Récits du Vieux-Royaume – Le Chevalier aux épines – Tome 1
Jean-Philippe Jaworksi nous avait plongé dans le Vieux-Royaume au travers de son roman Gagner la guerre (qui est toujours sur ma pile à lire). En ce mois de janvier, l’auteur nous renvoie donc dans ce riche Royaume en compagnie du chevalier Aedan de Vaumacel.
Une histoire de chevalerie…
Tout commence par ce qui pourrait sembler être un fait divers : de jeunes enfants de manants disparaissent dans les campagnes, entraînant comme on s’en doute, beaucoup de discussions parmi les plus pauvres… Et comme en s’en doute, la disparition de ces enfants ne posent pas trop de questions et de problèmes aux nobles qui ont bien d’autres chats à fouetter.
Pourtant, l’arrivée du Chevalier Aedan de Vaumacel semble changer un peu la donne car le Chevalier aux Epines, puisqu’il faut bien l’appeler ainsi, semble s’être donné pour mission de trouver les coupables qu’ils pourchassent depuis quelques temps. Mais au-delà de son enquête, le Chevalier a aussi un lourd passé sur le dos : soupçonné d’avoir été un champion avec un peu trop de proximité avec sa duchesse, Audéarde de Bromael, il n’a pas su se rendre disponible pour le procès qui devait décider de son sort.
La conséquence fût donc l’emprisonnement, après jugement et répudiement, de la femme. La raison de cette non-présence nous sera expliquée rapidement, de par un engagement religieux qu’il avait pris. La chance va lui être donnée, un an après, de rétablir sa réputation et celle de la Duchesse, grâce à un tournoi de chevalerie… Mais pour cela, il faudrait qu’il se désengage un peu de la recherche des enleveurs d’enfants…
… dans la lignée des aventures arthuriennes
Difficile pour moi de parler de faire un rapprochement avec le roman Gagner la guerre, pour la raison que j’évoquais plus haut, donc je m’en abstiendrai bien entendu. Le récit que nous propose Jean-Philippe Jaworski est un roman épique, dans la veine des écrits de chevalerie. Cela pourra désarçonner un peu en termes de lecture, nous trouvons un côté un peu ancien dans le style d’écriture, mais qui est tout à fait en ligne avec le propos qu’il tient.
Nous découvrons donc au fur et à mesure notre Chevalier, tentant de percer et comprendre ce qui l’a éloigné durant plus d’une année des intrigues de cours et surtout de son procès. Car le personnage d’Aedan nous intrigue : il semble être totalement pétri d’honneur et place celui-ci au cœur de sa vie… Ce qui explique sans nul doute la façon dont il réagit face à ses amis, mais aussi ses ennemis, avec un grand respect mais aussi beaucoup d’humanité.
Nous avançons dans ce Royaume en y découvrant les tournois et les combats, qui bénéficient de descriptions précises et visuelles, à un point tel qu’on se sent participer aux différents événements semés sur la route de notre compagnie. Les jeux de pouvoir, les forces en opposition, les postures sont savamment travaillées et, bien que nous laissant par moment dans le brouillard de ces rapports de force, l’auteur nous dévoile petit à petit cet univers complexe au travers du regard de différents protagonistes.
Les différents événements se complètent au fur et à mesure du texte pour nous faire découvrir le tableau général.
On peut dire du récit que nous propose Jean-Philippe Jaworski qu’il est vivant, précieux dans le vocabulaire, et plein de références aux chansons de Geste, au cycle arthurien et à la chevalerie.
Un roman qui se laisse lire avec beaucoup de plaisir et un bon roman pour lancer l’année 2023 du côté des éditions Les Moutons Electriques.
Les Moutons Electriques (17 janvier 2023) – 528 pages – 28 € – 9782361838324
Couverture : Melchior Ascaride
Soupçonnée d’adultère, la duchesse Audéarde de Bromael a été jugée, répudiée et emprisonnée. Le champion qu’on l’a accusée d’avoir trop aimé, le chevalier Ædan de Vaumacel, lui a fait défaut au cours de son procès. Mais voici qu’un an plus tard, le chevalier est de retour. Honni par les partisans de la ci-devant duchesse comme par ceux du duc Ganelon, le sire de Vaumacel prétend vouloir restaurer son honneur et celui de la dame. Étrangement, il met toutefois plus de zèle à poursuivre les ravisseurs de jeunes gueux qu’à réparer sa faute. Pendant ce temps, la cour ducale se divise ; les armes courtoises pourraient y être rapidement supplantées par les armes de guerre…