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Interview de Thomas Fouchault pour les éditions 1115

Les éditions 1115 nous proposent depuis quelques années maintenant des novellas d’auteurs et autrices françaises, un format peu présent en France (même si on peut citer bien sûr la collection Une Heure Lumière du Bélial).

Nous pouvons retrouver parmi les auteurs et autrices aujourd’hui sur ce format Esmée Dubois, Pierre Léauté (nous avons chroniqué La Trilogie du Singe), Gwen Geddes, Arnauld Pottier (Monsieur Merlin notamment), Frédéric Gaillard, Emmanuel Quentin, Lionel Davoust, Nicolas Lebreton, Sylvie Arnoux, Paladine Saint-Hilaire, Bruno Poscheti et bien sûr Thomas Fouchault.

Les éditions 1115 ont aussi lancé il y a quelques mois un crowfunding pour proposer Chronopages et remettre en avant le format de la nouvelle, sous abonnement.

Thomas Fouchault répond à quelques unes de nos questions autour de l’histoire et le futur de la maison d’édition.

Bonjour Thomas, les éditions 1115 étaient présentes avec une partie de leurs auteurs et autrices au salon L’Ouest-Hurlant… Mais qui êtes-vous ? 

Bonjour Allan ! Les Éditions 1115 sont une maison d’édition lyonnaise fondée en 2017 et spécialisée dans les littératures de l’Imaginaire au format court. Je l’ai rejointe en 2019 avec la publication de mon premier texte, Les Fileurs de temps. En 2021, je me suis associé avec Frédéric Dupuy (le fondateur), et nous gérons dès lors la maison en tant que co-éditeurs. Je cumule donc les deux casquettes : auteur et éditeur.

Je suis par ailleurs engagé dans la défense des droits des artistes-auteurs au sein de la Ligue des Auteurs Professionnels.

D’ailleurs, d’où vient le choix de ce nom “1115” et pourquoi avoir choisi ce format ? 

À l’origine, le fameux 1115 n’était autre que la date de lancement du projet (Novembre 2015). De fil en aiguille, cette date est devenue le nom de la maison d’édition, et ce dernier a inspiré le petit format de publication de nos œuvres (11 cm x 15 cm). Du vrai format “poche” qui tient dans la poche, en somme ! Dans un paysage éditorial qui pousse à produire des livres toujours plus épais et plus chers, l’objectif est de proposer des petits ouvrages à des prix réduits sans lésiner sur la qualité. Un texte concis vaut bien un gros pavé.

Une grande partie de votre catalogue est composée de Novella. Qu’est-ce qui différencie une novella d’un nouvelle ou d’un roman ? 

Dans un premier temps – et c’est le plus évident – c’est la taille. La novella est un produit peu courant en France, qu’on peut voir comme une longue nouvelle ou un très court roman. Pour nous, c’est un format idéal pour avoir des textes concis qui marquent les lecteurs, tout en permettant de développer des concepts, des situations et des personnages qui auraient été trop à l’étroit dans une simple nouvelle. 

De jolis noms sont à votre catalogue qui contient désormais un peu plus d’une quinzaine de titres : comment les choisissez-vous ? 

Notre catalogue est même un peu plus fourni : nous présentons une trentaine de titres d’autrices et d’auteurs 1. francophones et 2. vivants, que l’on peut rencontrer en chair et en os. Ce sont nos seuls critères pour le moment, car la sélection se fait en réalité sur le texte. Notre comité de lecture se charge d’examiner les manuscrits qui nous sont soumis, et nous fait remonter leurs coups de cœur.

Vous vous définissez comme une “agence de voyages littéraires” : cela veut dire quoi ? 

Nous proposons des petits livres conçus pour être emportés partout avec vous, et dont le contenu fait voyager nos lecteurs vers un Ailleurs lointain, qu’il s’agisse de récits fantastiques, de fantasy ou de science-fiction. Nos œuvres sont autant des récits que des voyages intérieurs que nous proposons à nos lecteurs !

Ces derniers temps, vous avez élargi votre périmètre d’action puisque vous avez aussi publié deux romans : pourquoi ce choix ?

L’ennui quand on est éditeur, c’est qu’on peut recevoir des textes incroyables que l’on ne peut pas publier pour des questions de format. Après bien des réflexions avec mon associé, nous avons décidé de nous lancer dans le grand format pour éditer nos coups de cœur qui seraient bien trop à l’étroit dans le format classique 11×15 cm. 

Ce fut chose faite en septembre 2022 avec le lancement de la collection Longs-Courriers et la réédition du roman Dans l’ombre des miroirs, qui était bien trop serré dans son édition originale. La collection s’est étoffée en mars 2023 avec notre deuxième roman de Marge Nantel, La Cité sous les Cimes, proposant une nouvelle aventure dans l’univers foisonnant de l’autrice.

Les parutions en grand format resteront toutefois minoritaires par rapport aux autres titres.

Mais si vous êtes partis vers des formats plus longs, vous allez aussi vers des formats plus courts, puisque vous avez lancé un crowfunding pour Chronopages… Peux-tu nous en dire plus ? 

Le format de nouvelles à l’unité ChronoPages existe depuis quelques années déjà, mais nous avons été confronté à un double problème : d’un côté, ces petits ouvrages sont difficiles à installer en rayon et peinent à intéresser les libraires; de l’autre, la croissance du catalogue fait que nous avons moins de temps pour présenter chaque titre au public dans les salons du livre. Nous avons donc décidé de mettre en place un nouveau canal de diffusion sur le mode de l’abonnement. Chaque mois, les abonnés recevront un nouveau ChronoPages au format papier, directement dans leur boîte aux lettres. Le prix est doux (2€ + frais de port), le pourcentage de droits d’auteurs aussi (50% pour l’auteur ou l’autrice). Cette collection contribue à l’esprit que nous défendons chez 1115 : le créateur est à la base de l’industrie du livre, et la valeur produite par l’exploitation de son texte doit être correctement partagée.

Nous avons lancé un crowdfunding sur Ulule en avril-mai 2023 pour la première vague de souscriptions. Les résultats ont été à la hauteur ! Nous profitons de l’été pour mettre en place le système de gestion logistique et la production des goodies. Tous les lecteurs qui ont raté le coche du crowdfunding auront la possibilité de s’abonner dès le mois d’août, directement sur notre site Internet.

Les souscriptions ont largement dépassé vos attentes puisque vous êtes au-delà des 150% de ce que vous vouliez avoir… Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Nous en sommes ravis, bien sûr ! C’est la preuve qu’il y a un lectorat de nouvelles bien ancré dans les pays francophones et que la formule de l’abonnement intéresse. Cela nous permettra également de proposer des “hors-série” à nos abonnés, avec des nouvelles sortant des cadres. Enfin, nous pourrons augmenter la rémunération garantie pour les artistes-auteurs, avec la perspective d’attirer davantage d’auteurs installés, et encore plus de textes d’exception à vous proposer.

Parlons un peu maintenant de l’avenir : au-delà du lancement en septembre de Chronopages, quels sont les titres à venir au catalogue ? 

Nous aurons la joie d’avoir deux sorties en septembre. D’une part, le premier titre des ChronoPages “nouvelle formule” avec L’énergie du désespoir d’Adrien Tomas, qui nous emmènera dans les pas d’une chasseuse de fées sur des sommets enneigés. D’autre part, la sortie du troisième roman Long-Courrier, Des Nuées, un thriller fantastique signé Olivier Bérenval mêlant anthropologie, vampires mentaux et Afrique du Sud. Un mélange détonnant qui vous fera frissonner pendant tout l’automne !

En guise de conclusion, le mot de la fin te revient 🙂

Merci pour cet entretien ! Nous avons à cœur de faire vivre le format court dans la sphère de l’Imaginaire français. La nouvelle est le creuset de l’innovation dans nos genres, il serait temps de lui redonner une place de choix.


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