Retrouvez l’actualité des littératures de l’imaginaire (Science-Fiction, Fantastique, Fantasy, et autre) ainsi que des interviews de celles et ceux qui les construisent.

Le Terroriste Joyeux de Rui Zink

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Peut-être vous souvenez vous de ce nom puisque Rui Zink, auteur portugais, avait été le lauréat du prix des Utopiales en 2017 pour l’installation de la peur. Les éditions Agullo nous propose un deuxième titre – toujours court – de l’auteur Le Terroriste joyeux suivi d’une nouvelle Le Virus de l’écriture.

Si le premier titre est moins dans les thèmes que nous abordons actuellement, même si on pourrait trouver l’excuse de la chute pour le justifier, il est intéressant de voir que Rui reprend la structure qui a rendu si percutant son premier roman traduit en France. Attrapé alors qu’il entrait sur le territoire avec une bombe, un homme subit un interrogatoire et nous suivons au travers d’un dialogue souvent surréaliste.

Alors nous retrouvons nos deux hommes, le coupable et le policier, dans des échanges succulents qui va pointer les travers et les questions autour de ces sujets que sont notamment le terrorisme et la relation humaine. Tout commence donc de façon assez classique sur la base d’une compréhension de ce qui aurait poussé notre “terroriste” à passer l’action d’un côté et les moyens pour obtenir les réponses du côté de l’agent du gouvernement.

Mais la torture n’est-elle pas illégale dans votre pays ?

Vous avez entièrement raison

Comment donc pouez-vous me torturer ?

C’est précisément pour cette raison que nous ne l’appelons pas torture.

Le Terroriste Joyeux

Rapidement, nous comprenons que notre “coupable” n’a pas agi pour des raisons que nous pensons et d’ailleurs, la situation est tellement absurde que nous pourrions même nous demander s’il avait une quelconque intention d’agir contre le pays dans lequel il a atterri. La relation va évoluer au fur et à mesure des échanges et la situation va considérablement changer d’un point de vue humain puisque le détenu va amener son geolier à s’exprimer…

Croyez-moi, le vieux, même violent et sanguinaire, veut vivre. Le désir de mourrir est un truc de jeunes. Le martyre, c’est très bien pour des gamins qui ont du temps à revendre.

Le Terroriste Joyeux

En morale de l’histoire, nous avons le droit à une histoire drôle jubilatoire que je vous laisse découvrir et passe maintenant à la nouvelle qui m’a intéressé dans cette courte parution, Le Virus de l’Ecriture, par l’écho dans notre monde actuelle. Les modes de communication modernes, les facilités de publication ont rendu tellement facile de raconter son histoire que le nombre de parutions et “d’écrivains” s’est envolé. Comme tous les sites, blogs littéraires et autres, nous recevons de nombreuses sollicitations et ce Virus de l’Ecriture présenté par Rui Zink est tellement vraie que nous sommes très peu finalement dans l’imaginaire.

Le Virus s’est répandu à toute allure, touchant la majeure partie de la population qui écrit, écrit, écrit, sur tout, sur n’importe quoi, indépendamment du genre même si on sent que cela reste lié au métier que les victimes avaient avant… Le monde est paralysé car l’écriture consomme tout le temps de cerveau disponible.

… la communication se fait dans les deux sens et que pour être compris, les éléments de la compréhension doivent être partagés

Le Virus de l’écriture

Et puis finalement, nous avons notre narrateur qui est immunisé contre le mal et nous alerte sur le sujet, s’interrogeant où le monde va finir si tout continu ainsi… Et cela dit, c’est assez étonnant, mais n’est-il pas lui-même victime du virus ? Avec le même humour que ce que nous avons déjà pu voir précédemment et le même sens du burlesque, Rui Zink nous fait comprendre que cette volumétrie d’écrivains entraîne par la même occasion une grande baisse des lecteurs… et est-ce intéressant d’avoir écrit sans que personne ne lise ?

Décidément, cet auteur me plaît par les thématiques et le style qu’il nous propose.

Agullo (22 août 2019) – 72 pages – 14,90€ – 9791095718604
Traduction : Maïra Muchnik (Portugais)

Le Terroriste joyeux

Un dialogue. Deux personnages : un présumé terroriste face au policier qui l’interroge.
Le premier est cueilli à la frontière, à sa descente de l’avion, transportant des explosifs. Sa défense : il n’a fait que les transporter pour son cousin, en échange d’un peu d’argent.
Les autorités n’avaient qu’à lui demander de remplir préalablement un formulaire !
Le ton est donné. Au fil de l’interrogatoire, le doute s’installe,
un glissement insidieux se produit, les rôles se défont : il n’y a plus un terroriste et un policier, mais simplement deux hommes. Et dans un système qui prône la suspicion, la méfiance
et la haine de l’autre, le sort de ces hommes n’est peut-être
pas si différent…

Le Virus de l’écriture

Un virus hautement contagieux se répand partout, et à grande vitesse : le nombre d’écrivains et de poètes augmente à vue d’oeil. Et ils écrivent bien par-dessus le marché !
L’épidémie est d’abord saluée avec enthousiasme, considérée comme une nouvelle Renaissance par les journalistes, commentateurs
et autres critiques. Bien vite, pourtant, les choses tournent vinaigre : les marchés et les magasins sont vides, la pénurie alimentaire menace, plus personne n’assume ses fonctions. Tout le monde écrit. Mais si tous écrivent, qui reste-t-il pour lire ? Ainsi s’interroge
le narrateur, mystérieusement immunisé. Existe-t-il un espoir de trouver d’autres lecteurs pour former une cellule de résistants ?
Pour empêcher la lecture et les langues de mourir ? Telle est la puissance, follement perverse, du virus. 


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