Service de Presse
Les éditions Christian Bourgois nous proposent pour ce retour de vacances, un étrange récit post-apocalyptique avec La Doloriade, de l’autrice Missouri Williams. Ce récit est totalement déroutant, ce qui est probablement son intérêt principal.
Fin du monde, encore…
La fin du monde est décidément totalement à la mode. Il semble difficile de sortir de cette thématique récurrente et ce roman ne fait pas exception. Le monde est en ruine. La société s’est effondrée depuis plusieurs années maintenant. Pour autant, il existe au moins une communauté qui a survécu. Elle est sous la responsabilité de la Matriarche, qui a autour d’elle sa famille. Une famille proche et en même temps tellement étrange.
Parmi les enfants se trouve Dolorès, une jeune fille dont les autres enfants se servent comme d’un défouloir. Ils sont bien aidés par l’attitude de la gamine qui ne sait pas s’exprimer et qui a une capacité à encaisser qui force le respect.
La Matriarche a décidé de l’envoyer dans la forêt pour y rencontrer un autre groupe de survivants et réussir le rêve de sa mère : pouvoir reconstruire une humanité. Oui, mais voilà : la jeune fille revient dans la communauté, seule et sans preuve qu’elle ait rencontre un autre groupe. Cela risque nécessairement d’avoir un impact sur le groupe…
Plus dysfonctionnel, tu meurs…
C’est quoi cette famille ! La communauté dans laquelle nous atterrissons est quand même très particulière. La Matriarche peut s’appuyer sur deux autres « adultes » : son frère et le maître d’école dont on ne comprend pas trop d’où il vient. Pour le reste, la famille est totalement barrée et surtout très consanguine !
Il est difficile de situer temporellement (en tout cas, je n’ai pas réussi à le faire) mais nous avons trois générations qui habitent ensemble. La première, représentée donc par la Matriarche, le frère et le maître d’école. La deuxième génération, enfants de la Matriarche et la troisième est le fruit des relations incestueuses des deux premières.
Autant dire que le résultat n’est pas fameux du tout. Les tares se multiplient et la finesse est loin d’être au rendez-vous.
La Doloriade n’est rien d’autre que la description de ce qui semble être le seul espoir de relancer l’humanité, notamment après que l’espoir d’une autre communauté semble s’amoindrir…
Le roman est étrange et il faut vraiment s’accrocher pour suivre la narration, comme si notre lecture était aussi dysfonctionnelle que la société prônée par la matriarche. Où j’ai raté quelque chose.
Difficile pour moi d’en dire plus, je suis ressorti avec plus de questions que de réponses :).
Christian Bourgois (29 août 2024) – Chimères – 269 pages – 9782267048568
Traduction : Aurélien Blanchard (de l’anglais)
Titre Original : The Doloriad (2022)
Parmi les ruines de l’ancien monde, quelques années après l’effondrement de la civilisation, une petite communauté subsiste en périphérie d’une grande ville sous le joug impitoyable de la Matriarche. Cette dernière dirige d’une main de fer sa tribu, ses enfants, avec l’aide de son frère cadet et d’un vieux maître d’école. Elle souhaite sauver l’humanité et reconstruire le monde à son image, sans que l’on sache exactement ce que cela signifie.
Dans cette imitation du jardin d’Éden, la jeune Dolores est le souffre-douleur de ses frères et sœurs. Muette, souffrant d’un lourd handicap, elle reste stoïque malgré tout. Elle encaisse brimades et violences sans broncher. Jusqu’au jour où, sur ordre de la Matriarche, Dolores est emmenée dans la forêt par son oncle pour y être livrée à un autre groupe de survivants.
Pourtant, quand Dolores est de retour, c’est toute la vision et l’autorité de la Matriarche qui s’effondrent…
Avec ce premier roman aussi drôle que cruel, Missouri Williams interroge et parodie avec sensibilité et intelligence les romans apocalyptiques, les dystopies et autres récits de survie. Empruntant au conte philosophique, à la tragédie grecque et à l’absurde, la langue envoûtante de Williams, d’un lyrisme sombre, se met au service d’une réflexion sur les violences faites aux femmes et sur le prix à payer pour la survie de l’humanité.