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Un corps d’avance de Lou Jan

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Service de Presse numérique

Pour ce mois d’avril, les éditions Critic nous propose de découvrir le dernier volume d’un tryptique commencé chez Rivière Blanche avec Sale temps et poursuivi par La Machine à aimer aux éditions Critic. Après la thématique de l’Amour, c’est l’immortalité – ou une forme d’immortalité – qui est au centre de de l’intrigue.

10 vies de 75 ans…

Jinsei Fumetsuno arrive à un moment charnière de son existence. Il a atteint ses 75 ans et il doit changer pour la première fois de vie. Lui qui fut un écrivain, marié et père de deux enfants, doit rejoindre la zone de reset. Abandonnant son Japon natal, le voici envoyé en France, où il doit tout reconstruire. Cette nouvelle vie – la seconde de 10 – ne doit pas être une redite de ce qu’il a déjà vécu. Comme une conséquence, il ne peut pas reprendre contact avec son ancienne vie, ni reprendre le même métier.

Déambulant dans un premier et cherchant à savoir où ça deuxième existence le mènera, il finira par opter pour le travail dans un restaurant japonais. Prenant ses marques professionnelles, et obtenant ses premiers revenus, il commencera aussi à se lier d’amitié avec sa voisine et une de ses amies, Namaya.

Mais le poids de son passé ne sera pas aussi facile à supporter qu’il l’imaginait…

… Et le choix de le mémoire !

Nous retrouvons dans cette dernière partie de ce tryptique un écho du précédent volume. Notamment, nous retrouvons les néanderthaliens, qui sont là encore intégrés à la société pour leurs particularité.

Pourtant, le sujet principal reste cette forme d’immortalité. Dans cette société future, une solution a été trouvée pour tromper, au moins temporairement, la mort. Chaque homme et femme peut donc avoir dix vies de 75 ans chacune, l’apparence étant bloquée elle-même sur l’âge de 20 ans. Bien sûr, ce principe étant encore relativement nouveau, certains n’ont pas eu la chance de rester sur le physionnomie qu’ils avaient jeunes. Nous aurons d’ailleurs des rencontres intéressante avec ces anciennes populations.

D’ailleurs, ce reset n’est pas anodin. Entre chaque changement de vie, tout est à recommencer. Aucun bien ne peut être récupéré de l’ancienne vie ; aucun « talent » non plus puisque le métier précédent ne peut être repris ; aucune relation puisqu’aucun contact n’est possible avec ces précédents amis ou famille. De la même façon, il n’est plus possible de retourner dans la ville dont nous sommes issus. Finalement, c’est un monde qui serait pas mal pour s’assurer de ne pas avoir une conservation des richesses !

La décision la plus importante reste finalement celle de la mémoire. Chaque individu à le droit de choisir de garder ou non la mémoire de ses précédentes vies. De ce choix pourra venir un certain nombre de contraintes mais surtout une forme nostalgie qui peut s’avérer fatale.

Trois histoires en une !

Dans Un corps d’avance, même si nous commençons par découvrir l’histoire de Jinsei, Lou Jan nous proposera aussi de découvrir les vies de Lean et Namaya, respectivement voisine et amie de Jinsei. Tout au long de l’histoire, nous allons découvrir l’envers du décor, avec un écho sur le précédent roman de l’autrice.

Intercalés dans ce futur, des interludes jalonnent le récit. Ces interludes nous projettent dans le passé, dans la relation pour le moins complexe entre Henri II, sa femme Aliénor d’Aquitaine et sa maîtresse préférée Rosemonde. Là encore, l’axe est portée sur les relations qui se nouent entre ces personnages et l’écho potentiel que cela aura plus tard. Si la raison d’être de ces interludes n’est pas évident dans le récit, ils seront explicités à la fin du récit.

Un élément m’a personnellement manqué, mais peut-être parce que j’imaginais plus de continuité avec La Machine à aimer : la dimension politique de ce futur. En effet, dans le précédent roman, nous avions l’esquisse d’une forme de complot, impliquant notamment les néanderthaliens, que je pensais retrouver ici. Peut-être l’autrice nous proposera plus tard de retourner dans son univers pour clore ce sujet :).

Pour autant, j’ai réellement apprécié ce nouveau roman qui plaira particulièrement pour sa vision originale du Reset et de cette forme d’immortalité :). Les réflexions portées sur la mémoire, mais aussi sur la natalité de ce futur, de l’intégration de ceux et celles qui sont né·es un peu trop tôt, sont intéressantes.

Lors de l’interview faite aux Utopiales pour La Machine à aimer, Lou Jan nous avait un peu parler de ce roman. Redécouvrez-la !

Editions Critic (16 avril 2025) – 160 pages – 19 € – 9782375793220
Couverture : Aurélien Police

Ah, garder toute la vie l’apparence de ses 20 ans ! En 2320, c’est un rêve devenu réalité. Le traitement garantit même dix vies de bonne qualité, à la condition d’opérer un reset tous les 75 ans pour repartir à zéro en coupant les liens avec son passé. Certes, on manque un peu de recul sur la technologie, mais personne ne s’en est encore plaint. Alors que Jinseï vit son premier reset, tiraillé entre un passé avec lequel il a interdiction de renouer et un présent où tout est à reconstruire, il découvre peu à peu les embûches et les limites de ce pacte aux relents faustiens.


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