En départ pour une destination qui semble les inquiéter au plus haut point, un général, une femme à embonpoint, un prêtre, une jeune mère et son enfant, une princesse et pour finir une veuve sont pourtant des voyageurs de première… Ils côtoieront des wagons à bestiaux dans lesquels seront stockés tant bien que mal tous ces déchets humains que sont les handicapés et autres malformés, jugés indésirables dans ce futur sanglant.
Tatoo est une jeune résistance, qui réussit à échapper à son bourreau et part retrouver ses compagnons de lutte.
Sur ses rétines reste imprimée la face camuse d’un mongolien dont les yeux, débordants d’effroi, l’ont fixé un instant avant de disparaître, avalés par la foule. Dans ces yeux là, dans la bouche édentée ouv
erte sur un cri muet, toute l’innocence du monde. Toute la détresse. Et l’effarante démesure d’une question à laquelle nul ne peut répondre : pourquoi ?
Ce titre que je lis de Gudule est pour moi une découverte de l’auteur, ce qui peut paraître surprenant étant donné la quantité impressionnante de roman qu’elle a déjà écrit, mais il aura fallu attendre que Bragelonne lance son opération sur les Ebooks pour que je me lance dans la lecture de ce court roman d’horreur français… Et je n’ai pas été déçu !
Nous suivons deux histoires en parallèle. D’un côté, un petit groupe de privilégiés a l’air d’osciller entre la reconnaissance d’une destination de rêve et d’une crainte que nous avons du mal à comprendre. Ils sont d’ailleurs confrontés durant l’attente de leur train à l’embarquement à toute la misère humaine avec cette foule d’handicapés chargée comme du bétail dans des wagons à destination de camps qui ont l’air d’être tout sauf joyeux. Cette bourgeoisie feint d’ignorer toute cette misère et leur discussion sont pour le coup sans intérêt. Nous voyons d’ailleurs que le groupe est assez particulier puisqu’il intègre entre autre une veuve qui sort tout juste d’un procès hors norme, un prêtre extrémiste mis au ban par sa hiérarchie, un lord refusant toute relation humaine, une jeune mère portant son bébé mort, une jeune princesse tuberculeuse, un général à la retraite et une femme forte.
De l’autre côté, Tatoo est une jeune femme qui lutte au côté d’une “cour des miracles” avec un nain, un borgne, un vieux marginal… Leur lutte, nous ne le comprenons pas trop non plus, mais la traque dont ils sont victimes est un indice important quand au régime sous lequel ils vivent. Le destin de Tatoo est tragique puisqu’elle vient d’échapper à la prostitution forcée grâce à un coup d’éclat.
Difficile de dire comment tourne l’histoire sans la dévoiler, cette dystopie nous plonge dans un monde dur, sans foi ni loi où toute trace d’humanité semble avoir disparu. Si je dis semble, c’est parce que malgré toute la noirceur de cette longue nouvelle (ou de ce court roman), nous avons une lueur d’espoir, enfin au moins pour un temps, pour nous permettre d’espérer que l’humanité n’est pas si pourrie que ça.
Une lecture passionnante et entraînante.
Bragelonne (Janvier 2011) – 116 pages – Format Ebook – 2,99€
Oyez, bonnes gens, le club des petites filles mortes ouvre ses portes. Au menu: sang frais, frissons, peurs bleues et nuits blanches à gogo. Avis aux amateurs ! Car ces gamines, elles en ont, de belles et terribles choses à vous raconter… Des contes modernes, effrayants et bouleversants, où elles se vengent des adultes avec une cruelle innocence. Avec un humour qui arrache le sourire et un style incisif unique en son genre, teinté de poésie et d’émotion. Bienvenue dans l’horreur des contes de fées qui ont mal tourné, au pays des enfances brisées dont les rescapées sont d’autant plus attachantes qu’elles peuvent devenir très, très méchantes…