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Entretien avec Elly Bangs

Venue en France à l’occasion de la sortie de son roman Unity chez Albin Michel Imaginaire, Elly Bangs a pris le temps d’échanger avec moi pour en savoir plus sur son parcours et son roman.

L’occasion de découvrir une nouvelle autrice sur la scène de l’imaginaire.

Vous pouvez retrouver la version anglaise de l’interview ICI

Bonjour Elly, Unity est donc votre premier livre

Exact, il s’agit de mon premier livre publié.

Pouvez-vous vous présenter ?

Oui, Elly Bangs. Je suis l’autrice du roman Unity et je suis honoré d’être présente sur ce festival. C’est incroyable.

Unity est votre premier roman, et déjà traduit en français. Vous êtes aussi présente sur les Utopiales en France. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Oh, c’est un grand honneur pour moi et très important. J’ai le sentiment que c’est le plus proche de ce que je pourrais faire d’énorme jusque présent. J’apprécie énormément.

Votre roman est classé en post-apo, en Cyberpunk mais pas que, comment le définiriez-vous et cela a-t-il du sens pour vous de la classer ?

Je pense que j’utilise cette classification de façon à aider les lecteurs à identifier les livres qu’ils aiment. Je pense que les genres sont principalement marketing. Je ne sais pas si les livres que je préfèrent s’intègrent parfaitement dans un quelconque genre, mais je pense qu’Unity est définitivement du cyperpunk et du post-apocalyptique et il s’est certainement inspiré et a rendu hommage à d’autres romans de ces genres que j’ai lus et réellement aimés au fil des années.

In Unity, la guerre nucléaire a été déclenchée. Tout le monde se cache sour la mer ou dans dans d’autres lieux clos. Pourtant, lorsque nous démarrons l’histoire, nous sommes toujours dans une forme de guerre froide. Nous sentons que la guerre sera là dans quelques semaines / mois. Même après une guerre nucléaire, nous n’arrivons pas à arrêter d’être les uns contre les autres ?

J’ai beaucoup d’idée à ce sujet. J’ai grandi à la toute fin de la Guerre Froide, dans notre monde. Et j’ai vraiment l’impression d’avoir affectée par ça, j’ai appris énormément de cela et j’ai continué à pressentir qu’il y a toujours un danger de guerre globale thermonucléaire, même maintenant, alors que beaucoup de mes connaissances ont arrêté d’y penser et l’ont mis de côté. Mais je pense que le fait que les Etats-Unis et la Russie ont été si proche d’une guerre apocalyptique massive autant de fois dans les dernières années nous en dit long sur la condition humaine aujourd’hui, et ce que cela signifie de vivre à une époque où ces technologies existent. Il y a vraiment urgence à détermine quoi faire sur ce sujet, et comment changer d’une certaine manière, la façon dont nous fonctionnons en tant qu’espèce pour être sûr que nous pourrions survivre à cela. Il s’agit d’un sujet que je voulais aborder dans ce livre, si je le pouvais.

Trouvez-vous que votre roman prend une autre dimension dans le contexte international actuel, notamment du fait de la guerre entre la Russie et l’Ukraine ?

Certainement que ce qui se passe actuellement est effrayant mais je ne pense pas que cela change les choses fondamentalement. Même lorsque tout semble théoriquement en paix, il y a toujours beaucoup d’armes en état d’alerte ou proche de l’être tout el temps ; du coup, le risque d’une guerre nucléaire n’a jamais vraiment disparu à partir du moment où les missiles sont toujours prêts à être lancés. Je n’ai jamais cessé de penser à cela. Mais, j’ai vu cela entrer à nouveau dans l’esprit des personnes ces deux dernières années et je suis actuellement un peu plus optimiste sur le fait que cela créera une prise de conscience qui pourrait nous aider à provoquer le changement. Mais oui, c’est aussi très effrayant.

Concernant l’histoire en elle-même, nous rencontrons Danai qui veut fuir le lieu où elle habite pour essayer d’en rejoindre un autre, que nouso ne connaissons pas au début. Est-ce une référence à votre propre fuite du culte New-Age où vous avez grandi ?

Bizarrement, j’ai passé du bon temps dans ce culte New-Age. C’était quand j’étais jeune, et ma famille l’a quitté avant que ça ne tourne mal. Du coup, c’était une façon très intéressante de grandir, mais ce n’était pas négatif pour moi. Mais je pense que le thème de la fuite d’un lieu où l’on se sent piéger et la tentative de retourner chez soi est un terme universel dans lequel beaucoup de personne se retrouve de différentes façon. Et certainement, je l’ai ressenti d’autres façon et dans d’autres contextes.

Danai a un pouvoir particulier. Je ne saurai pas commencer l’expliquer, expliquer cette particularité de l’ “Unité”… Comment l’expliqueriez-vous ?

Il est difficile de l’expliquer succinctement mais le personnage principal est une partie d’une conscience collective, ou d’une certaine façon, elle est une conscience collective en elle-même. Même si elle ne possède pas d’autres corps au début pour partager son esprit, elle a toujours les souvenirs, les expériences et les compétences de centaines de personnes différentes, qui ont toutes unies leurs esprits pour en faire un seul, ce qui lui donne énormément de compétences, expériences et connaissances qu’elle use de différentes manières. Mais elle a toujours aussi le pouvoir d’utiliser une sorte de télépathie avec les personnes autour d’elle et de partager leurs souvenirs.

Finalement, les faiblesses de chacun des esprits disparaissent dans la conscience globale. Une façon de dire que le succès est commun ?

Je le crois. Je crois que nous le pouvons. Je pense certainement que, lorsque que les personnes travaillent ensemble, trouvent des points communs et des façons de communiquer, ils sont en mesure de créer quelque chose de plus grand et de plus puissant que ce qu’ils auraient pu créer individuellement. Je pense que vous le voyez dans ce que font les êtres humains : nous devons immensément puissant, presque divins, lorsque nous sommes tous ensemble. Ce que je veux dire, c’est que c’est comme cela que nous nous sommes retrouver dans le problème de la guerre nucléaire, par exemple. Et je pense vraiment qu’en formant différents types d’unité, nous pouvons résoudre les problèmes que nous avons créés. C’est une chose que je trouve vraiment belle dans l’humanité, notre capacité à faire cela.

Nous avons aussi deux histoires d’amour forte dans le texte et, sans divulgâcher, nous voyons qu’intégrer le partenaire à l’unité n’est pas une bonne idée, au moisn pour Danae. Nous devons garder des jardins secrets ?

On peut voir ça. Je ne pense pas que c’était quelque chose que j’essayais de dire avec ce personnage. Mais quelque chose que j’essaies d’explorer dans le concept de cette unité, c’est qu’il est important de prendre du temps hors d’elle et d’acquérir de nouvelles expériences. Ainsi, vous apprenez, et vouso avez des choses que vous pouvez apporter lorsque vous rencontrez des personnes et que vous vous unifiez avec eux à nouveau. Il y a des raisons indépendantes pour lesquelles l’unité entre Danae et son amour n’est pas une bonne idée pour eux, ou n’est pas quelque chose qu’elle peut faire. Mais oui, il y a toujours une interaction entre l’unité et l’individu, et dans la croissance individuelle versus la croissance du groupe entier.

Danael n’est pas le seul personnage avec du sens du récit, Alexeï, le mercenaire, est un personnage fort de mon point de vue. Il est étrange d’avoir un mercenaire qui ne veut tuer personne… Quelle est son histoire ? Où avez-vous trouver ce personnage ?

J’ai commencé à écrire ce livre il y a très longtemps, quand j’avais 17 ou 18 ans. je me rappelle avoir jouer à des jeux vidéo de tir à la première personne et je trouvais vraiment choquant la quantité de violence qui était attendue : il était vraiment étrange que nous ayons des histoires qui racontent dans ce média que votre personnage tues des milliers et des milliers de personnes, de façon très habile durant le jeu, que cela soit complètement normalisé, et qu’il n’ait à souffrir d’aucun effet néfaste. Honnêtement, cela m’a donné réellement envie de créer un personnage qui est très doué pour ce travail de tuer, et qui a eu du succès sauvagement depuis longtemps, mais qui a actuellement été détruit par cela comme tout être humain le serait. C’est peut-être ce genre d’histoire originale stupide qui a été la source de cette inspiration.

Concernant l’act d’écriture, il vous a fallu 20 ans pour ce roman, devrons-nous attendre 20 ans pour le suivant ?

Ce n’est certainement pas mon plan. Ce qui est intéressant, c’est que ce livre, je l’ai gardé en arrière-plan pendant que j’écrivais d’autres choses que je considérais plus sérieuses, et qui n’ont pas été publiées. Mais j’ai continué à travailler dessus et c’est devenu le livre qui a réussi. La leçon que j’en tire est que les choses que vous faites pour le plaisir à côté valent vraiment la peine et parfois d’une manière que vous n’attendez pas. Mais j’écris aussi définitivement plus vite maintenant, alors cela ne me prendra pas 20 ans.

Nous voyons que beaucoup d’histoires de science-fiction maintenant tourne autour de l’apocalypse et de ce genre de sujets; Pensez-vous que la science-fiction doit être aussi sombre ?

Non, je ne le pense pas. Je pense aussi que nous voyons maintenant une sorte de mouvement contre cela du fait que la vie est réelle de chacun est si sombre qu’ils sont prêts pour quelque chose de plus léger et édifiant. C’est vraiment intéressant et excitant de regarder cela. Lorsque j’écris des choses sombres, j’essaie toujours de trouver des choses chaleureuses, sûres, heureuses et sources d’amour au sein des ténèbres. C’est tout l’intérêt pour moi. Mais il y a beaucoup de façons de le faire, de créer des choses qui nous sortent de ces ténèbres que sont nos vies actuelles.

Je n’ai pas abordé ce point, dans Unity, la technologie nous conduit à la guerre. Il y a une utilisation particulière des nanotechnologies et doit-on voir dans cela une certain forme de peur du public autour des technologies que vous présentez ?

Je n’ai aucune idée quant au côté réaliste des nanotechnologies que j’utilise dans mon roman, heureusement. C’était une chose réellement agréable d’écrire sur une apocalypse technologique moins réaliste que celle que nous avons. Je ne suis pas très inquiète concernant les nanotechnologies aujourd’hui, mais je pense que ce sont les choses qu’on ne voit pas venir qui s’avèrent être les plus impactantes et je suis sûre que les armes nucléaires ne sont pas les dernières technologies apocalyptiques que les personnes vont inventer, malheureusement. C’est principalement ce que je voulais montrer au travers de cela.

Comment vous sentez-vous aux Utopiales ?

Je trouve incroyable d’être ici avec toutes ces personnes et d’être une partie de l’événement. Je suis vraiment honorée d’avoir été invitée et c’est réellement une opportunité incroyable.

La première dédicace du livre que j’ai jamais faite a été à la librairie pas plus tard qu’hier, car, quand il a été lancé, c’était au début de la pandémie aux Etats-Unis, du coup il n’y avait aucun événements physiques. C’est vraiment excitant de pouvoir faire un vrai lancement du livre ici.


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