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Interview : Thomas Géha

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Orcusnf : Bonjour Thomas, A comme Alone est ton premier roman, parle nous de toi.

Thomas : Eh bien, d’abord merci de m’avoir demandé cette interview. Parler de moi ? Hum, eh bien que dire ? J’ai 31 ans, et je suis depuis quelques années libraire à Rennes (librairie Critic, spécialisée en SF/BD, pour ne pas faire de pub). Effectivement, A coomme Alone est mon premier roman mais, depuis 1995, j’ai publié une vingtaine de nouvelles SF/fantastiques ici et là (chez Nestiveqnen, Naturellement, Eons, L’Oeil du Sphinx, Black Mamba…). J’en publie une ou deux par an. On ne peut pas dire que je sois très prolifique. Mais, en ce moment, j’ai plutôt tendance à me focaliser sur les romans et sur quelques activités annexes, comme les strips (Le Zippoz, vous les trouverez sur le site Yozone.fr) que je réalise en collaboration avec Eric Scala.

Orcusnf : En tant que libraire, que nous conseilles-tu en sf actuellement ?

Thomas : Spin, de R.C. Wilson (Denoël) ; Expiration, de Anna Borrel (Denoêl encore). Voilà deux livres qui m’ont marqué. Mais j’ai eu quelques lectures récentes vraiment formidables, comme les Contes Myalgiques de Nathalie Dau (un recueil de fantasy de très haut niveau chez Griffe D’Encre), Aqua TM de Jean-Marc Ligny…Dimension Latino, anthologie de Sylvie Miller (Rivière Blanche) qui prouve à merveille que la SF, ce n’est pas uniquement les anglo-saxons…

Orcusnf : Que penses-tu de la situation de la sf en France ?

Thomas : Il y a de la diversité, dans les tons, dans les ambitions des auteurs. De la plus populaire à la plus difficile d’accès. Ensuite, je ne suis pas un analyste de la situation du genre en France, je ne me fendrai donc pas d’un long discours sur la question. En tant que libraire spécialisé, je ne peux pas dire que la SF/Fantasy ne se vend pas. Ca se vend, et j’en vends à mon modeste niveau. A des publics très divers qui ont des horizons d’attente très divers. Pour le reste, je laisse la place aux spécialistes de la question.

Orcusnf : Tu déclares ouvertement que ce livre est un hommage à l’Autoroute sauvage de Gilles Thomas ( ou Julia Verlanger), qu’est ce qui t’a marqué dans ce livre ?

Thomas : Tout. Je relis ce livre deux à trois fois par an. C’est comme de retrouver sa maison. Ensuite, évoquer précisément ce qui me marque dans ce roman, j’ai peur de manquer d’objectivité. Néanmoins, j’adore le style, le dynamisme (l’énergie) de la narration, la force du personnage principal. J’aime toute l’ironie qui y règne, les renversements de situations plus subtils qu’il n’y paraît. C’est un roman parfaitement maîtrisé, humain.

Orcusnf : A part Gilles Thomas, quels sont les auteurs qui t’ont marqué ?

Thomas : Plein. Kerouac, Burroughs, Simak, Sturgeon, Ellison, Messac, Théo Varlet, Vance, Banks, Andrevon, Moore (Christopher). Plus récemment, une auteure m’a réellement impressionné par la force de son style et la magie de ses histoires : Chitra Banerjee Divakaruni. Vous pouvez lire d’elle au moins deux romans magnifiques (tous chez Picquier) : La reine des rêves, et la Maîtresse des Epices. Après, en BD par exemple, des gens comme Naifeh, Caza, Houot, et surtout Andréas m’ont marqué.

En fin de compte, il y en a bien trop, alors je préfère arrêter ici cette liste

Orcusnf : Y-a-t’il eu d’autres influences déterminantes ( pas forcément littéraires) dans la rédaction de ce roman.

Thomas : Oui, cinématographiques et publicitaires notamment.

Orcusnf :Ce qui ne surprend vraiment pas dans A comme Alone, c’est le lieu de l’action. N’as tu pas peur d’être un peu prévisible, notamment avec la deuxième partie ?

Thomas : Je fais évoluer mes personnages dans des lieux où (au moins) je suis passé. Ecrire sur des lieux qu’on fréquente est plus facile que le contraire. Et sans doute plus crédible.

Généralement, ma deuxième partie (surout la partie d’échecs qui est apparemment la scène préférée de pas mal de lecteurs) plaît bien. Peut-être parce que je connais bien l’endroit. Donc, je préfère peut-être être un peu plus prévisible mais maîtriser ma scène.

Orcusnf : En choisissant de nous raconter l’histoire de Pépé, tu sembles vouloir nous faire penser que ce sont les alone les gentils. Mais au contraire, ne trouves-tu pas qu’ils sont un élément d’instabilité, qu’ils maintiennent le chaos dans cette France dévastée ?

Thomas : Les Alones, tout comme les Rasses font partie d’une sorte de hiérarchie du chaos. Ils sont tous des éléments d’instabilité, de A à Z. Les Alones ne sont pas forcément des « gentils ». Et on le verra dans mon tome 2 qui s’intitule justement « Alone contre Alone ».

Orcusnf : L’action a la part belle dans ce roman, pourquoi ne trouve-t’on pas de références au causes du cataclysme, à la politique ou à l’histoire des hommes ?

Thomas : D’abord, il y a quelques références : celle aux nano-robots qui se seraient détraqués, et l’extrait du livre écrit par la « Mère Sacrée ».

Ensuite, mon roman s’est focalisé sur une histoire d’hommes et de femmes, et pas sur une histoire de l’Histoire (même fictive). Le tome 2 évoquera sans doute un peu plus le cataclysme, mais ce ne sera toujours pas un motif majeur de l’histoire.

Orcusnf : Ce roman est court, peut on espérer te retrouver un jour avec une oeuvre de taille plus conséquente ?

Thomas : Oui, le second tome par exemple 🙂

Orcusnf : Comment s’est passée la rencontre avec Philippe Ward ?

Thomas : On se connaît depuis 1994 ou 1995. On s’est connus sur des forums minitels (CYB, AKELA, RTEL…). C’est mon ami et mon mentor. Il m’a aidé à publier ma première nouvelle (dans Dragon et Microchips n°9, 1995) et m’a donné ma chance en tant que romancier. C’est juste un type génial, d’une grande gentillesse, ouvert à tout et à tous.

Orcusnf : Un deuxième tome est déjà prévu, peux tu nous en parler un peu ?

Thomas : Bien sûr. Le second tome (il est fini) est prévu pour avril 2008. Nous retrouvons Pépé et ses amis, qui vivent peinards sur une île depuis quelques semaines quand, soudain, ils sont attaqués par une bande (a priori) inconnue…

Je ne veux pas trop dévoiler l’intrigue, mais elle mettra en opposition Pépé et un autre Alone contrôlé par un mutant un peu particulier, dont le but final reste mystérieux.

Orcusnf : As tu déjà visité notre site, et si oui, qu’en as tu pensé ?

Thomas : Oui, je viens de temps en temps sur votre site, pour y lire des chroniques. Je pense que vous êtes des passionnés, et que tenir à jour votre site doit demander de l’énergie, beaucoup d’énergie. Bravo.

Orcusnf : Que peut-on te souhaiter ?

Thomas : Euh, d’avoir donné envie aux lecteurs de Fantastinet de lire mon roman et mes nouvelles ?

Orcusnf : Merci de nous avoir accordé un peu de ton temps, quel sera le mot de la fin ?

Thomas : Une référence à mon amie Sylvie Miller qui me vient, je ne sais pas pourquoi : POUÊT !


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