Contes du Soleil Noir – Tome 1
Crash est le premier volume d’une série comportant déjà 5 volumes courts qui partage ensemble ce soleil noir – symbole d’une fin du monde ?
L’histoire se concentre ici sur Malika Benwalid, une femme célibataire, essayant d’élever comme elle peut son fils Sami, dont le père est aux abonnés absent. Elle lutte contre la misère par tous les moyens à sa disposition. Le genre de mère que vous croisez en sortant de chez vous, sans jamais vous poser la question de savoir dans quel état d’esprit elle peut être.
Seule donc chez elle pour élever son enfant, mais aussi seule finalement dans la vie, chaque journée est un combat qu’elle doit mener pour survivre, entre succession de boulots et contrôle à l’euro près des dépenses. La misère ordinaire que l’on feint d’ignorer.
Et cette histoire nous est conté, comme le seront les prochains contes, par Geek, un homme qui est partout, fouillant nos vies et nos réseaux et qui s’est donné pour vocation, en tout cas pour l’instant, de faire ressortir quelques histoires raccrochées au Soleil Noir.
Nous sentons, au travers de la narration de Geek donc, que cette femme, transformée comme le confie si cyniquement Geek en “légume”, va malgré tout avoir un destin étonnant. Cantonnée à rester à regarder la télévision, elle finira par réagir, plus précisément aux grandes catastrophes, et se retrouvera comme vous le verrez (puisque je ne veux pas non plus vous spoiler), plus ou moins mêler à certains…
La force de ce récit est le grand écart entre la force que j’ai trouvé dans le personnage de Malika, et le cynisme de Geek qui en cela est le reflet de ce que pense / ce qu’ai notre société, celle que nous acceptons malgré tout, bien loin de l’empathie ou à tout le moins d’une forme de bienveillance.
Loin de tout misérabilisme et à travers une succession de sauts dans le temps, Alex Jestaire nous fait découvrir l’histoire d’une femme qui avait tout pour réussir sa vie et qui partait plutôt sur ce que nous serions tentés d’appeler de bonnes bases, avant qu’une mauvaise rencontre, et les choix associés, ne la pousse petit à petit à perdre pied et à devenir d’une certaine façon invisible.
La dimension SF ? Si, si, elle est bien présente même si elle ne me semble pas être le sujet principal de ce récit, au travers d’une forme de dissolution de notre jeune femme dans les médias…
A noter aussi les excellentes illustrations de Pablo Melchor qui renforce le côté sombre de ce récit !
Au Diable Vauvert (Janvier 2017) – 128 pages – 9791030701005
Illustrations : Pablo Melchor
La vie précaire d’une jeune mère isolée tourne au cauchemar après un accident. Clouée sur son lit d’hôpital, face à la télévision, elle se dissout peu à peu dans le flux de l’information mondiale catastrophiste. Après Stephen King, Clive Barker ou Cronenberg, les Contes du Soleil Noir déclinent les visages de l’horreur d’aujourd’hui, matérielle, sociale, morale? une horreur de fin de civilisation.