Blackwater – Tome 1/6

Depuis le mois d’avril, le cycle Blackwater de Michael McDowell fait énormément de bruit. Même si le nom ne me disait rien, un peu de recherche sur internet nous permet de découvrir que l’auteur est aussi celui qui a écrit l’histoire et le scénario de Beetlejuice… Cela pose un peu le débat, surtout si on ajoute à cela que Stephen King lui-même le considère comme “le meilleur auteur de livres de poche aux Etats-Unis à ce jour”

Un format en épisode et visuel

Lors de la parution américaine de la saga, le choix a été fait de faire paraître un volume par mois, format qu’a judicieusement repris l’éditeur français Monsieur Toussaint Louverture avec une parution tous les 15 jours entre avril et juin 2022 d’un volume…. Un pari réussi au vu du bouche à oreille que cela a engendré et du nombre d’exemplaires vendus.

Ce format en épisode vous rappelle quelque chose ? Le même Stephen King avait utilisé ce mode de parution pour La Ligne Verte, mais contrairement à ce que vous pourriez penser, c’est bien Michael McDowell qui a inspiré Stephen King (et bien sûr Dickens) et non l’inverse. Cette proximité entre les deux hommes n’est pas le seule comme le partage nos collègues de Stephen King France : l’adaptation de La Peau sur les Os, issue de l’œuvre de Stephen King, a été co-écrite par Michael…

Plongée dans l’Alabama ségrégationniste

A Perdido, la famille Caskey détient les trois scieries et s’est constituée ainsi une fortune personnelle qui les rend notables. La famille Caskey est menée de main de maître par Mary-Love, la matriarche qui a repris le pilotage de l’activité suite au décès de son mari.

La ville doit son nom a une rivière tumultueuse et capricieuse, habituée à engloutir de temps à autres des habitants un peu trop confiants… Et le drame arrive lorsqu’une crue monumentale noie la ville, rendant la circulation en barque obligatoire.

Lors de leur tour en barque pour voir ce qui est sauvable, Oscar, le fils de Mary-Love, et Bray, un domestique, découvrent Elinor Dammert, une jeune femme qui s’est retrouvée coincée dans une chambre de l’hôtel. La situation est un peu étrange, comme le découvrira bientôt Bray mais le sauvetage est réalisé et la jeune femme présentée à la famille.

Pourtant, le courant ne passera pas entre la doyenne familiale et la rescapée… Une tension qui ne cessera de s’aggraver, donnant à penser qu’un terrible combat s’est engagée entre les deux femmes. L’inimitié entre les deux femmes est difficilement compréhensible, leurs réactions sont à l’opposé et c’est probablement ce qui fait la force de ce récit.

Nous sommes happés dans cette histoire où les femmes sont à l’honneur. Ce sont elles qui dirigent, qui organisent, qui décident, les hommes n’étant que des marionnettes dans les machinations qui se font. La question bien entendu de l’esclavage est posée, avec cette différence de vision forte entre Elinor et Mary-Love, qui se traduit par le traitement qu’elles appliquent à leurs employés.

C’est un roman aussi très visuel, on se projette, on se voit dans la salle avec les personnages, on essaie comme tous les personnages secondaires de deviner ou de pressentir ce qu’il va se passer.

Ce premier volume est une mise en place, la découverte de la famille.

A noter que les objets en eux-mêmes sont aussi très beaux, en format poche donc une saga passionnante (déjà lu les 2 premiers) pour un prix qui reste raisonnable.

Monsieur Toussaint Louverture (Avril 2022) – 260 pages – 8,40 € – 9782381960456
Traduction : Yoko Lacour avec la participation de Hélène Charrier (Etats-Unis)
Titre Original : The Flood (1983)
Couverture : Pedro Oyarbide

Pâques 1919, alors que les flots menaçant Perdido submergent cette petite ville du nord de l’Alabama, un clan de riches propriétaires terriens, les Caskey, doivent faire face aux avaries de leurs scieries, à la perte de leur bois et aux incalculables dégâts provoqués par l’implacable crue de la rivière Blackwater.

Menés par Mary-Love, la puissante matriarche aux mille tours, et par Oscar, son fils dévoué, les Caskey s’apprêtent à se relever… mais c’est sans compter l’arrivée, aussi soudaine que mystérieuse, d’une séduisante étrangère, Elinor Dammert, jeune femme au passé trouble, dont le seul dessein semble être de vouloir conquérir sa place parmi les Caskey.