qui, espèrons-le, sera très prochainement plus connu !

Allan : Comme peu de monde te connaît pour l »instant – mais il est certain que cela va changer, j »en suis sûr – pourrais-tu te présenter à nos visiteurs ?

Alan : Eh bien, j »ai 34 ans, suis marié et heureux père d »une petite fille de huit mois. Ma vie professionnelle tourne autour de mes passions, puisqu »en plus d »être auteur, je suis journaliste spécialisé dans les jeux vidéo, aussi bien sur PC que sur console (j »ai notamment été chef de rubrique du magazine PC Team). Avant ça, j »ai fait des études de lettres modernes à Aix-en-Provence puis de journalisme à l »ESJ de Paris. Je suis actuellement en pleine reconversion et prépare différents concours d »entrée dans la fonction publique.

Allan : Quels sont les auteurs et les livres qui t »ont marqués en tant que lecteur ?

Alan : Il y en a pas mal. J »ai une culture très classique : en philosophie-sociologie, je dirais Les Essais, de Montaigne, l »Emile de Rousseau et plusieurs livres issus de la Comédie humaine, de Balzac. Voilà pour le côté  » intello « . Sinon, j »adore les récits épiques : l »Iliade et l »Odyssée, d »Homère, l »Enéide, de Virgile, Salammbô, de Flaubert. Les romans d »aventure ne me laissent pas non plus indifférent : je me suis plongé avec délices dans La Chartreuse de Parme de Stendhal, l »Ile au trésor, de Stevenson ou le comte de Monte-Cristo de Dumas.

J »ai beaucoup lu Jules Verne, l »un des précurseurs de la SF. Cinq semaines en ballon et Voyage au centre de la terre me sont plus particulièrement restés en mémoire, mais il y en a tellement… Outre Jules Verne, l »auteur de SF qui m »a le plus marqué est incontestablement Asimov et son cycle de Fondation. Bien sûr, le cycle de Dune de Franck Herbert est également inoubliable, et j »ai été impressionné par la créativité et l »exotisme de Vance dans son cycle de Tschaï.

Dans le domaine du fantastique, je citerais Charlie, de Stephen King, pour les émotions poignantes qu »il m »a fait vivre.

Je ne serais pas très original non plus en disant que le livre que je place au-dessus du lot est tout simplement Le Seigneur des anneaux de Tolkien, notamment parce qu »il m »a fait découvrir le concept de livre-univers, concept qu »il a poussé plus loin que quiconque avant lui. Il m »a fait voyager dans la terre du milieu et partager les aventures des différents protagonistes avec une ferveur rarement éprouvée.

Allan : De quels auteurs contemporains te sentirais-tu proche ?

Alan : Je me sens proche de feu  » le professeur  » Asimov car il y a dans son Œuvre une certaine philosophie humaniste à laquelle j »adhère. De même, je suis très sensible à la manière qu »a Robert Jordan de développer la psychologie de ses personnages dans son cycle de la Roue du Temps, et particulièrement les relations homme/femme. De manière générale, je me sens des affinités avec les auteurs qui s »impliquent à fond dans leurs Œuvres ou dans leurs personnages, comme Howard, Lovecraft, Tolkien ou Robin Hobb, plus récemment.

Allan : Espace et Spasmes est publié par les éditions de la Fondation Littéraire Fleur de Lys ; est-ce par choix que tu t »es fait éditer au Canada plutôt qu »en France ?

Alan : Nul n »est prophète en son pays ! Je plaisante. J »aime bien le Québec, mais si j »ai choisi la Fondation Littéraire Fleur de Lys, c »est pour un motif principalement pragmatique. C »est l »un des rares éditeurs à présenter le contrat qu »il propose aux auteurs sur son site Internet (NdW : vous pouvez le voir ici), et le contrat en question ne me paraissait pas contraignant : je peux le résilier à tout moment, je conserve mes droits d »auteur et je n »ai aucune obligation de faire paraître d »autres ouvrages chez cet éditeur. Je n »ai rien contre le droit de préférence, mais dans mon esprit celui-ci doit aussi entraîner des devoirs chez l »éditeur : l »auteur accorde sa préférence à un éditeur parce qu »il sait que celui-ci prend des risques financiers et se bat pour que ses ouvrages soit reconnus. Dans le cas de l »édition en ligne, le droit de préférence est à mon avis à proscrire car les auteurs publiés sont trop nombreux pour que l »éditeur puisse effectuer les efforts de promotion adéquats pour chaque auteur.

Allan : La recherche d »un éditeur « en ligne » se déroule-t-elle de la même façon que les maisons d »éditions plus « traditionnelles » ?

Alan : C »est différent car des éditeurs comme Le manuscrit ou la Fondation littéraire Fleur de Lys présentent leur contrat en ligne. On peut donc comparer rapidement alors que les maisons d »édition traditionnelles (qui possèdent pourtant leur site) ne présentent aucun modèle de contrat à destination des nouveaux auteurs. Je dirais que le travail d »enquête préalable est peut-être plus important pour les maisons d »édition traditionnelles. Il faut savoir où l »on va, même si en la matière il est difficile d »acquérir des certitudes.

Allan : Ton recueil n »a pas laissé indifférent Dilvich. Comment te sens-tu globalement face à la critique : te sens-tu anxieux en attendant le retour des chroniqueurs ou journalistes ? Ou tout cela te laisse-t-il indifférent ?

Alan : Je suis anxieux de nature, donc ça ne fait qu »une angoisse de plus… Quand on débute, il n »est pas si évident d »obtenir ce qu »on pourrait appeler des  » avis autorisés  » : les directeurs de collection sont trop souvent débordés. L »avis des passionnés et des connaisseurs est donc primordial pour moi. On pourra dire que je manque de confiance en moi, mais je subis également l »influence du domaine des jeux vidéos où les développeurs se servent des avis et remarques des fans pour améliorer leurs jeux. Ayant moi-même été critique dans ce domaine, je crois savoir distinguer ce qui est constructif de ce qui ne l »est pas. De ce côté-là, je n »ai pas eu à me plaindre jusqu »à présent…

Allan : Il semble bien que tu accordes beaucoup d »importance aux rapports entre humains… La SF te sert-elle juste de prétexte pour montrer les évolutions des rapports humains ou leur non-évolution ?

Alan : Je suis fasciné par les évolutions de la science et ses applications technologiques. Je fais partie des gens qui pensent que l »avenir de l »humanité passera par la conquête spatiale. Pourtant, de manière ambivalente, j »ai parfois eu l »impression que  » le plus froid des monstres froids  » n »était plus l »Etat mais la science et la technologie. Alors que science et technologie ne sont normalement pas des fins, mais doivent servir l »homme. C »est peut-être pour ça qu »inconsciemment j »ai replacé l »humain au cŒur de mes nouvelles. L »aspect technologique a beau être fascinant en lui-même, il l »est plus encore quand il nous renvoie à nos démons ou à nos qualités intrinsèques. Evidemment, c »est très personnel, comme point de vue.

Allan : Pourquoi avoir d »ailleurs fait le choix de la SF : uniquement par préférence, par goût ou pour une raison plus profonde du fait de la possibilité de mettre en perspective le présent ou autre ?

Alan : La SF permet en effet de mettre en perspective le présent. Cela dit, c »est avant tout par goût personnel que j »ai choisi la SF. J »avais eu une expérience difficile avec un roman de fantasy resté sous forme de manuscrit et j »ai décidé d »écrire d »abord quelques nouvelles SF, puis de les relier sous forme de livre. Ce n »était pas un choix rationnel mais une décision instinctive, venue du cŒur. A l »époque j »étais aussi sous l »influence d »une excellente série de SF : Star Trek Deep Space Nine.

Allan : De même, tu reprends des sujets déjà traités auparavant mais en y ajoutant ta « patte » et ton style : ce qui m »amène à une discussion qu »il y a eu sur le forum… A ton avis, tout a déjà été inventé en SF et la différence se situerait au niveau de son « traitement » comme certains le pensent ou reste-t-il encore des choses à inventer ?

Alan : Pour savoir si tout a été inventé en SF, il faudrait d »abord définir ce qu »on entend par  » nouvelles inventions « . Par exemple, quand dans son cycle des Fondations Asimov invente la psychohistoire, il mêle physique quantique et statistiques qu »il applique au devenir de l »humanité. Donc, il se sert d »éléments déjà existants mais découverts récemment (la physique quantique) pour créer quelque chose de nouveau, en ayant une vision transversale qui n »est pas celle du spécialiste. La science procède en partant de l »acquis pour échafauder des hypothèses qu »elle vérifie ensuite par des calculs ou des expérimentations. Les vérifications et validations en moins, cette démarche peut aussi être celle de n »importe quel auteur de science-fiction, et donc je répondrai : tant que la science évoluera il sera toujours possible de renouveler la science-fiction. A condition de se tenir au courant des derniers progrès et de ne pas hésiter à extrapoler. La science devenant toujours plus pointue, l »auteur de SF doit être un grand vulgarisateur. Ce n »est pas donné à tout le monde d »imaginer (comme le faisait aussi Jules Verne) des postulats très audacieux, attractifs et reposant sur une base scientifique.

Je le reconnais, la SF d »Espace et Spasmes est nettement moins ambitieuse car elle repose sur le bon sens. Par exemple, en observant la tendance de notre société à être de plus en plus médicalisée, il m »a semblé naturel d »imaginer un monde (celui d »Entre deux feux) où des capteurs analyseraient en permanence l »état de santé des gens, la composition moléculaire de l »eau étant modifiée à chaque fois qu »un virus ou une bactérie est identifié afin de pouvoir l »éliminer. On est là dans une anticipation assez modeste, qui sert davantage de cadre où se déroule l »histoire. Evidemment, je suis loin d »être sûr d »être le premier à avoir eu cette idée…

Allan : As-tu en tête ou sur papier des nouvelles histoires à nous raconter et si oui, as-tu déjà trouvé ton éditeur (ou restes-tu chez le même éditeur) ?

Alan : J »ai en tête un roman de science-fantasy (logique, après avoir abordé la fantasy et la science-fiction 😉 ) qui devrait être, s »il se fait un jour, assez long. Je n »ai pas pour l »instant trouvé de nouvel éditeur mais je ne resterai vraisemblablement pas chez mon éditeur actuel.

Allan : As-tu d »autres projets en cours ?

Alan : Oui, et notamment la réécriture complète de mon premier roman de fantasy.

Allan : Nous as-tu rendu visite et si oui, que penses-tu de notre site ?

Alan : Oui, je vous rends visite régulièrement. Je trouve la navigation très rapide et efficace. Le travail que vous effectuez sur les dernières parutions est précieux pour se faire une idée de ce qui sort. Votre site ma donné envie de mieux connaître les ouvrages d »autres auteurs français de SF et de fantasy.

Allan : Que peut-on te souhaiter pour la suite ?

Alan : De trouver mon public et de pouvoir en vivre, tout en conservant intacte la passion des débuts.

Allan : Le mot de la fin sera :

Alan : Gardons l »esprit ouvert et foi en l »avenir.


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