Service de Presse
Christopher Bouix nous avait promis une trilogie autour des Intelligences Artificielles et le rapport que nous aurons avec elle… Après Alfie et Tout est sous contrôle, Le mensonge suffit conclura donc avec brio une série de romans indépendants qui sont des vrais appels à la réflexion sur nos futurs usages, toujours aux éditions Au Diable Vauvert.
Que le spectacle commence !
La prise d’antenne vient d’être faite. Sur ce lancement d’une émission qui enchantera le public pendant deux heures, deux candidats sont attendus. D’un côté Ethan Chanseuil vient d’être amené dans la pièce. Le citoyen-utilisateur est pour l’instant bâillonné, cagoulé et attaché. De l’autre côté, Milo, un androïde-Intelligence artificielle Alfie qui sera son détracteur pendant ce spectacle.
On n’a jamais à dire la vérité ailleurs que dans sa langue ; dans celle de l’ennemi, le mensonge suffit
— Guy Debord
La raison de la présence d’Ethan dans cette émission diffusée très largement n’est absolument pas claire mais nous en saurons beaucoup plus aux termes des deux heures d’échanges. Sans aucune explication quant à ce qui lui est reproché, le père de famille de trois enfants va devoir répondre à des questions sur sa vie, son travail avant de savoir de quoi il est accusé.
Car le sujet est clair : l’homme est considéré comme responsable d’un crime, et les spectateurs auront leur mot à dire sur la culpabilité ou non de l’homme.
Une société du contrôle…
Comme nous avions pu le constater déjà dans les précédents romans, les Intelligences Artificielles ont pris une place de plus en plus importante dans la société. Connectés en permanence, tout un chacun voit l’ensemble de sa vie surveillée, épiée et monitorée par tout un ensemble d’outil. Au-delà d’un suivi permanent des trajets, ce sont toutes les mesures corporelles qui sont accessibles à tout moment : rythme cardiaque, dilatation pupillaire et autres taux de nervosité. Plus encore, la possibilité d’injecter à l’insu de la personne ce qui permettra de la détendre.
Quand vous travaillez, vous aidez la société à devenir meilleure, plus performante, productrice de biens et de richesses. Le travail n’est pas un droit, mais un devoir d’humanité !
Les IA sont donc omniprésentes et permettent de rendre la justice. De quelle façon ? Sur la base d’un tribunal populaire, véhiculé donc au travers de cette émission qui ne doit rien envier aux programmes que nous connaissons ; voici donc un homme, Ethan, qui se retrouve mis en accusation sans en connaître la raison. S’appuyant sur un ensemble de faits discutables, Milo, va tenter de faire avouer un crime. Mais là où la donne change particulièrement, c’est que l’accusation et la sanction ne seront pas donné par un juge, mais par les téléspectateurs de l’émission, avec la condamnation qui suit naturellement.
… Une société perdue…
Dans cette société, les citoyens ne sont plus que des consommateurs comme les autres, glissant sur le mode « Citoyen-Utilisateur », soumis à une publicité constante, et donnant accès à leurs visions, tout comme ils peuvent, dans certains cas, voir au travers du regards d’autres citoyens-utilisateurs. Ces artifices seront des moyens aussi pour Milo de mener son interrogatoire.
Toute la société semble déshumanisée, donnant totale confiance aux machines, jugées infaillibles. Nous retrouvons cette dimension thriller que j’avais particulièrement aimé dans Alfie avec cette question autour de ce qui passe un peu sous le radar. Tout au long du récit, Christopher nous souffle le chaud et le froid concernant la culpabilité supposée ou réelle d’Ethan, avec un voyeurisme digne des pires caractéristiques de l’être humain.
… pour une humanité oubliée ?
Restera que ce nouveau récit, court avec c’est un peu plus de 150 pages, doit nous questionner sur ce futur que nous désirons. Avec l’I.A. au coeur des réflexions actuelles, autour de l’éthique et de notre utilisation, nous voyons ici une forme extrême… En tout cas, c’est ce que nous aimerions penser !
Car au final, combien d’entre nous utilisons l’IA pour avoir des réponses à des sujets complexes et quel recul avons-nous sur ces réponses ? Dans quelle mesure remettons-nous en cause une affirmation de ces nouveaux outils ? Quel usage allons-nous en faire dans les prochaines années ?
Si ce roman se veut cynique par moment, et si nous voulons nous persuader que nous ne répondrons pas à ce genre d’injection, combien d’entre nous n’ont jamais cliqué sur « 1 » ou « 2 » pour sortir tel ou tel candidat d’une émission de télé-réalité ? Bien sûr cela n’a rien à voir… Ou bien ?
En tout cas, ce livre se lit d’une traite, tant le rythme est emporté et le suspens maintenu par un lot de rebondissements…
Editions Au Diable Vauvert (Mai 2025) – 176 pages – 19 € – 9791030707250
Couverture : Olivier Fontvieille
Un homme, Ethan Chanseuil.
Un androïde, Milo-128.
Cent-vingt minutes d’interrogatoire.
À l’issue, le vote du public.
Sur une question simple : qui dit la vérité ?
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