Retrouvez l’actualité des littératures de l’imaginaire (Science-Fiction, Fantastique, Fantasy, et autre) ainsi que des interviews de celles et ceux qui les construisent.

Un monde devenu Fragile/s avec Nicolas Martin

Pour les auditeurs de France Culture, Nicolas Martin a été pendant de nombreuses années l’animateur de la Méthode Scientifique. L’émission, qui abordait de nombreux sujets scientifiques, laissait aussi la part belle à la Science-Fiction. Déjà présent dans plusieurs anthologie, Nicolas Martin a publié en cette fin d’été son premier roman Fragile/s aux éditions Au Diable Vauvert.

Rattrapé par l’actualité politique, le roman de Nicolas nous plonge dans une France autoritaire, où la natalité devient un sujet de préoccupation majeure.

J’ai pu échangé avec l’auteur durant le festival des Utopiale, dont il est un des directeurs artistiques, et en apprendre un peu plus sur les motivations de l’intrigue.

https://www.youtube.com/watch?v=fEDz9AUyaDM

Vous pouvez aussi l’écouter sur Spotify

Ou lire la retranscription 🙂

Bonjour Nicolas.
Bonjour Allan.

Alors, première année dans la direction artistique ?
Absolument.

Ça va, pas trop de pression ?
C’est intense. C’est intense, mais c’est incroyable. Pour la petite anecdote, pour celles et ceux qui n’ont pas pu être là, on a présenté en mercredi soir, au prélude aux Utopiales, comment on avait travaillé avec Yann, Floriane et Eva.

Je suis déjà monté sur la scène Shayol, j’ai fait des interviews pour France Culture, j’ai vu les salles remplies. Ce sont des trucs que, tu vois, normalement, je sais faire. Et je me suis retrouvé dans un état de trac, mais de trac que je n’avais pas ressenti dans ma vie depuis 20 ans. J’ai l’impression de rentrer en studio pour faire mon premier journal.

Parce que c’était d’un seul coup présenter aussi notre travail collectif devant le public des Utopiales. C’est la première fois qu’on vient, on a vraiment beaucoup bossé. Enfin, c’était hyper émouvant, en fait. Et du coup, j’étais hyper traqueux. Voilà.

Je pense que tout le monde te connaît. Tu as été l’animateur de la méthode scientifique de 2016 à 2022. Tu avais participé déjà sur quelques nouvelles, etc. Et d’où cette bascule dans le métier ?
Dans le roman ? Oui. Écoute, très naturellement, il y a trois ans, avec mon éditrice de l’époque, Laetitia Rondeau (NdW : Rondeau) qui était mon éditrice du bélial à l’époque, pour qui je venais de terminer une nouvelle pour Bifrost qui s’appelait Un soir d’orage, et Laetitia me dit « Ce serait bien que tu commences à penser à une forme un peu plus longue », et je lui dis « Bah oui, oui, effectivement, pourquoi pas, ça me trotte dans la tête, mais encore faudrait-il que j’aie une idée ».

Parce qu’écrire une nouvelle, voilà, c’est facile, c’est une idée rapide, une scène, une situation, bref. Un roman, c’est plus lourd, il faut avoir de la matière, il faut avoir envie de passer des mois de sa vie dessus. Et je me suis dit, bon, voilà, il faut que je prenne le temps d’y réfléchir, mais pourquoi pas ? Et puis, j’étais en vadrouille aux îles Féroé, sur ces petits cailloux à mi-chemin entre l’Islande et l’Écosse. Je suis parti me promener dans la lande brumeuse, et je suis revenu épuisé, je me suis effondré, et je me suis réveillé à 4h30 du matin, fébrile, et j’ai ouvert mon ordinateur en me disant, il faut que j’écrive ce rêve.

Et ce rêve, c’était le noyau narratif de Fragile. Et donc, il y a des problèmes d’ADN, de fertilité, et un gouvernement fasciste, géniste, va trafiquer le génome pour produire des nouveaux enfants sains, et j’ai cette idée-là tout de suite. C’est l’époque où j’étais encore à France Culture, à l’automne, où je m’étais mis en hebdomadaire pour ralentir un peu parce que j’étais vraiment fatigué. J’ai commencé à écrire la première partie, puis j’ai repris la méthode, j’ai complètement arrêté, j’ai complètement laissé le livre pendant un an. Et puis après avoir quitté France Culture, j’ai recommencé à écrire un petit peu. Et ensuite, je suis allé en résidence à La Laune, au Diable Vauvert, mon éditeur.

D’ailleurs, c’est comme ça que notre histoire a commencé. Je suis arrivé en résidence en pensant toujours écrire le livre pour le Bélial. Et puis, le livre prenant forme, je me suis rendu compte que c’était de moins en moins un livre pour ce que fait la ligne éditoriale du Bélial et d’Olivier Gérard, que j’admire et que je respecte beaucoup et avec qui je vais continuer à travailler par ailleurs. Mais « Fragile » était bien plus un livre politique dans la ligne du Diable Vauvert.

Et puis à partir de là, ça a été l’autoroute sans péage. En deux mois, j’ai terminé le livre.

Donc voilà, c’est « Fragile/s », qui est paru fin août. Donc ça doit être un achèvement de l’avoir dans les mains, ce livre ?
C’est un truc… Là aussi, c’est un truc particulier. Je t’assure qu’il y a eu des moments où, quand je l’ai reçu, quand j’ai reçu le livre fini, parce qu’il y a eu les corrections, les épreuves, etc. Et quand j’ai eu l’objet fini, j’ai eu ce truc de déréalisation en me disant J’ai écrit un livre. C’est allé assez vite en fait, parce que mis bout à bout, comme j’ai tout écrit en résidence, en trois mois et demi, j’ai fait la v1, plus ensuite le travail, donc ça a été assez rapide à partir du moment où je m’y suis mis. Et même aujourd’hui, il y a un truc de déréalisation. C’est effectivement un peu comme un enfant qui sort de toi, qui à un moment donné vit sa vie et ne t’appartient plus, et appartient ensuite aux lectrices et aux lecteurs. Et ça, c’est encore un autre truc complètement dingue de voir qu’il y a un écho, que les gens aiment, qu’il y a un enthousiasme autour de ce livre, qu’il est hyper, hyper, hyper bien reçu. Et là aussi, c’est quelque chose qui ne m’appartient plus et dont je suis très fier. Et c’est une expérience assez forte, franchement, vraiment.

Tu parlais du problème génétique natalité, et avant de parler au cœur du sujet, qui est pour moi la politique au sens général du livre, il y a quand même un accent très fort qui est mis sur le syndrome du X fragile, qui est une maladie qui n’est finalement pas si connue que ça en France. Est-ce que tu avais une raison particulière de t’attacher à ce syndrome ?
Alors, le syndrome de l’X-fragile, c’est un handicap génétique héréditaire partiellement qui concerne 12 000 familles en France. Pourquoi est-ce que j’ai pris ce syndrome-là ? Parce que dans l’imaginaire que je voulais développer autour de fragile, il y a le syndrome de l’X-fragile, mais il y a aussi un phénomène qu’on appelle la délétion du gène Y qui joue sur la fertilité masculine. Et j’avais l’idée qu’il y avait effectivement de l’ADN endommagé, dégradé, fragile, au sens propre du terme. Et puis je me suis renseigné beaucoup sur la maladie, sur les enfants et sur les familles qui ont des enfants X fragiles.

Et puis moi, j’ai été en contact dans mon enfance avec des personnes en situation de handicap parce que ma mère était psychomotricienne et elle travaillait avec des enfants polyhandicapés. Par ailleurs, j’ai bénéficié d’un programme merveilleux en école primaire, où en classe de CE2, on avait une jeune fille handicapée qui s’appelait Isabelle. Je ne crois pas qu’elle était fragile, elle avait un handicap assez lourd, physique et moteur, et dont je me suis vraiment occupé, parce qu’avec une amie à moi, on était les deux gamins de la classe qui s’étaient énamourés et entichés d’Isabelle.

Et donc, naturellement, il y a eu cette idée de Madeleine, la fille de Typhaine, un personnage très important dans le récit. C’est un personnage auquel je suis très attaché. C’est un personnage qui révèle tout le spectre de son humanité différente. Et le lien qu’elle tisse avec sa mère, malgré des débuts difficiles, était un lien très important pour moi. Et d’avoir un personnage de personne handi positif, rayonnant, c’était quelque chose d’important pour moi.

Et du coup, on va rentrer dans la dimension politique. La France a glissé dans une forme certaine d’autoritarisme. Est-ce que c’est vraiment de la SF ?
La fameuse blague de tout amateur de SF qui dit que le rayon dystopie a été transféré au rayon actualité.

C’est intéressant parce qu’effectivement, le point de départ de Fragile, c’est donc cette histoire de modification génétique. Et au fur et à mesure de l’écriture, je me rends compte, et ça c’est vraiment ce moment où d’un seul coup, ton histoire te porte et prend en quelque sorte sa propre vie, sa vie propre ou son existence propre. Et je me suis rendu compte qu’effectivement, plus ça allait et plus le contexte politique devenait important, important pour moi et important dans le récit. Et effectivement, quand j’arrive à la fin et que je dois résoudre mon intrigue, je me rends compte qu’il est au moins aussi important de résoudre le contexte global et donc la back-story politique que de résoudre vraiment cette histoire de modification génétique, et que les deux ont pris autant d’importance.

Mais c’est pour une raison très simple, c’est que je pense que, comme je ne vais pas paraphraser et faire du Flaubert-Wisch, mais Typhaine, c’est moi, bien sûr, enfin je veux dire, il y a beaucoup de moi dans ce personnage principal, Et il y a beaucoup de mon angoisse de voir l’extrême droite progresser, arriver jusqu’aux portes du pouvoir et d’être comme sidéré, incapable de réagir, de me réfugier dans mon petit confort bourgeois en voyant mon pays basculer et potentiellement ma vie être mise en danger parce que je suis un homme homosexuel et on sait que l’extrême droite, les homosexuels, ils ne veulent ni les voir, ils veulent les mettre en camp de réhabilitation de thérapie de conversion.

Il faut savoir qu’ils ont voté contre l’interdiction de thérapie de conversion en Europe. Et je me suis dit, qu’est-ce qui se passe le jour où ils arrivent au pouvoir ? Qu’est-ce qu’on fait ? On va aller manifester, ça va être violemment réprimé, parce que la police est déjà très favorable aux idées d’extrême droite, donc à partir du moment où l’extrême droite est au pouvoir, on peut imaginer que les répressions vont être violentes, si ce n’est meurtrières.

Donc les gens vont avoir peur, plus personne ne va bouger. Donc on va essayer de résister mais l’opposition va être muselée. Bref, qu’est-ce qu’on fait ? Et la vie continue. Alors on ne va pas s’arrêter de vivre. Il y a des gens qui vont peut-être pouvoir partir. Moi je ne pense pas partir. Je pense que fuir ce n’est pas une bonne idée. Qu’il faut résister d’une manière ou d’une autre, mais comment on fait ? Comment on fait quand on n’a pas forcément de réseau militant, quand on est comme 98% de la population sidéré par ce qui se passe et terrifié à la transformation de la société, et donc Fragile est aussi un roman qui raconte ça.

Et c’est aussi un roman, je tiens à le dire, qui fait ses portraits de femmes qui résistent plus ou moins, certaines collaborent, et en fait l’idée quand même globale de ce bouquin, et ça c’est aussi quelque chose qui me tenait vachement à cœur, c’est pas un bouquin d’effet de liste paradoxalement, même si tout ça est assez noir et assez dur, c’est aussi un livre qui dit qu’il n’y a pas de petit acte de résistance. Tout acte de résistance est valide et même si on ne le comprend pas immédiatement.

Ce qui m’intéressait, c’est intéressant pour Typhaine, moi j’ai ressenti qu’on avait Typhaine qui était effectivement dans une sidération, on avait de l’autre côté Gauthier, je ne dis pas de bêtises Gauthier, qui se dit qu’il va changer le système de l’intérieur et finalement ça n’existe pas.
Oui, parce que même tous les deux, en fait, Typhaine et Gauthier, ils se rencontrent dans leurs études de droit, c’est des gens de gauche qui n’ont pas connu la démocratie, qui ont vécu toujours sous l’extrême droite, et qui se disent maintenant nous on va profiter de notre position dans la société pour essayer de préparer le retour de la démocratie. Et la démocratie ne revient pas. Et à travers leur parcours, Gauthier, dans un ministère qui fête dans son travail auprès des populations migrantes, on se rend compte que, encore une fois, c’est le piège d’un seul coup de se dire qu’on se croit plus malin ou plus intelligent que le système. Et en fait, le système nous écrase. Et à un moment donné, parfois, nous écrase jusqu’à nous faire perdre de vue ce qui était à l’origine de nos ambitions politiques. Le roman commence littéralement comme ça. On dit à Typhaine, félicitations madame, c’est un garçon. Elle dit, et merde, parce qu’elle bénéficie de ce programme expérimental de géno-embryologie pour avoir des enfants sains. Et elle se dit, et merde, comment j’ai pu en arriver à abdiquer mes idéaux politiques à ce point que je suis et que j’ai accepté de devenir une mère porteuse pour une société fasciste généiste ?

Et dans le parcours, on voit aussi un certain nombre de personnages qui sont pas forcément secondaires, qui ont leur importance à des instants T, et notamment on voit le traitement de l’immigration, c’est-à-dire qu’aujourd’hui, l’extrême droite voit l’immigration comme le sujet qu’il faut rejeter au plus loin, au-delà de la Méditerranée ou d’autres  pays. Dans Fragile/s, on fait des camps, sans spoiler, aussi parce qu’ils sont moins victimes. Finalement, les étrangers, on les traite suivant ce qui nous arrange à l’instant T.
Oui, dans Fragile, il y a des CRDI, des Centres de Rétention à Durée Indéterminée. Et puis on voit que face à la chute de la fertilité, le gouvernement d’abord confisque les enfants aux familles migrantes et pour les mettre dans des écoles de francisation, comme ça a été fait mille fois dans la colonisation, aux Etats-Unis, en Afrique.

Vraiment, vous prenez aux Etats-Unis, c’est de documenter maintenant les populations natives, on leur enlevait les enfants et on les mettait dans des centres où on leur coupait les cheveux, on leur faisait jurer la foi au Christ. Évidemment, tout ça sous couvert avec de la maltraitance, des abus sexuels. C’était vraiment une sorte de cauchemar. Et puis, au fur et à mesure du bouquin, au fur et à mesure que le pouvoir se radicalise encore plus, pour pouvoir rester sur le territoire et avoir accès à des métiers de première ligne, les familles migrantes, comme le personnage d’Aïssa Toué, sont obligées de confier son fils à une famille française et donc à renoncer à sa maternité.

Donc oui, voilà, malheureusement, le problème, c’est qu’on voit qu’on y est. L’extrême droite, même si elle n’est pas encore totalement au pouvoir, alors qu’il y est quasiment de facto, puisque depuis le gouvernement Barnier, les députés RN tiennent le gouvernement littéralement par les couilles et l’obligent à appliquer son programme.

On voit que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, est un authentique fasciste, raciste, qui dit que l’immigration n’est pas une chance, qui est d’une débilité profonde, ce qui est vraiment d’une inculture. Ces gens-là mériteraient d’aller en taule.

Oui, et en fait, finalement, parce qu’il y a cette relation aussi de mère-fille qui est importante, et notamment quand on a une enfant en situation de handicap. Et malgré tout, c’est vraiment le ressenti que j’ai eu en lisant le roman, le roman est tombé deux mois après le sketch des élections et des gouvernements, et ça fait une claque dans la gueule. On se dit, je suis Typhaine, je suis Gauthier.
Là aussi, il y a un effet de rattrapage du réel qui est assez vertigineux, puisque quand j’ai commencé au tout début, quand j’étais encore à France Culture, j’écris l’interdiction de l’avortement dans cette société, le rétablissement de la peine de mort, et là, boum, la Cour suprême américaine passe sa décision sur l’annulation d’Euro vs. Wade, et donc ouvre la possibilité à des États américains d’interdire l’avortement. ça va un peu plus vite que prévu.

Plus tard, alors au moment où moi je suis dans ma pause d’écriture, j’écris quand même ce gouvernement néo patriote, donc d’extrême droite, qui a un programme et un ministère qui s’appelle le ministère de la Famille et du Repeuplement. Macron nous fait le coup du réarmement démographique, on dit wow, wow, wow, wow, wow.

Et puis le pire vraiment, c’est que le livre était terminé, il était imprimé. Et là, il y a la dissolution, les élections législatives anticipées et où je me dis donc, le livre peut concrètement sortir dans un pays gouverné par l’extrême droite. Pour celles et ceux qui étaient là hier, on a parlé justement de l’extrême droite. Je suis passé, j’ai dépassé le stade de la peur ou de la sidération, peut-être d’ailleurs un peu grâce à Fragile/s, pour passer au stade de la colère et de l’action.

Il faut arrêter de baisser les bras, ce n’est pas possible. Il ne faut pas attendre 2027 pour résister. La résistance commence aujourd’hui, maintenant, chacun à sa manière, mais on peut encore leur faire échec et ce n’est pas une fatalité. Et la colère que les gens progressistes, humanistes de gauche ressentent, qu’il ne faut pas vivre avec, il faut l’extérioriser, il faut la manifester, et encore une fois, il n’y a pas de petit acte de résistance.

Et du coup, la SF est politique ?

Bien sûr que la SF est politique. Mais de toute façon, toute forme de création artistique est politique dans le sens où elle s’inscrit dans un contexte socio-politique, culturel, économique, religieux, dont elle est un reflet d’une manière ou d’une autre. La SF est politique, la SF sert à mobiliser, à prendre conscience, à partager et également, dans le cadre Fragile/s c’est de la dystopie, mais également à proposer d’autres modèles, d’autres systèmes d’organisation, sociaux, familiaux, économiques, relationnels, écologiques évidemment. Donc heureusement que les littératures de l’imaginaire et pas uniquement la SF ont ce rôle, cette fonction-là.

Et à toi, je peux te souhaiter quoi particulièrement maintenant ?
Du repos. Après cette rentrée littéraire, plus je suis rentré dans un festival à Tours qui s’appelle Mauvais Tour il y a 15 jours, plus être aux commandes de cet énorme paquebot, ce qui est une mission merveilleuse et fantastique. Donc, du repos. Et puis, la meilleure vie pour ce roman. Et puis, bon courage pour celui d’après que j’ai déjà commencé à écrire.

Merci beaucoup.
Merci beaucoup. Merci à toi.


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