Réalisée par :mail
Date :janvier 2004
Jai rencontré le Sieur Bernard Lentéric à la 25ème heure du livre du Mans (ma ville) au cours dune séance de dédicaces et je lui ai demandé sil était daccord pour nous accorder un peu de son temps… Et devinez quoi, il a accepté.
Auteur sympathique et nayant pas la langue de bois, voici donc le résultats de son interview réalisée par mail en janvier-février 2004 – Encore merci à vous Bernard !!
Allan : Tout dabord, pouvez vous nous parler de la période qui a précédé votre carrière décrivain, qui a été riche et nous expliquer ce qui vous a poussé vers la carrière décrivain ?
Bernard Lentéric : Ma vie est un roman que vous pourrez découvrir dans deux ans, sous le titre « Moi un joueur ». Avant décrire, jétais producteur de films. Cela na pas été une période heureuse de ma vie. En effet, pour la plupart, les réalisateurs et les scénaristes français sont des « petits marquis ». Attention, on ne touche pas à mon chef-duvre ! Jétais réduit au rôle de « trouveur de fonds », responsable devant les banques, les distributeurs et autres financiers de la bonne fin des films sans aucune contre-partie. Devenu producteur pour être Dieu, jétais devenu comptable
A présent, je moccupe à temps plein dun certain Lenteric qui peut se livrer sans aucune censure à ses projections les plus fantasmatiques et créer des « ailleurs » dans lesquels il aimerait voyager.
Allan : Quels sont les uvres qui vous ont marquées en tant que lecteurs, les auteurs qui vous ont donné le goût à la lecture et à lécriture ?
Bernard Lentéric : Tout dabord, Robert Musil et en particulier « LHomme sans qualité », Alexandre Dumas, Jerzy Kosinsky (« LOiseau bariolé », « Clipper », etc.), Raymond Carver, prince de la nouvelle scoumounarde et lauteur de science fiction le plus déjanté, Philippe José Farmer.
Allan : Dans plusieurs de vos uvres, vous prenez comme centre de lhistoire, des cerveaux « supérieurs , je pense notamment à La Nuit des Enfants Rois et La guerre des cerveaux notamment Est-ce un sujet qui vous intéresse particulièrement ? Dans la Nuit des Enfants Rois toujours, les enfants possèdent, en plus de capacités intellectuelles supérieures, une liaison « psychique » qui les rapprochaient bien avant leur réunion physique : est-ce quelque chose en quoi vous croyez ?
Bernard Lentéric : Dans lunivers immense peuplé de millions dinconnus, aucun signe, aucun appel, aucun véritable échange ne semble saccomplir. Pourtant, ils me parlent, eux, les hors-normes, les « too much », les damnés de la terre qui portent sur le front, tel un fardeau, létoile maudite du génie. Dans le désert de notre condition humaine, se forment ainsi des communautés secrètes, dont les membres se reconnaissent sans sêtre jamais vus.
Allan : Je viens juste de finir LEmpereur des Rois et le sujet est particulièrement intéressant lui aussi, puisque ces animaux que vous décrivez sont en fait étonnamment proches des hommes, notamment dans leur travers : le personnage dAlicibiade notamment est particulièrement intéressant par sa fourberie Votre uvre reste-t-elle pour vous uniquement une uvre de fiction ou peut-être cela pourrait-être ?
Bernard Lentéric : Tous les univers fantasmatiques que jai imaginés vont exister. Jules Verne était en avance dun demi siècle sur son temps. Aujourdhui, le progrès technique, la surinformation, déboulent dans notre vie comme des taureaux furieux. Je les précède à grand peine, mais je reste devant.
Allan : Dautres auteurs ont aussi écrit sur lintelligence ou la possibilité de contacts avec des infra-terrestres quand ce nest pas avec des extraterrestres, notamment Bernard Werber et ses fourmis, les deux livres ayant eu un franc succès, pensez-vous que cela corresponde à une attente des hommes, à savoir celle de ne pas être la seule espèce vivante intelligente de lunivers ?
Bernard Lentéric : Dans LEmpereur des rats, Jupiter avant de mourir lance un ultime rappel à lhomme :
Vous les hommes, vous avez abandonné le paradis.
Dans lequel les humains, les animaux, les végétaux
Et les minéraux, composante indissociable de notre terre vivaient en harmonie.
Faites revenir les hommes à leur source, à leurs racines.
Ainsi, les uns et les autres, nous vivrons enfin dans lAmour et la Paix
Dans notre société occidentale, monstrueux hyper-marché dans lequel nous sommes à la fois les marchandises et les clients, lêtre humain a perdu toute vie spirituelle, toute communion, toute compassion et même, la curiosité
Allan : Souvent décriée ou considérée comme une littérature de seconde zone, le fantastique (tout comme la SF et la Fantasy) a pourtant un public étendu et de toutes les classes, doù pensez vous que vienne cette mauvaise considération pour le genre et en tant quauteur fantastique (même si votre uvre nest pas uniquement cela), en souffrez-vous ?
Bernard Lentéric : Cette époque est terminée. Le fantastique et la S.F. ont acquis leurs lettres de noblesse. Dans tous les genres, il ny a que deux littératures, la bonne et la mauvaise.
Allan : Le Maître du Pain a été adapté à la télévision, quel effet cela vous fait-il de voir « votre enfant » passer à la télé ?
Bernard Lentéric : Cela a été délicieux et douloureux. A ma grande surprise, le metteur en scène na pas trahi le roman. En revanche, le suite des Maîtres du pain, LHéritage, na pas été produite par le service public. Après laudience rarement atteinte de la première mini-série, des millions de téléspectateurs auraient eu plaisir à regarder la suite.
Allan : Pouvez vous nous parler un peu de vos souhaits pour lavenir et de vos projets ?
Bernard Lentéric : Je viens dachever un roman qui se déroule dans le milieu de lédition. Il sera en librairie en avril prochain. Par ailleurs, je travaille à une pièce de théâtre qui flirte avec le fantastique, peut-être en ferai-je un roman et je joue aux cartes avec mes copains.
Allan : Si vous avez eu le temps de visiter notre site, quen avez-vous pensé ?
Bernard Lentéric : Votre site est épatant.