Réalisée par :mail
Date :février 2004
David Gibert, je lai découvert à travers son livre, A lencre des Ténèbres et jai eu la chance, à travers cet échange, de pouvoir découvrir un jeune auteur sympathique et qui plus est avec un réel talent… Merci à lui davoir accepté notre invitation
Allan : Avant de commencer, jaimerais savoir (et je suis sur que nos visiteurs aussi) quelles sont les uvres littéraires qui vous ont le plus marqué (par leur qualité, leur style ) mais aussi, celles qui vous ont le plus marqué dans lautre sens (le dernier livre que vous ayez refermé sans le mener à bout par exemple.)
David : Des uvres dauteurs illustres ont marqué au fer rouge ma mémoire : Il y a bien-sûr “Le seigneur des anneaux” du maître-créateur de monde J.R.R. Tolkien ; Lorsque jai tourné la dernière page de son magnifique livre-univers, mon âme est restée de lautre côté du miroir. Depuis ce jour, jai cherché à prolonger les émotions que javais ressenties en parcourant toutes les histoires de fantasy qui pouvaient me tomber entre les mains. Lorsque je partage les errances entre le monde réel et limaginaire de P.K. Dick, jai limpression dembrasser une vérité ultime. “Léchiquier du mal” de Dan Simmons ma fortement impressionné.Jaimerais un jour être capable dinsuffler autant de terreur à mes lecteurs que ce grand pourvoyeur de frissons ; Serge Brussolo qui, grâce à sa mécanique dintensité dramatique (bien huilée dans toutes ses uvres et particulièrement dans “larmure de vengeance”), capture si facilement le lecteur dans sa toile. Enfin : “Dune” parmi dautres chefs doeuvres de Franck Herbert, qui renferme des réflexions aussi profondes que lunivers… Un auteur qui pourrait combiner les qualités de tous ces écrivains serait un dieu vivant ! Moi, je ne suis quun modeste faiseur qui suse les genoux sur lautel de la création à prier devant ces idoles ! Il ne mest jamais arrivé de commencer un livre sans aller jusquà la dernière page. Et ce, même si louvrage me noie dans un ennui profond. Car jai toujours peur de passer à côté de quelque chose. Et jai aussi trop de respect pour les écrivains quels quils soient pour dénigrer complètement leur uvre. Ceci dit, il y a un livre qui ma profondément déçu (surtout quil a souvent été qualifié de chef duvre) : “la guerre des mondes” de H.G. Wells. Lidée quune invasion extra-terrestre ne puisse être traitée que sous langle de la violence sans que la moindre communication ne soit possible me dépasse. Cest peut-être mon côté idéaliste !
Allan : Serait-il possible que vous nous parliez un peu de ce qui vous a poussé et motivé dans votre volonté dêtre édité ?
David : Je nai jamais écrit pour être édité. Lécriture ma emporté sur ses ailes dorées car javais besoin de mévader et de fuir le réel. Puis, elle est rapidement devenu un besoin, quelque chose de vital. Lécriture est la clef qui me donne limpression dêtre libre. Mais je suis très heureux davoir atteint le cap de lédition et jespère pouvoir renouveler cette fantastique expérience. Car ce serait le seul moyen de pouvoir un jour consacrer plus de temps à ma passion…
Allan : Vous avouez notamment avoir été soutenu par Serge Brussolo, vous pouvez nous dire quel effet ca fait ?
David : Jai été gagné par une grand humilité et jai compris ce quun disciple pouvait ressentir face à son maître ! Plus sérieusement, Serge Brussolo fait partie de ces auteurs qui aiment encourager les écrivains en herbe. Lécriture étant un parcours solitaire, long et semé dembûche, cest très appréciable de rencontrer un voyageur expérimenté sur sa route…
Allan : Parlons maintenant de votre premier roman, A lencre des Ténèbres, comment est née cette histoire et comment avez vous forgé le personnage principal ?
David : Difficile de parler dun processus alchimique qui ma moi-même surpris ! Je suis parti dun thème qui mest cher : le chevalier face à la mort. Puis le récit a pris une tournure à laquelle je ne m attendais pas ! Lhistoire a basculé dans le monde réel suite à un rêve. Sam a surgi de mon esprit à la faveur dune brume onirique. Ensuite, le lien que jai tissé avec mes personnages est devenu si étroit que ce sont eux qui ont porté le récit.
Allan : Vous avez été édité par les Editions Nuit dAvril, spécialisée dans le Fantastique Gothique : comment définiriez vous ce genre bien spécifique ?
David : Pour moi, cette littérature parallèle est une sorte de sanctuaire où les âmes blessées par le monde réel peuvent se recueillir. Dans un cadre mélancolique et inquiétant, sublimé par la beauté de larchitecture gothique, les ruines du passé redonnent vie à un monde médiéval et ténébreux où la mort devient un objet de fantasme. Là, nous pouvons suivre lerrance solitaire de personnages en marge du commun des mortels. Parfois excentriques, souvent poètes, toujours romantiques, ils suivent la voie de la passion plutôt que celle de la raison. Et cest ce qui fait la beauté de leur périple.
Allan : Dans votre récit, Sam est un jeune écrivain, un peu paumé si vous me le permettez, qui va attirer sur lui des forces obscures quil va être incapable de dominer. Pourtant vous ne donnez à aucun moment les moyens quil a mis en place pour se mettre en “contact” avec lesprit de Zgor : est-ce volontaire de mettre de côté une attente du lecteur ? je précise tout de même que cette explication nest pas nécessaire à lhistoire et que je men suis bien passée..
David : Jai laissé volontairement le champ ouvert à toute interprétation. Un lecteur cartésien sarrêtera à la folie de Sam et à ses pouvoirs de suggestion sur son entourage. Un lecteur à limagination débridée ira bien plus loin… Il se posera la question de savoir si ce qui naît dans lesprit peut sinstaller dans la réalité. Un écrivain peut-il faire vivre son personnage dans le monde réel ? Jai laissé ça et là des clefs de réponse. La première dentre elle est que limagination est une force incontrôlable… Ceci dit, jai ressenti un grand vide à lidée de laisser mes personnages leur triste sort… Lattente des lecteurs ne sera pas mise longtemps de côté car je ne pourrai pas mempêcher de tremper à nouveau ma plume à lencre des ténèbres…
Allan : Quels sont vos projets pour les mois, ans, siècles à venir ? (question somme toute assez classique mais au combien intéressante pour le lecteur et génante pour lauteur ;-))
David : Je termine actuellement un roman de fantasy qui reprend le monde décrit au début de “A lencre des ténèbres”. Je suis au stade de la relecture et cela va me prendre encore un mois ou deux vu lépaisseur du manuscrit (310 pages en format A4). Les lecteurs retrouveront Zgor dans son monde dorigine…
Je travaille aussi avec un ami sur le scénario dune bande-dessinnée dambiance médiévale, fantastique et humoristique. A léchelle des siècles, jai dautres projets en tête : caresser les muses pour léternité, rencontrer mes propres personnages, apprendre la magie. Je vous promets de vous envoyer un messager qui vous tiendra informé de laccomplissement de ces quêtes au combien chevaleresque !
Allan : Avez vous un petit scoop à nous donner sur lhistoire ?
David : Je ne soulèverai quun coin du voile derrière lequel vous verrez un royaume dévasté où sentre-déchirent les vassaux dun roi parti depuis 7 ans à la poursuite de… Zgor revenu dentre les morts.
Allan : Avant de vous quitter, si vous avez eu le temps de visiter notre humble site, quen avez vous pensé ?
David : En un mot, je dirais : efficace. Un visuel soigné qui ne nuit pas à la rapidité daccès. Avec assez de matière pour une exploration enrichissante. La possibilité aux lecteurs de pouvoir donner des avis sur les livres est très bien vue. Cest toujours émouvant de se recueillir en cette crypte qui renferme en son sein les mille et un visages des passionnés de fantastique…
Allan : Un petit mot de conclusion peut-être ?
David : Ah déjà ? Que le temps passe vite ! Bon et bien… Je vous remercie amplement pour cet interview et vous souhaite une bonne chevauchée fantastique. Que les prophètes de fantastinet puissent éternellement éclairer notre chemin à travers les contrées de limaginaire !