L’espace d’un an a été récompensé cette année par le prix Julia Verlanger (remis durant les Utopiales) et j’ai tout de suite été attiré par la présentation de ce roman…
Durant les quelques 400 pages de ce roman, nous allons suivre l’équipage d’un tunnelier, le Voyageur, et nous rejoignons cet équipage au moment où Rosemary, une jeune femme fuyant son passé, prend le poste de greffière.
Bien que ce roman se passe dans l’infinité de l’espace, et que ce roman se réfère au Space-Opéra, Becky Chambers fait finalement un huis-clos (ou pas loin) autour de l’équipage du vaisseau. L’équipage est hétéroclite avec 5 humains (Ashby, le capitaine, Rosemary, la greffière, Corbin qui s’occupe du carburant, Jenks et Kissy les techs) et 3 membres extra-terrestres : Sissix la pilote Aandriske, Ohan la paire sianate en charge des calculs et Miam, l’Harmagien qui fait dans le même temps office de médecin et de cuisto… Ah ! et je ne dois pas oublier Lovey, l’I.A.
D’un point de vue historique, se disait Rosemary, leur présence dans la boutique faisait un tableau étrange : un Harmagien (rejeton vieillissant d’un empire disparu), une Aandriske (dont le peuple présidait les débats qui avaient accordé l’indépendance aux colonies harmagiennes avant de fonder l’UG) et deux Humaines (piètre espèce dont il n’aurait été fait qu’une bouchée si on l’avait découverte à l’époque de la conquête harmagienne). Tous ensemble, discutant aimablement de savons à vendre. Le temps, ce curieux niveleur
Et c’est bien de ce petit microcosme dont il s’agit !
Bien sûr, il y a l’infinité de l’espace et les missions de ce tunnelier consiste à forer des Trous de ver dans la toile pour accélerer les déplacements. Mais si vous ouvrez ce livre pour avoir des explications sur les théories qui sous-tendent les voyages dans le temps ou encore si vous souhaitez voir des explosions à toutes les pages, vous en serez pour vos frais.
L’arrivée de la jeune femme, qui n’a jamais quitté Mars, sera l’occasion d’en apprendre plus sur chacun des membres de l’équipage et sur la relation de fraternité entre des personnalités aussi différentes.
J’ai adoré ce livre même si, finalement, il n’y a pas réellement d’histoire, mais un cumul d’histoires personnelles, d’histoires familiales, de relations interpersonnelles. J’ai adoré la façon dont Becky a construit ses personnages de même que cet aspect hyper optimiste qui ressort au final. Beaucoup pourront trouver le récit finalement trop mièvre ou démesurément optimiste : peut-être, mais ça fait du bien !
Ils savent que le remède les attend. Je suis censé faire qui, au juste ? Merde !” Il lança sa botte dans un coin. ” On n’a pas affaire à quelqu’un qui refuse un traitement médical. On parle de leur culture tout entière, là. De leur religion.
Et malgré tout, nous allons avoir un certain nombre de sujets qui vont ressortir de tout cela : le respect de la différence aussi bien physique que culturelle, le poids de la famille ou encore de la religion, la relation amoureuse / sexuelle (et ce à plusieurs niveaux), quelques remarques politiques aussi puisqu’on parlera – un peu – des complotistes ou encore de l’aveuglement des politiques quand l’économique prend le pas sur le bien-être des populations.
Un roman donc remplit d’humanité (sic) et d’optimisme à découvrir de toute urgence.
Un deuxième roman reprenant deux des personnages de L’Espace d’un an est paru cette année, la chronique viendra bientôt mais chacun des deux est un one-shot 😉
L’Atalante (Août 2016) – La Dentelle du Cygne – 448 pages – 23,00€ – 9782481727667
Traduction : Marie Surgers
Titre Original : The long way to a small, angry planet (2014)
Couverture : Clémence Haller
Rosemary, jeune humaine inexpérimentée, fuit sa famille de richissimes escrocs. Elle est engagée comme greffière à bord du Voyageur, un vaisseau qui creuse des tunnels dans l’espace, où elle apprend à vivre et à travailler avec des représentants de différentes espèces de la galaxie : des reptiles, des amphibiens et, plus étranges encore, d’autres humains. La pilote, couverte d’écailles et de plumes multicolores, a choisi de se couper de ses semblables ; le médecin et cuistot occupe ses six mains à réconforter les gens pour oublier la tragédie qui a condamné son espèce à mort ; le capitaine humain, pacifiste, aime une alien dont le vaisseau approvisionne les militaires en zone de combat ; l’IA du bord hésite à se transférer dans un corps de chair et de sang…
Les tribulations du Voyageur, parti pour un trajet d’un an jusqu’à une planète lointaine, composent la tapisserie chaleureuse d’une famille unie par des liens plus fondamentaux que le sang ou les lois : l’amour sous toutes ses formes.