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Les naufragés de l’institut Fermi d’André David

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Les éditions Critic nous propose le premier roman d’André David avec un voyage étonnant dans le temps.

Le paradoxe ou problème de Fermi

Avant de commencer à parler du livre en lui-même, il est probablement utile de rappeler qui est Fermi.

Enrico Fermi était un physicien italien naturalisé américain (1901 – 1954) qui a travaillé autour de la physique nucléaire. Récompensé du prix Nobel de physique en 1938, ce n’est pourtant pas le sujet de ses études qui sont au cœur du fameux paradoxe ou problème (suivant la lecture du sujet) de Fermi… Le sujet concerne l’existence des extra-terrestres et notre rencontre avec eux, sujet qu’il a abordé au cours d’un déjeuner avec ses amis et collègues Emil Konopinski, Edward Teller et Herbert York.

La question est relativement simple : “S’il y avait des civilisations extraterrestres, leurs représentants devraient être déjà chez nous. Où sont-ils donc ?”. Cette question toute simple en apparence a passionné – et continue de passionner – de nombreux scientifiques, tout comme la science-fiction ou la philosophie… Les réponses sont multiples et variées mais une est particulièrement mise en avant dans le récit d’André David

…L’humanité n’est pas entrée en contact avec une forme de vie extraterrestre sous quelque représentation que ce soit car chaque civilisation a un temps de vie limité par des facteurs qui lui sont spécifiques et toute forme de vie s’autodétruit avant de pouvoir mettre au point un système lui permettant de rentrer en contact avec une intelligence extra planétaire.

L’institut Fermi pour influencer le futur

Une fois posé la question de Fermi, nous voici dans un récit où Louis est un dériveur au sein de l’Institut Fermi. Pour simplifier un peu l’explication (qui n’est par ailleurs pas très complexe non plus), un certain nombre d’hommes et de femmes sont en capacité de voyager dans le temps. Le voyage n’est par contre pas un voyage “entier”. Les dériveurs ont la capacité de transporter leur esprit dans le corps d’une personne partageant le même ADN. Louis fait partie de ces dériveurs dont le principal objectif est de permettre à l’humanité de vivre plus longtemps par des modifications légères du passé.

Les voyages se passent à la fin du XXIVè siècle et le siège de l’institut se situe sur l’île de Bréhat. Il semble que d’autres centres existent ou ont existé, le breton restant le modèle du genre.

Ces interventions se passent sous le contrôle des Moires, qui identifient les périodes qui sont les plus propices à l’intervention de ces voyageurs temporels : guerre de Crimée, siège de Sébastopol ou encore bataille de Camerone verront nos dériveurs trimballer leurs ancêtres.

Voyageurs temporels contre voyageurs temporels

Rapidement pourtant, nous sommes mis en contact d’une civilisation plus lointaine, à la date indéterminée. Beaucoup de machines sont présentes et Gwen, une clone, arrive à s’échapper d’une ruche pour se voir intégrer à une autre ruche. Rapidement, il est évident que la population de ce temps vit dans un monde dur, où de nombreuses machines sont présentes et dans le même temps, où la faune et la flore ont subi de graves préjudices : l’humanité semble d’ailleurs sous le joug de dictateurs…

Mais surtout, le voyage dans le temps est là aussi maîtrisé et permet aux voyageurs de se déplacer physiquement dans le temps.

Pour une raison qui nous semble obscure (et cela n’est toujours pas si clair pour moi à la fin du récit), ces voyageurs s’opposent aux Dériveurs. D’ailleurs, la première scène à laquelle m’a faite penser le rencontre entre Gwen et Louis est la rencontre entre Sam Beckett (alias Scotte Bakula) et Alia dans l’épisode “Le bien et le mal” de Code Quantum. Gwen a pour objectif de contrer les opérations des équipes de Louis, pour (re)transformer le futur.

Pourtant, et c’est bien le sujet de ce récit, l’objectif semble le même.

Majeure contre mineure

Le scénario que nous propose André n’est donc pas super optimiste dans son approche. Deux courants existent : la majeure donc qui prévoit un effondrement de notre existence sur un horizon de temps que nous ne maîtrisons pas et, comme un effet balance, une mineure qui annonce tout simplement et mathématiquement qu’il existe une infime chance de sauver l’humanité. Tout le travail des Dériveurs s’attachant à essayer de faire que la mineure devienne la majeure.

Pourtant, l’exercice ne semble pas aisé et la réussite est loin d’être acquise. Il semble y avoir une propension de l’humanité à se la jouer Lemmings, et nous reconnaissons dans certains aspects le côté Psychohistoire si chère à Asimov, où il est possible de prédire la réaction de masses des humains sur certains événements, tout en reconnaissant cette capacité que des actes de petite envergure influence la population dans son ensemble.

La goutte d’eau qui glisse dans une vague n’est pas responsable de l’élan de la houle qui se brise contre la falaise. Elle n’est qu’une goutte de’au et ne fait rien d’autre que suivre la goutte d’à côté.

Les vocations ce ces petites interventions semblent donc de faire dévier l’humanité de sa trajectoire auto-destructrice.

Les naufragés de l’institut Fermi vont donc faire suivre ce combat dans le temps et à distance entre Dériveurs et Voyageurs, tout en nous faisant découvrir deux mondes, mais aussi le questionnement de Louis et Gwen par rapport à leurs missions.

Le récit est plutôt animé, avec un certain nombre de personnages qui font la richesse du récit. Pourtant, il y a un petit quelque chose qui ne nous permet pas de nous immerger totalement de mon point de vue dans le récit. Je ne sais pas à quoi cela tient, peut-être la complexité des concepts, ou le côté très sombre du récit, mais il y a des moments plus difficiles.

Un premier roman qui a le mérite d’aborder sous un angle intéressant un thème récurrent de la SF.

Editions Critic (Janvier 2022) – 560 pages hors annexe – 22 € – 9782375792421

Île de Bréhat, XXIVe siècle. L’Institut Fermi envoie ses agents au XIXe siècle afin d’influencer le cours de l’histoire pour résoudre le grand paradoxe de Fermi et ainsi éviter que l’humanité ne s’autodétruise. Louis, Ángel et Casimir sont des Dériveurs, choisis par les moires de l’Institut car ils présentent le même patrimoine génétique qu’un homme du XIXe siècle. En effet, en Dérive, ce n’est pas l’individu mais sa conscience qui voyage, entre deux corps génétiquement identiques.

Encore plus loin dans le futur, dans ce qu’il reste de l’Institut Fermi en ruines, une jeune clone, Gwenn, réussit à rejoindre un groupe clandestin qui cherche à tout prix à s’opposer aux Dériveurs. Pour cela, eux voyagent, physiquement, dans le temps : ce sont les Voyageurs.

L’affrontement imprévu de Louis et de Gwenn va bouleverser ce que chacun croyait savoir. Quel est le véritable plan des moires ? Qui peut se targuer de maîtriser le cours du temps ? Et surtout, l’humanité peut-elle être sauvée d’elle-même ?


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