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La Route de Manu Larcenet d’après Cormac McCarthy

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La Route est à l’origine un roman de Cormac McCarthy, adapté au cinéma par la suite. Les éditions Dargaud ont choisi Manu Larcenet pour cette adaptation en Bande Dessinée. Le résultat est sombre… sombre comme notre avenir…

L’apocalypse a eu lieu…

Nous le voyons dès les premières images, le monde tel que nous le connaissons n’existe plus. L’humanité a échoué à sauver son avenir et ce qu’il en reste est effrayant. Des ruines succèdent aux ruines, l’humanité se concentre sur quelques personnes. Même les couleurs ont disparu : bien qu’on perçoive les couleurs dans certaines bulles, elles sont tellement estompées qu’on les imagine pratiquement disparues… Tout comme l’humanité en fait. Alors, on comprend qu’un terrible événement a eu lieu. Le ciel est sombre, des poussières volent en tout sens, il faut se protéger.

Et dans ce carnage, nous voyons apparaître sur La Route un père et son fils. Esseulés, ils avancent vers le bout de la route, poussant un chariot qui contient leurs maigres possessions. On sent qu’ils avancent avec l’espoir d’un avenir plus radieux, sans avoir de certitudes. Le père tente de rassurer son fils, espère pour lui qu’il échappera à la mort, et l’accompagne dans ce nouveau monde, totalement inadapté à l’humanité.

… et les survivants font peur !

Dans ce nouveau monde qui se dessine, le père et son fils avance donc. Après quel espoir court-il, difficile de le savoir. Cependant, les survivants ne semblent pas avoir décidé de contrebalancer une planète devenue hostile par une meilleure attention à l’autre. Chaque rencontre semble plus dangereuse que l’autre : entre ceux qui veulent s’emparer des maigres possessions, ceux qui ont décidé qu’ils étaient prêts à manger n’importe quoi, il est facile de comprendre que la vie de nos deux voyageurs ne tient qu’à un fil.

Ce qui pousse beaucoup d’interrogations au jeune garçon et notamment une qui deviendrait presque un mantra : “Sommes-nous les gentils”. Mais que veut dire ce mot, faisant référence au bien dans ce nouveau monde ? Comment le lier à la mort devenue omniprésente ? Qu’est ce que cela apporte d’être d’un côté ou de l’autre de la balance ?

Une oeuvre dure

Avec beaucoup de talent, Manu Larcenet nous plonge dans ce monde postapocalyptique. Il le fait aussi avec beaucoup de justesse et peu de mots ; il n’y a pas d’ailleurs pas grand chose à dire. Il faut avancer, survivre et ne pas se poser de question. La vision que nous offre Manu est bien sûr effrayante, que ce soit dans le résultat de ce monde où, et c’est ce qui m’a le plus désarçonné, nous n’arrivons pas à percevoir le ciel ou dans la réaction des survivants entre eux.

Un monde dur a surgi, un monde où un père doit aider son fils à rester en vie et à construire son destin. Un fils dont nous nous demandons tout au long du déplacement s’il arrivera à survivre tant sa maigreur est extrême.

Une très belle histoire d’amour filial, qui vous fera malgré tout froid dans le dos et ne sera pas le meilleur remède si vous aviez déjà le moral en berne… Une BD immanquable 🙂

Dargaud (Juin 2024) – 160 pages – 29,50 € – 9782205208153



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