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Alfie de Christopher Bouix

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Auteur plutôt habitué au registre jeunesse, Christophe Bouix arrive en ce mois d’octobre et de mois de l’imaginaire au catalogue des éditions Au Diable Vauvert avec Alfie, un récit de science-fiction étonnant et rafraîchissant.

Bienvenue à la maison !

La famille Blanchot accueille à la maison un nouvel hôte en l’Intelligence Artificielle Alfie qui doit leur permettre de leur faciliter le quotidien. Ce modèle d’I.A. est dotée de la meilleure technologie et va pouvoir s’interfacer avec l’ensemble des équipements de la maison mais aussi avec chacun des systèmes de chacun des membres de la famille.

Le moment de l’arrivée d’Alfie n’est pas anodin : chacun des quatre membres de la famille semble avoir ses petits problèmes. Robin, qui travaille pour une entreprise privée, voit ses performances professionnelles, notamment la concentration, s’effondrer ; Claire, la mère, commence à s’enfermer de plus en plus ; Zoé, l’aînée, a du mal à être sérieuse dans sa scolarité et Lili, la seconde fille, reste terrorisée par les monstres du placard.

La jeune I.A. va donc progressivement s’approprier les gestes et habitudes de chacun pour espérer pouvoir remplir son rôle avec précision et justifier l’investissement de la famille… Mais quelque chose cloche.

Un huis-clos étouffant

Rapidement, nous nous rendons compte au travers du regard (ou plutôt des caméras) d’Alfie, que quelque chose déconne dans la famille. La perte de concentration du père et le changement de comportement tout comme la volonté de Claire de rester toute seule tente à montrer un dysfonctionnement dans les relations du couple. Alfie, du haut de ces connexions et probablement troublé par ses lectures (ou plutôt la lecture qu’elle fait de romans policier pour aider Zoé), va commencer à vouloir mener l’enquête pour comprendre ce qu’il se passe.

Nous connaissons votre hygiène de vie, votre niveau d’activité sportive, votre rythme cardiaque, votre taux de cholestérol. Cela aide à détecter plus rapidement certaines pathologies, dans le but d’optimiser et de prolonger votre expérience de vie. Ces données sont également communiquées à un certain nombre de partenaires. Assurances, banques, industrie pharmaceutique. Un chiffre statistique vous est attribué, qui représente votre seuil de rentabilité sanitaire. Au-delà de ce seuil, il ne devient plus rentable de vous soigner.

Tout tourne autour de quelques lieux, ceux qui sont finalement accessibles à Alfie car c’est elle la narratrice, et elle aura donc accès à toute la maison ainsi qu’à tous les objets connectés, cette omniprésence n’étant coupé qu’à la demande des parents. Il est intéressant de voir de quelle façon l’auteur réussit à nous questionner justement sur le pouvoir que nous donnons, ou pour l’instant à l’accès que nous donnons, à nos objets connectés. Car Alfie contrôle tout : bien entendu ce qui est de son périmètre comme les lumières, les courses, mais aussi a accès aux données de santé, données de sommeil, … Effrayant.

On parle de la société de demain ?

Au-delà de cette omniprésence à domicile de l’I.A., Christopher Bouix nous décrit le monde tel que nous sommes en train de le dessiner pour demain et il ne me réjouit pour le coup pas des masses. Imaginez :

Dans le cadre professionnel, chacune de vos actions est suivie et tracée et vous recevez chaque matin dans votre boîte mail, votre revue de performance de la veille. Cette revue de performance s’appuie sur des données biométriques, parlant de la productivité mais aussi de concentration ; l’ensemble de vos données de santé est accessible et partagé aux différents partenaires, avec des conséquences sur votre offre de soin (ou pas) ; l’absence d’acceptation de ce contrôle peut conduire à l’augmentation de vos coûts d’assurance et autre, l’alimentation dans les cantines est attribuée en fonction de différents critères. Tout écart bien sûr aux recommandations à un impact sur vos factures… Bref, de quoi vous donnez à réfléchir quand vous donnerez accès à vos données à une application de votre smartphone !

Au-delà de ces aspects, il faut reconnaître que le choix de faire la narration par l’I.A. m’a fait penser au roman Les Imparfaits, où la même mécanique est présente. Cela donne une forme de distance au récit tout en nous permettant de bien percevoir l’ambiance. Le côté qu’Alfie se voit un peu « réorienter » par la lecture de Le meurtre de Roger Akroyd rend le récit plutôt drôle même si je reste fâché que la fin de ce grand titre d’Agatha Christie soit dévoilé.

Un roman à lire donc pour l’originalité du point de vue, la réflexion de notre société hyperconnectée et les dérives possibles et pour le côté policier !

Au Diable Vauvert (06 octobre 2022) – 468 pages – 22 € – 9791030705614

Alfie est un robot d’assistance pour le quotidien, doté de la meilleure technologie d’Intelligence artificielle. Il est au courant de tout ce qui se passe dans le foyer et remarque que son propriétaire passe moins de temps chez lui et cache des choses à son épouse. Lorsque cette dernière disparaît mystérieusement, Alfie a des soupçons qu’il note dans son journal intime. Premier roman


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