Au mois de janvier seront réédités les 3 volumes que compose le cycle des Abîmes d’Autremer aux Editions ActuSF… L’occasion pour nous de lui poser quelques questions
Bonjour Danielle, la dernière fois que tu as été interviewée, c’était déjà pour Autremer en solo (en 2005) puis avec Alain Grousset (en 2010). Depuis, je suppose que tu ne t’es pas ennuyée ?
En effet, j’ai publié trois anthologies chez Flammarion jeunesse sur Verne, Hugo et Poe, ainsi que deux romans auxquels je tenais beaucoup. D’abord C.H.A.R.L.Ex chez Syros. Il s’agit de la suite des Oubliés de Vulcain où l’on trouve des Améliorés comme Charley avec cette fois une jeune fille conditionnée au combat. Ensuite, aux éditions de, l’Atalante, mon roman de science fantasy Cantoria où toute l’énergie est produite par la voix de chanteurs, plus particulièrement d’enChanteurs !
Cette année, tu as débuté une nouvelle série « Aventures à Guédelon, (Guédelon est un chantier médiéval dans l’Yonne) peux-tu nous en parler ?
J’ai la chance de connaître l’équipe dirigeante de Guédelon depuis pas mal d’années car mon frère et ma belle-sœur vivent près du château et me l’ont fait découvrir dès 2004. Ce lieu est une porte ouverte sur le passé puisque tout le monde y est habillé et y travaille comme au 13ème siècle. Dès ma première visite j’ai eu envie d’y faire évoluer des jeunes héros. Lorsque j’ai enfin proposé mon projet conjointement à Maryline Martin, la directrice de Guédelon et à Jérôme Vincent, responsable des Éditions Actusf, ils ont été tous les deux partants pour cette série. Deux tomes sont déjà parus : les pierres qui pleurent sur les tailleurs de pierre et le maître-chêne sur le travail du bois.
Lorsque l’on aborde, comme pour cette série, une histoire prenant racine dans l’actualité, comment s’assure-t-on de ne pas commettre d’impairs, notamment historiques ?
J’ai un mari historien ce qui facilite bien les choses. J’ai de solides documents dans notre bibliothèque en plus d’internet. Je joue avec la vérité historique en imaginant que mes personnages rencontrent des personnalités ayant vécu à l’époque où Guédelon aurait pu se construire, c’est-à-dire au milieu du 13ème siècle. Je rappelle que ce chantier médiéval n’est pas une restauration mais une création. Le château n’a jamais existé dans le passé. Mes héros vivent leurs aventures dans le château le plus proche, celui de Saint-Fargeau, qui lui, était bien un château fort à l’époque de Saint-Louis. Je ne pense pas commettre trop d’impairs. Je travaille beaucoup. Je vais jusqu’à faire parfois parler mes personnages comme à l’époque, en ancien français !
Les aventures se poursuivent, sauf erreur de ma part, l’année prochaine : peux-tu nous en dire plus ?
Les deux tomes à paraître forment un ensemble. Un personnage mystérieux aperçu dans le tome 3 va jouer un rôle important dans le 4. On suit à nouveau les tribulations de Tim et Pierrel, les jumeaux fils du gardien de Guédelon en compagnie de leur amie Najoie. Mais cette fois… par un hasard étrange, peut-être voulu par le mystérieux Chat Casqué qui fait voyager les héros à travers le Temps, ils vont se retrouver loin de Saint-Fargeau au cœur de Paris, au pied de Notre Dame… en construction ! Les deux livres s’intitulent la fleur de fer sur les forgerons et la frappe de monnaie, et l’homme au chat rouge, sur l’élaboration des couleurs par les teinturiers et les verriers.
Un autre événement se profile puisqu’en janvier, « Les Abîmes d’Autremer » bénéficient d’une nouvelle publication en intégrale : quel effet cela fait-il ?
C’est un grand bonheur de voir ressortir cette trilogie qui reste de tout ce que j’ai écrit l’histoire qui me tient le plus à cœur. J’ai mis dans les Abîmes tout ce que considère comme essentiel à l’avancée de l’Homme vers l’ailleurs. Je privilégie le vivant plutôt que la machine, l’accomplissement de soi plutôt que la réussite matérielle, l’amitié et l’amour plutôt que les conflits et la violence. Je suis une soixante-huitarde… (ici rires). On ne se refait pas. Et à vrai dire, je suis intimement convaincue que bien des lecteurs et des lectrices – j’ai beaucoup de jeunes femmes fans de mes livres – sont en demande de textes comme les Abîmes d’Autremer, humanistes et optimistes. Ceci même en nos temps de déferlement médiatique, ce qui, rappelons-le, est le thème central de la trilogie puisque l’héroïne est une reporter que l’on voit évoluer au fil de vingt-cinq années de carrière.
J’ai le souvenir d’une œuvre avec un discours écologique : je suppose que le discours est toujours d’actualité ?
Bien sûr, qui dit Martinigol dit écologie ! L’eau, les déchets… ah, tiens, à ce propos… la planète poubelle de mes Oubliés de Vulcain a séduit une maison de production anglaise qui a posé une option sur les droits audiovisuels en vue d’un film ou d’une série d’animation… Je croise les doigts. Il leur faut trouver le budget maintenant ! Et comme je l’ai montré dans Les Abîmes d’Autremer, pour tout ce qui est audiovisuel, l’argent est le nerf de la guerre.
Pour les Abîmes as-tu revu le texte ou s’agit-il du texte originel ?
Je l’ai retravaillé pour le « monter » en young adults. Mais l’histoire reste la même. Ce n’est que l’âge des personnages qui a changé. Ils ont vieilli. De toute façon, la trilogie d’origine était déjà pour adolescents au-dessus de quatorze ans. Je vois mal de très jeunes lecteurs, mis à part exception, s’attaquer à un livre de 500 pages.
En plus de la suite des aventures de Guédelon, as-tu d’autres projets en cours ?
J’ai envie de publier un roman pour adultes. Les sollicitations que j’aie eues autour de mes textes jeunesse me font repousser ce projet depuis des années. Je l’appelle ma sfarlésienne ! J’ai un autre projet de série jeunesse mais trop imprécis pour que j’en parle et comme je ne suis pas seule dans cette affaire… Enfin j’aimerais vraiment que soient republiés Les Sondeurs des sables. Initialement c’était une trilogie que Hachette m’avait obligée à limiter à deux tomes. J’envisage de finir mon travail.
Je te laisse le mot de la fin :
J’ai vécu les mois derniers la belle aventure d’une résidence avec les scientifiques de l’INES (institut national de l’énergie solaire) à Chambéry et ceux du CEA (commissariat aux énergies alternatives) de Grenoble. Une nouvelle que j’ai écrite sur les énergies du futur est disponible sur le site Arts Sciences. Elle s’intitule Chaleur fatale. J’avais pour contrainte qu’elle soit lisible de l’école primaire à la maison de retraite ! Si vous êtes tentés… bon voyage vers Térévoa.
Une réponse à “Interview de Danielle Martinigol”
[…] Danielle Martinigol, marraine de cette édition, […]