Réalisée par :mail
Date :octobre 2004
Pour la sortie de son dernier roman – orienté SF – Les Gardiens dAleph Deux, Colin a accepté à répondre à nos quelques petites questions…
Allan : Tout dabord, je voudrais savoir en tant que lecteur les livres qui tont marqué et qui tont poussé vers lécriture de livres de SF ou de fantasy ?
Colin : Jai commencé à lire de la SF vers 12-13 ans et, à 14, jai lu le Seigneur des Anneaux
Cest avec un incroyable manque doriginalité que je dois dire que cest certainement Tolkien qui ma donné envie décrire. Je me suis donc toujours efforcé que cela ne se voit pas trop
Jai commencé à écrire à 16 ans (en cours de français) à lépoque où je connaissais le Silmarillion par cur ou presque, et où je pratiquais assidûment Dongeons et Dragons.
Allan : Quel a été le parcours qui a conduit à la publication de la Reine de Vendôme (aux éditions Mnemos) ?
Colin : Eh bien voilà : jai commencé à écrire à 16 ans. Jai recommencé à 20 et je ne me suis plus vraiment arrêté depuis. Jécrivais surtout des nouvelles (SF et autres) et des sagas fleuves (SF et heroïc fantasy). Jamais véritablement un roman. Alors à 30 ans je me suis dis : « cette fois mon gars, tu vas nous pondre un roman, un vrai ! ( ?) Et tant quà faire, tu essaieras de le faire publier. » Il faut dire que javais à lépoque quelques lecteurs assidus de mes pages format A4, police 10 sans interligne, et quils commençaient à sacrément me faire ch
: « ah, cest vachement bien, Colin. Tu devrais le faire publier
» Jai cédé. Et pour bien leur montrer que mes textes ne méritaient pas dêtre publiés, jai essayé de bien faire les choses
Jai été retenu par Mnémos.
Allan : Tu as commencé dans la fantasy, puis les Poubelles du Walhalla comprenait des nouvelles appartenant au trois genres de limaginaire et maintenant de la SF : tu ne veux tattacher à aucun genre ou cest uniquement par le hasard de la création que tu te retrouves sur des chemins différents ?
Colin : Jai commencé par la fantasy si on regarde lordre dans lequel mes textes ont été publiés.
Cest beaucoup plus flou si on tente de suivre lordre chronologique décriture. Même si D&D et le SdA ont été mes premières sources dinspiration, jai toujours écrit un peu nimporte quoi au gré de ce qui me passait par la tête.
Allan : Ton dernier roman Les Gardiens dAleph Deux nous plonge dans le voyage dans le temps prenant appui en fait sur la théorie des univers parallèles “pliant” notre univers : première question essentielle : comment as-tu construit les éléments scientifiques de ton roman ; appui sur des théories existantes, recherches documentaires ; quelles ont été tes sources ?
Colin : Pas de théories existantes, pas de recherches documentaires sérieuses, pas de sources. Il ne sagit pas de science, mais de fiction. Au début, je me suis un peu renseigné sur certaines théories du genre des images fractales parce que javais besoin de quelque chose dassez visuel pour représenter mes univers « pliants ». Mais je suis tombé par hasard sur le gnomon de Pythagore, qui convenait parfaitement à une description des choses pas trop embrouillée, un rapport simple entre la géométrie et les nombres. Dès lors, je ne suis pas allé plus loin.
Allan : On ne peut décemment pas parler de ton livre sans parler de ta passion qui se retrouve à chaque page pour les mathématiques ; je crois même que tu en as fait ton métier. Nas-tu pas la crainte de faire fuir les lecteurs qui se souviennent des séances darrachages de cheveux face
aux équations différentielles notamment ?
Colin : Jai surtout peur de devoir faire face aux moqueries de ceux qui sy connaissent vraiment en mathématiques ! En fait, ce que je raconte dans ce livre ne tient pas la route scientifiquement parlant sinon il faut tout de suite en informer lESA ! Les non mathématiciens ne doivent pas sinquiéter. Les mathématiques que je mets en avant relèvent soit de la géométrie la plus visuelle, soit de la logique. En fait, il ny a pas à potasser plus loin quEuclide (programme de 5ème) pour pouvoir suivre les grandes lignes.
Allan : Les mathématiciens que tu mets sur le devant de la scène ont un profil particulier. Je citerais les deux qui mont le plus surpris tant ils séloignent du cliché scientifique : le premier est Hendricks le jeune que lon pourrait qualifier d “intuitif”, le deuxième Sid (je ne renoterai pas son nom en entier tant il est compliqué ;-)) est complètement décalé du monde. Alors, voulais-tu montrer que tout le monde peut-être le génie des mathématiques qui fera LA découverte révolutionnaire ? Un moyen de rassurer des parents face aux résultats moyens voire catastrophiques de leur progéniture ?
Colin : NB à lusage du webmaster : Le meilleur exemple de « génie débile à lécole », cest plutôt le personnage de Jan Olssen. (NDW : comment ai-je pu loublier ? Aucune excuse ;-))
Le modèle pour James Hendricks est naturellement Albert Einstein. Cest un individu intuitif. Il a lidée dune théorie. (Il nest dailleurs pas le seul ; cest dans lair du temps.) Avant que cette théorie soit validée, il passe nécessairement pour un farfelu. À plus forte raison quil se soucie aussi déthique. Face à des militaires, des politiques, dautres chercheurs plus orienté vers la science que la conscience, il sinterroge sur le sens de ses découvertes. Bref, de quoi faire un bon personnage de roman.
Par ailleurs, je pense que pour des parents normalement constitués, il est plus rassurant davoir un enfant moyen dans les disciplines scolaires classiques qui fera un bon boucher-charcutier que davoir Albert Einstein pour fils, qui risque de finir brûlé par la Sainte Inquisition, ou le nazisme.
Allan : Dailleurs, à plusieurs reprises, on se demande si les scientifiques de lAcadémie ont la moindre idée de ce quils font et de ce quils prouvent ; on a un peu limpression comme le prouvera léviction de Sid suite au ratage de lexamen quen dehors des théorèmes déjà prouvés point de salut et même sil est erroné, il est nécessairement vrai. Limage de la recherche en prendrait un coup si tu nous annonçais que cela se passait ainsi dans la réalité. Rassures-nous, ce ne sont pas des faits constatés ?
Colin : Je vous rassure tout de suite : je suis absolument convaincu que cela se passe exactement comme cela dans la réalité. Jai connu un professeur de physique qui avait barré lexercice dun de ses élèves avec la mention « méthode archaïque » alors que cet élève, brillant mais paresseux, nayant pas appris son cours, avait réinventé une démonstration, sans doute bancale, mais qui fonctionnait. Je me demande combien de fois Einstein a dû faire face à cette situation.
Allan : Ces erreurs seront dailleurs à lorigine de nombreux morts mais ce nest pas grave comparé aux bénéfices que lon en tire
Plus fort, les services secrets, lONU ou lacadémie sarrange pour écarter les gêneurs ; dis : tu nas pas une très bonne opinion de toutes ces corporations.
Colin : Euh
ben là aussi, même si je nai pas dentrées dans le milieu, je ne serais pas étonné que dans laction, on se soucie assez peu déthique. Je trouve dailleurs ça normal. Si jamais un complexe politico-industriel voulait méliminer à cause des révélations contenues dans mon roman ( !?) je trouverais cela de bonne guerre. Ça ne mempêcherait pas de me défendre.
Allan : A lépoque du clonage, tu incorpores à ton récit des cyborgs (pour ceux qui ne connaitraient des hommes assistés par ordinateur si lon peut résumer ainsi) qui bien que majoritairement humain seront considérés comme des esclaves malléables, corvéables et sacrifiables à volonté ; la question de leur citoyenneté est elle aussi au centre de lintrigue : est-ce un moyen dalerter sur des problèmes que nous sommes en passe de créer ?
Colin : On na pas attendu la science pour inventer des esclaves.
Cela dit, tant mieux si un roman peut servir à le rappeler, et à sinterroger sur les esclaves que nous utilisons aujourdhui et sur ceux de demain.
Allan : Parlons un peu de Frédérick Howards le premier homme revenu dAleph Deux : on ne se rend pas compte de la raison de sa survie et on a surtout du mal à comprendre et ce jusquau bout dans quel mesure il est impliqué dans les évènements qui suivront, je pense notamment à la rencontre entre sa fille et le deuxième homme a avoir survécu : ce nétait pas un hasard alors ?
Colin : La vérité, cest que je ne sais pas comment Howard a survécu à Aleph-deux. Jignore ce quil sait, ce quil peut faire réellement, etc
Cependant, tel que je le connais, il nest pas le genre dhomme à simmiscer dans laction. Il est donc probablement plus spectateur que cause des événements qui se déroulent autour de lui. Mais je ne peux jurer de rien.
Allan : Ce qui manque est de savoir plus précisemment laventure des cyborgs partis au paradis : ce ne te semblait pas important ?
Colin : Très sincèrement, il manque beaucoup de choses dans cette histoire. Mais on ne peut pas parler de tout ; cela transformerait le roman en chose informe. Jai omis lenfance de Lydie Castlereagh, ou la mort de James Hendricks, par exemple. Quant aux cyborgs, pour ce que jen sais, leur vie quotidienne nest pas très passionnante
Allan : Bon maintenant que tu nous as mis leau à la bouche avec les Aleph 1 et 2, quand est-ce que tu rempiles pour nous parler des Aleph 3, 4
?
Colin : Eh bien, jai eu du mal à trouver le gnomon de Pythagore pour décrire Aleph-un. Aleph-deux est déjà indicible et transcendant. Je ne vois pas comment je pourrais parler dAleph-trois ou plus
Je suppose que dans quelques générations, les gardiens dAleph-deux seront devenus des magiciens, et ce sera du space heroïc fantasy opera.
Allan : Quels sont tes projets en cours ?
Colin : Ne pas rempiler
Allan : Quas-tu pensé de notre site ?
Colin : Sans rire, il est vraiment sympa même sans ma photo !
Allan : Le mot de la fin sera ?
Colin : Rien ne finit jamais, ha ! ha !