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Body Snatchers de Jack Finney

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L’Invasion des profanateurs

En mai dernier, les éditions du Bélial ont ajouté à leur catalogue Body Snatchers, dans une traduction revue et corrigée… Pour ceux qui ne connaîtraient pas l’histoire de ce roman, et des adaptations qui en ont été faites, le roman est paru aux Etats-Unis en 1955. L’auteur a revu son roman en 1983 mais seule une partie des corrections qu’il avait faites ont été reprises dans la nouvelle traduction française dans sa version 1994 chez Présence du Futur. Bref, ce monument de la littérature de SF, mode invasion extra-terrestre se voit ici donc revue et corrigée pour notre plus grand plaisir.

Un petit village en apparence tranquille…

Mill Valley, fin 1976, est une petite ville tranquille de Californie qui vit à son propre rythme : la vie y semble paisible, et la communauté soudée. Miles Boise Bennell, qui sera le narrateur des événements que vivront les habitants, est un jeune médecin, originaire de la ville, revenu prendre la place de son père. Il est séparé et vit une relation de franche amitié avec Becky, elle-même séparée. C’est d’ailleurs probablement ce point commun qui les rend proches.

C’est cette amitié profonde, et la connaissance de la famille, qui fera que le jeune homme rencontrera sa première patiente, pour un mal bien étrange : la cousine de Becky est persuadée que son oncle… n’est pas son oncle. Difficile de comprendre le sentiment qui explique cette impression parce que l’homme – que Miles connaît – est le même physiquement, a une connaissance profonde de l’histoire familiale et reproduit les comportements de l’oncle. Donc d’un point de vue médical, Miles conclut que la jeune femme n’est pas dans son assiette et l’incite à s’orienter vers un psychiatre pour tenter de comprendre l’origine de cette impression.

Rapidement, le nombre de cas se multiplient, jusqu’à cette découverte effrayante d’un couple, qui trouve un corps chez eux. Et si ce mal n’était rien d’autre qu’une invasion ?

… qui cache un mystère venu d’ailleurs !

Comme vous l’aurez compris, le petit village est victime d’une invasion venue d’ailleurs. Rapidement dans le récit, le médecin se rendra compte que cette hallucination collective ne semble pas aussi anodine que cela, sauf à considérer qu’il est lui même victime de ce mal. Le déroulé de l’histoire est dynamique, pour un roman qui est relativement court : l faut noter un mot de l’éditeur en début et une postface qui permet de resituer le récit dans son époque ainsi qu’une explication très intéressante sur les adaptations du roman.

Le récit va vous faire rentrer dans un monde paranoïaque, où vous devrez vous poser la question de savoir qui sont vos voisins, à quel camp ils appartiennent, une vision très proche de son époque d’écriture où il ne faut pas oublier que chacun cherchait les communistes pour les dénoncer. On rajoutera évidemment le complotisme qui est omniprésent et je pense que cette notion de “Grand Remplacement” prend un sens totalement différent dans le récit de Jack Finney… Il y a un sens politique ou en tout cas un contexte politique dans lequel s’inscrit le roman qu’il ne serait pas sérieux d’ignorer… Avec déjà un attachement à la dimension écologique / nature !

N’ayez pas l’air si bouleversé, docteur. Après tout, qu’est-ce-que vous, les humains, avez fait des forêts qui couvraient les continents ? N’avez-vous pas systématiquement détruit la flore, la faune, tout l’équilibre naturel de votre globe nourricier ?

La question de la médecine est bien sûr importante à prendre en compte, on y parle notamment de cet événement historique resté inexpliqué durant lequel en 1518 à Strasbourg, de nombreuses personnes dansèrent jusque la mort, ou encore les événements de Matoon, toujours inexpliqués 75 ans après… alors pourquoi des habitants n’auraient pas une hallucinations communes autour de leurs proches ?

Pour revenir et conclure sur ce roman, nous voici donc sur un roman de SF sympathique, avec une invasion qui se fait discrètement et sans a priori de violence. On pourra être déçu par la fin, qui laisse penser que l’auteur n’avait probablement pas trop d’idée sur la chute, mais le tout reste sympathique à lire.

Le Bélial (16 juin 2022) – 266 pages – 20,90€ – 9782381630472
Traduction : Michel Lebrun (Etats-Unis – revue et corrigée)
Titre Original : Body Snatchers (1955 revue en 1983 par l’auteur)
Illustration : Aurélien Police

Mill Valley.
Petite ville paisible de Californie.
Son médecin. Son shérif. Ses commerces.
Et dans les caves de Mill Valley, des cosses.
Elles viennent d’ailleurs.
Elles veulent des corps humains.
Un jour, elles les prennent…




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