Les élections présidentielles nous ont permis d’entendre dans de nombreuses élocutions ou autres discours le terme de “Grand Remplacement”… Crainte moderne ou repli identitaire, ce terme exécrable montre une montée des populismes qui ne rassure pas pour l’avenir.

Et face à cette question de société, Nique – Les éditions nous propose de mettre cette discussion sur un angle “Science-fictionnesque” au travers d’un petit recueil de nouvelles à mettre entre toutes les mains. Bien entendu, le Grand Remplacement n’existe pas et nous pouvons voir à travers 8 nouvelles, dont 1 pour les enfants jusqu’à quelles aberrations ce genre de pensée peut nous amener.

L’ouverture du bal est de Benjamin Georgon qui nous propose dans Ketchup, une réponse à ce grand remplacement, dans une forme en vers pour mettre un peu de poésie dans toute cette violence…

Mais le Grand Remplacement peut aussi se confronter au Petit remplacement d’Alice Zeniter où l’humanité fait face à une invasion de ces horribles insectes qui nous pousse loin de chez nous. Bon on reconnaîtra que cette nouvelle est moins réaliste, dans la mesure où nous avons anticipé en détruisant suffisamment notre planète pour détruire de grandes quantités d’insectes…

Retour en arrière (mais le Grand Remplacement n’est-il pas un retour en arrière de notre pensée ?) avec Le Muzooem de Karim Madami dans lequel vous pourrez redécouvrir les noirs et les arabes, en voie d’extinction (vous verrez pourquoi)… Une nouvelle qui perturbe par la somme des idées reçues et nauséabondes qui circulent dans nos médias et reprises ici.

J’ai une préférence certaine pour la nouvelle suivante, Transplantat de Faïza Guène qui fait un rapprochement, oh combien pertinent, entre l’immigration et une greffe. A vous de deviner si la greffe prend ou ne prend pas !

Moi, je crois que ça ressemblait à ça le déracinement, l’arrivée en Europe, les espérances, le processus d’assimilation, les efforts. Personne ne quitte jamais son berceau de bon gré. Et s’intégrer ici, ça ressemblait à une greffe du foie qui ne prend pas. A un rejet violent.

Transplantat de Faïza Guène

Pour d’autres, ce “Grand Remplacement” se situe à tous les niveaux : religieux, culturel et bien sûr… Musical ! Dans Alerte Tam-Tam de Christophe Payet, le Bureau d’investigation instrumentale permet de lutter contre ce remplacement musical.

Mais pour de vrai, cette question du Grand Remplacement n’est-elle pas simplement un moyen de choisir les personnes avec qui nous sommes ? Selon les cas, cela peut-être bien sûr l’étranger, ou encore les vieux, ou les jeunes, ou les femmes qui nous gênent… Que feriez vous si, comme le narrateur de L’Irremplacable d’Isabelle Sorente vous aviez la possibilité de faire disparaitre ceux qui vous gênent ?

Il est un personnage qui fera écho sans problème à un de nos politiques : Gautier de Saint Just a pris des mesures anti grand remplacement avec des zones géographiques bien délimitées… Et Franco Mannara dans Gavroches vs Sapiens trouve une arme à base d’amour… Une nouvelle hilarante (en tout ca pour moi).

Et pour finir Cocorico de Léonie de Rudder permet de parler du sujet à un public plus jeune avec deux enfants qui se battent pour obtenir la nationalité française… Une nouvelle optimiste, et ça fait du bien :).

Ces nouvelles, d’une maison d’édition et d’auteurs / autrices que je ne connais pas, montrent sans nul doute possible le côté irrationnel du Grand Remplacement, avec différents axes qui donnent nécessairement à réfléchir. La découverte de ce petit recueil vient d’un article de Charlie Hebdo.

Les éditions Nique (Juin 2022) – Les Invincibles – 80 pages – 6 € – 9782493401038
Le grand déraillement était annoncé. Comment a-t-on pu s’égarer comme ça ? C’était pourtant gros comme une saucisse au milieu du hot dog… Tout a commencé avec de la science-fiction : le prétendu “grand remplacement”. De la science-fiction au service d’un programme politique. Un imaginaire, une panique, une angoisse, une maladie.

Face au grand déraillement de notre temps, huit autrices et auteurs se mobilisent, relèvent le défi de la dystopie et utilisent la littérature comme arme pour déconstruire l’imaginaire du prétendu “grand remplacement”. De courtes nouvelles trash, drôles ou poignantes pour contrer les discours qui nous engluent le cerveau dans le ketchup.