Nous avons pu discuter avec Pierre-Louis a l’occasion de la parution du premier volume de Spiris… A défaut de l’avoir rencontré au Salon du Livre de Paris !! Merci à lui pour cet échange
Allan : Avant toute chose, il va falloir passer par l’éternelle présentation qui nous permet toujours de mieux situer un auteur 😉 – Acceptes-tu ce périlleux exercice ?
Pierre-Louis : Avec plaisir. Je suis un passionné de lecture et d’écriture. J’écris des contes depuis l’enfance. Je crois que ceux qui écrivent sont souvent des grands lecteurs. Depuis plusieurs années, je travaille dans une société de haute technologie.
Allan : Si on regarde Spiris, et bien que nous le classions en Fantasy (Fantastinet n’a pas été le seul à le faire 😉 ), on a quand même l’impression que le livre se rapprocherait plus d’un essai – romancé certes – . Le seul élément « Fantasy » qu’on trouve est en fait cette absence de définition temporelle et les aspects géographiques, politiques et culturels de ce monde : cela ne te gêne-t-il pas que le roman soit classé en Fantasy ?
Pierre-Louis : Bien au contraire, la Fantasy est un allié puissant et un formidable creuset d’idées nouvelles. Einstein ne disait-il pas que « l’imagination est plus puissante que la connaissance » ? C’est par la lecture d’un roman d’anticipation, « La nuit des temps » de Barjavel, qu’un ingénieur nommé Roland Moreno a eu l’idée de créer la carte à puce que chacun de nous possède maintenant dans son portefeuille ou dans son téléphone portable.
En fait, j’avais envie d’écrire le livre que je voulais lire. Ce monde imaginaire est le creuset des aventures de Spiris. Le personnage va partir en quête de lui-même pour parvenir à donner un sens à son existence. C’est vrai que grâce à la Fantasy, on peut faire passer des messages qui trouveraient aussi leur place dans un essai. Mais je l’ai dis, je préfère raconter des histoires.
Ce roman qui se situe bien avant les civilisations connues de l’antiquité, peut tout à fait se transposer à l’homme moderne. Cependant, dans notre société moderne, les sens tombent en déliquescence. Or le moteur de l’homme ne peut avancer qu’à l’essen-tiel. Nous devons créer du sens, donner du sens à nos paroles, à nos actes et non pas reproduire celui des autres. Nous devons prendre place en nous-mêmes, pour être véritablement à notre place. L’imagination, étant en cela, un formidable levier.
Allan : Te revendiques-tu ce genre ?
Pierre-Louis : C’est exactement le thème du livre. La Fantasy permets de s’évader dans un monde imaginaire. Nous oublions nos repères, nous lâchons prise avec le quotidien et à un moment, cela nous permets d’entamer un dialogue avec notre inconscient, notre identité la plus profonde. Et l’inconscient en retour, nous envoie des signes. Lacan ne disait-il pas que « l’inconscient est structuré comme un langage » ?
Allan : Ce qui est intéressant à noter tout de même, est que les Editions Quintessence ont pris appui sur ton cycle pour lancer une nouvelle collection – Roman Initiatique – : quel effet cela fait-il d’être un « précurseur » ?
Pierre-Louis : Les Editions Quintessence sont spécialisées dans les essais de développement personnel. Avec Spiris, ils ont eu un coup de cŒur et c’est la première fois qu’ils éditent un roman. Je les remercie de tout coeur car c’est toujours un pari risqué que de lancer une nouvelle collection. De plus, ils sont actuellement à la recherche d’un illustrateur (ou illustratrice) pour réaliser une BD des aventures de Spiris. Avis aux amateurs !
Allan : Le personnage de Spiris n’est pourtant pas nouveau en soit : que ce soit l’enfant abandonné qui se cherche, ou la découverte du « monde » par un être naïf sont des thèmes maintes fois abordés… N’as-tu pas peur que cela porte préjudice à ton message donnant un vague sentiment de déjà vu ?
Pierre-Louis : Ne sommes-nous pas tous des candides face à la découverte du monde ou de soi ? C’est-à-dire des candidats à la connaissance, donc à mieux nous connaître.
Allan : Cela n’est que jouer l’avocat du diable parce que je n’ai pas eu ce sentiment de déjà lu (plutôt que déjà vu :p) au cours de la lecture : cela as du être une Œuvre de longue haleine ?
Pierre-Louis : Ce fût en effet une longue traversée avec des calmes plats, quand je ne pouvais pas trouver le temps d’écrire, et des bourrasques, où l’imagination va plus vite que le clavier de l’ordinateur. Cela m’a demandé quatre longues années pour écrire un roman de 350 pages, mais ce temps a été nécessaire à la maturation des personnages. En créant ce monde imaginaire, on en ressort différent. Les retours des lecteurs me confirment que l’on ne sort pas tout à fait « le même » après avoir voyagé avec Spiris. Les lecteurs sont peut être bousculés par les épreuves initiatiques traversées par le héros. Un témoignage qui m’a bouleversé, m’a été donné par Franck, une personne en mal de vivre, qui pensait plus à la mort qu’à la vie et qui a trouvé des repères dans Spiris pour se relever et repartir de l’avant.
Allan : L’ensemble est basé sur la découverte de son soi profond avec un refus marqué pour tout ce qui est image imposée par les autres… Il ne s’agit pas seulement d’un roman, tu penses que ton message à une chance de passer à une époque où l’individu n’existe que par rapport à sa capacité à consommer ?
Pierre-Louis : Il faut savoir consommer à bon escient dans cette société de consommation sans lui laisser la possibilité qu’elle nous consomme. Quand les besoins alimentaires, puis matériels sont assouvis, l’homme parfois sent poindre une insatisfaction. Il comprends que la quête du désir est sans fin. Parce que notre société de consommation propose sans cesse des produits parfois très utiles mais souvent inutiles et superflus. Saint Augustin disait, « le secret du bonheur est de désirer ce que l’on a ». Celui qui s’en rends compte, se remets en question. Tous les signes extérieurs de richesse sont peut-être la preuve d’une certaine réussite dans La vie. Mais leur propriétaire a-t-il réussi Sa vie ? Et de quoi est-il réellement propriétaire ? Si la mort survient à l’improviste, il ne peut rien emmener de tous ses biens. En fait, chaque homme est bien plus que l’inventaire de ses biens matériels. Comment prendre un peu de distance avec ces objets de consommation ? Comment s’en détacher pour s’attacher à sa tâche ? C’est-à-dire développer ses propres signes intérieurs de richesse. L’homme sait qu’il lui faut devenir véritablement soi-même et non plus demeurer un simple reflet du regard des autres. Comment aller plus loin … en soi ? C’est la quête suivie par Spiris.
Allan : Au final, ce sont deux élèves que nous allons suivre, Spiris et Leylane… Le choix d’un couple te semblait important ?
Pierre-Louis : Dans l’homme il y a une part de féminité. Dans la femme, il y a une part masculine. C’est l’anima et l’animus développé par C.G. Jung. Dans le livre, Spiris est un orphelin, recueilli par des bohémiens qui cherche à revoir ses parents et Leylane, une jeune fille de bonne famille qui a fui ses parents. Tous deux vont se retrouver pour franchir ensemble les degrés initiatiques et gravir ensuite la montagne sacrée du Kandhsamra…
Allan : Ta façon d’écrire donne une dimension supplémentaire au roman : alors pour quelqu’un travaillant dans la haute technologie, le style étonne (eh, oui, les vieux clichés) et détonne : est-ce forcé ou non ?
Pierre-Louis : J’essaye simplement de rester moi-même là où je me trouve.
Allan : Ton livre ne rencontre que des critiques positives (en tout cas, je n’en ai pas vu de négative).. Quel effet cela fait-il ? Soulagement ou le retour de la presse t’indifférait ?
Pierre-Louis : Au début, j’écrivais pour moi. Maintenant, beaucoup de lecteurs et de critiques de la presse attendent le Tome II. Cela constitue un fantastique encouragement. Spiris est une aventure permanente car j’échange beaucoup avec les lecteurs lors de rencontres dans des librairies ou conférences. Et puis, je m’isole à nouveau pour écrire. Je me mets à couvert pour porter mes personnages imaginaires à découvert. Si je connais la trame générale du Tome II, « Spiris, le Faiseur de Foudre », Spiris est imprévisible et je ne sais pas toujours où il va m’emmener.
Allan : Tu annonces déjà la suite pour Noël et un troisième volume : Le troisième volume sera-t-il la conclusion du cycle ?
Pierre-Louis : Le Tome II devrait sortir pour Noël. Pour le Tome III, j’ai des idées en tête, mais je garde le mystère même s’il constituera effectivement la fin du cycle.
Allan : En dehors de Spiris, as-tu d’autres projets ,
Pierre-Louis : Spiris est déjà une sacrée aventure en soi et j’y consacre une bonne partie de mon temps libre.
Allan : Comment nous as-tu connu et qu’est-ce qui t’a donné envie de nous accorder une interview ?
Pierre-Louis : En lisant des interviews d’autres auteurs Fantasy, je suis arrivé sur votre site et je dois dire que votre rôle est primordial, celui de mettre en avant tous ces auteurs.
Allan : Que peut-on te souhaiter ?
Pierre-Louis : De continuer à m’abreuver à ma source d’inspiration. Et que celle-ci demeure intarissable.
Allan : Le mot de la fin sera :
Pierre-Louis : Si tu veux suivre Spiris, laisse de côté tout ce que tu connais et embarque pour un monde inconnu… qui dort peut-être aussi au plus profond de toi.
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