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Les fils du feu de Katia Lanero Zamora

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La Machine – Tome 2/2

J’avais découvert la première partie des frères Cabayol il y a maintenant deux ans aux Editions ActuSF. Cette histoire, qui ne peut que faire écho à l’histoire réelle espagnole des années 30, nous a fait découvrir une famille qui a acquis en quelque sorte le statut de “bourgeois” peu de temps avant la chute de la royauté en Panim. La République qui a pris le relai est on ne peut plus fragile et c’est à un instant charnière que nous découvrons Vian et Andrès.

Rappel des événements

Alors que la République chancelle, deux clans se forment : ceux qui veulent définitivement sauver la République, avec un vrai volonté d’équité au sein du peuple et d’autres qui ne souhaitent rien moins que de retrouver des privilèges qu’ils regrettent fortement. Le foyer des Cabayol n’échappe à l’opposition politique, comme le reste de la population, et notamment au sein de leur foyer.

Mais la Machine n’est pas une question de quelques années, c’est un bouleversement qui doit avoir lieu sur plusieurs générations, jusqu’à ce que l’enfant qui naît grandisse dans une société où tous nos concepts ne sont plus des concepts, mais des actes concrets. L’éveil à la consience politique. L’éducation accessible à tous et sans condition. Le partage des bines. L’équité. Ca demande la déconstruction intégrale du monde que nous connaissant.

Ayant réussi à s’enrichir notamment grâce aux mines qu’ils possèdent, la famille Cabayol se compose du grand-père Papyol, du père qui s’est remarié et des deux fils Vian et Andrès. Et c’est au niveau des deux fils que l’opposition se révèle être la plus visible, entre Vian, qui sera un fervent défenseur de la Royauté et Andrès qui sera proche des machinistes, qui sont alliés à la défense de la République.

A la fin de la première partie de cette histoire, la guerre civile débutait et les deux frères se sont retrouvés chacun dans un camp.

Une guerre suivie des deux côtés du fusil

Vous l’aurez compris, Katia Lanero Zamora va nous permettre grâce à ces deux frères, de vivre les deux côtés de l’histoire. Et lorsque nous reprenons l’aventure, chacun croit avoir perdu à jamais l’autre.

Il faut d’abord précisé que la situation est particulièrement compliquée pour la jeune république, peu armé contrairement aux royalistes qui semblent largement soutenus par des puissances étrangères, avec pour conséquence directe que les machinistes et leurs alliés ont bien du mal à tenir leur position. La tension est au plus haut et nous allons suivre alternativement les deux points de vue.

D’un côté Vian, qui est en train de progresser au sein de la hiérarchie militaire, aidé en cela par son beau-père. Rien n’est interdit aux soldats pour semer la terreur et s’assurer que chacun rentre dans le rang. Nous voyons toutes les bassesses, les massacres de populations civiles coincés entre le marteau et l’enclume. Nous voyons aussi cette “appropriation” des enfants d’insurgés, donnés à des familles proches des putschistes. Bref, nous voyons au travers de la narration une dénonciation forte de ce qui s’est passé durant la “vraie” guerre civile.

De l’autre côté, Andrès doit lui aussi faire face à de nombreux enjeux, et notamment comment gérer ces brigades extérieures à Panim qui sont venus en renfort pour aider la République à survivre ? Là encore, l’autrice réussit à nous montrer les manigances et les choix, parfois discutables, qu’a du faire la République pour ne pas être renversée. Des choix qui feront partie de ceux qui seront la cause là encore de nombreuses morts.

Miliciens jusqu’à la mort. Soldats, jamais !

Alors, il est évident que le lecteur / la lectrice se retrouvera plus proche de la cause d’Andrès, sans pouvoir non plus s’empêcher de penser que tout n’est pas rose non plus. Et en cela Katia a réussi son pari.

L’histoire dans l’Histoire

Mais il ne faut pas limiter ces deux romans à une réécriture de la guerre civile espagnole… Comme je le disais plus tôt, il s’agit aussi et surtout de l’histoire de Vian et Andrès, une histoire qui se déroule ici à coup de flashback. Cette relation ambiguë entre les deux frères prend racine très tôt dans leur vie, portée aussi par la domination qu’exerce le grand-père sur la famille, exception faite d’Andrès.

Entre complicité et opposition, nous voyons toute la finesse des personnages, la façon dont une famille prend la direction du déchirement, sur fond de crise politique. Tout concoure à nous faire espérer une fin heureuse, des retrouvailles qui permettraient de gommer ces années de conflits, ces années de distance et d’oubli. Mais la guerre prend tout, et notamment l’espoir… Chaque frère pense l’autre perdu pour la cause.

Bien que le personnage d’Andrès semble plus sympathique car étant dans le camp de la République, je dois avouer préférer le parcours du jeune Vian, soumis à une pression familiale et sociétale l’empêchant d’être ce qu’il voudrait être, et lui imposant une vie, notamment par le mariage.

En un mot comme en cent, Katia Lanero Zamora a réussi à concilier petite et grande histoire dans un roman qui réécrit les années 30 espagnoles sans masquer la dureté de la période et en mettant en lumière aussi un amour fraternel dont on s’interroge sur la capacité à résister à la tempête révolutionnaire.

Editions ActuSF (Mars 2023) – Les 3 souhaits – 390 pages – 20,90€ – 9782376865742
Couverture : Zariel

Après des mois de tension, la guerre civile s’est abattue sur Panîm et l’enfer se déchaîne sur ses habitants. Les troupes de la toute jeune république et celles des anarchistes de La Machine tentent de résister à l’armée des royalistes, mieux financée et mieux équipée. Dans ce tourbillon sanglant, la famille Cabayol a littéralement explosé. Les deux frères, Andrés et Vian, sont dans des camps opposés. Un face-à-face mortel malgré l’amour qui les unit. Une histoire de sang, de batailles, de fièvre et de révoltes !


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