Pour ce cinquième titre de la collection RéciFs des éditions Argyll, l’autrice Sofia Samatar est mise en avant pour un court récit mêlant faits de société et technologies. A noter que Hard Mary sort dans le même timing que Re:Start de Katia Laero Zamora.
Une communauté renfermée sur elle-même…
Si nous devions situer le type de communauté dans laquelle se situerait l’action, la communauté Amish est probablement celle qui s’en rapproche le plus. Comme pour cette dernière, Jéricho, village de Pennsylvanie où prend racine l’intrigue, se méfie de tout ce qui technologique. Menées par leurs croyances religieuses, les jeunes femmes, à l’approche de Noël, vont faire sept fois le tour de la grange…
La raison ? L’habitude et la certitude que cela leur permettra de trouver leur futur mari. Lyddie, Mim et les autres ne pensaient pas qu’elles trébucheraient sur un robot de Profane Industries… Ou, si nous devons être plus précis, sur le buste de la machine.
Alors que la règle de la congrégation devrait les pousser à rendre Hard Mary, elles vont faire le choix de la garder et de la cacher, notamment sous l’impulsion de MIm, bricoleuse de son état et qui voit une possibilité de s’échapper d’une certaine façon.
… et un questionnement sur le conditionnement
En tout cas, c’est la perception que j’ai eu de cette rapide lecture. Ce conditionnement se situe à de nombreux niveaux.
En première lecture, il y a bien sûr cette lecture d’une communauté qui refuse toute forme de technologie et se retrouve à gérer une I.A. Le conditionnement des membres de la communauté les fait de fait énormément réfléchir à la décision qu’elles doivent prendre… et pour cela sortir elle-même de leur conditionnement.
Car cet axe est aussi bien mis en avant, avec Mim, qui semble décider à s’occuper de Hard Mary indépendamment des consignes générales. Un moyen aussi pour elle de sortir de sa zone ? Mim va essayer de donner tous les atouts à Mary pour qu’elle devienne « une femme », lui permettant notamment de retrouver de la mobilité.
Néanmoins, il est toujours très difficile de garder un secret, d’autant plus dans une petite communauté. Au fur et à mesure que l’intrigue avance et que nos femmes rentrent dans l’âge adulte, le groupe prend des directions de plus e plus différentes… Tiendra-t-il ?
Le récit de Sofia Samatar vous entraînera et vous questionnera sur cette communauté et qui posera bien sûr la question de la place des femmes dans les sociétés.
Editions Argyll (Mai 2025) – Collection RéciFs – 96 pages – 9,90 – 9782494665699
Traduction : Patrick Dechesne (Etats-Unis)
Titre Original : Hard Mary (2025)
Couverture : Anouck Faure
La nuit de Noël, dans un village de Pennsylvanie appelé Jéricho, les filles d’une communauté religieuse découvrent un buste féminin métallique abandonné derrière une grange : un robot fabriqué par Profane Industries, une mystérieuse entreprise qui, d’après la rumeur, cultive des moutons comme s’il s’agissait de légumes.
Loin d’être effrayées, Lyddie et ses amies adoptent en cachette le robot et lui donnent un nom : Hard Mary. Sous leur aile bienveillante, l’étrange machine se comporte de plus en plus comme une humaine.
Toutefois, même dans une communauté repliée sur elle-même, les secrets ne restent jamais longtemps des secrets… Les murs de Jéricho résisteront-ils aux sirènes du changement ?
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