Le roman Trois battements, un silence, publié aux éditions Argyll en avril 2023, est un titre posthume de l’autrice. Dans cette histoire passionnante, présentée comme un conte pour adulte, nous retrouvons la légende de Mélusine et du clan Lusignan.
Un homme coupé du monde…
reçoit la visite d’un officier de police pour ce qui semble être en premier lieu un problème de voisinage. Mais le flic qui rend visite à Marco Lusi a une autre idée derrière la tête, puisque son effort pour grimper jusqu’à l’habitation de Marco est aussi lié à la disparition d’une jeune femme, Tess, et d’un enfant, Tess ayant partagé avec lui des foyers d’accueil..
Cette première prise de contact avec celui qui sera le personnage central du récit nous permet de commencer à mettre le doigt sur l’étrangeté de la situation. Car Marco a un âge beaucoup plus avancé que celui qu’il semble avoir, que le souvenir de la jeune femme qu’il a est bien différente de la présentation du policier et surtout parce que, contrairement à ce qu’il dit, il semble bien avoir la garde d’un enfant.
Marco est donc un des derniers descendants des Lusignan, qui ont une haine farouche pour la gente féminine depuis que Mélusine ait enlevé le fils de Raymondin de Lusignan. La malédiction poussée par la fée légendaire est lié à la disparition de l’enfant de Marco qui a été remplacé par une créature féérique, Marco faisant partie de ses élus capables de percevoir la présence de créatures de l’autre monde…
Alors quand Marco perçoit qu’il y a de plus en plus d’agitation à la frontière de la propriété des Delusi, et que dans le même temps son passé semble ressurgir en même temps que son fils disparu, le descendant des Lusignan n’a d’autre choix pour sauver son fils que de se lancer sur les routes…
Une revue de la légende de Mélusine
Nous plongeons donc dans l’histoire d’un des derniers descendants des De Lusignan, Marco, et du mythe de Mélusine. Pour ceux et celles qui n’auraient pas la référence, la jeune Mélusine a été victime d’un sort, lancée par sa mère. A l’origine du différent familial, le père n’a pas respecté sa parole de ne pas voir sa femme durant les accouchements. Pour punir leur père, Mélusine et ses sœurs l’avaient enfermé… Mélusine se retrouvera donc affublé par punition à avoir une queue de serpent tous les samedis et pourrait vivre normalement si un homme accepte de l’épouser en préservant son secret.
C’est pas parce qu’on est du même sang qu’on est de la même race.
Bien après, il a compris que sans cette phrase, lui aussi, il serait peut-être devenu un violeur, un escroc, un vrai Délusi.
Un qui pense que les femmes s’appellent des salopes et qu’à ce titre on peut leur faire n’importe quoi.
C’est de cette légende dont va être le dernier dépositaire Marco, élevé de par la tradition dans la haine des femmes, même si son oncle, Ray, montre un visage différent, que ce soit dans sa relation aux peuples féériques, ou dans sa relation aux femmes.
Au travers de sept parties, plus ou moins importantes, l’autrice nous fait découvrir les différents protagonistes de l’histoire, nous faisant voyager dans le temps que ce soit vers les ancêtres des Lusignans ou, dans les derniers temps, nous permettant d’avoir enfin un point de vue féminin.
Car, vous l’aurez compris, la légende originale, tout comme le début du récit, nous est présentée sous l’angle patriarcal, rendant Mélusine responsable de tous les maux de la famille. Le roadtrip que nous fera vivre Marco nous permettra, avec beaucoup d’humanité et de sensibilité, de voir progressivement le monde sous un nouveau jour…
Le côté conte revendiqué est totalement légitime et il est intéressant de voir que les mythologies et contes sont de plus en plus revus pour leur donner un angle plus moderne. Ce sera notamment le cas pour Méduse dont vous aurez la chronique dans quelques jours 🙂
Argyll (7 avril 2023) – 371 pages – 22,90 € – 9782492403743
Couverture : Xavier Colette
Difficile d’échapper à son héritage familial quand, comme Marco Delusi, on grandit au sein d’une famille dysfonctionnelle dans laquelle être un homme signifie haïr les femmes. Seul son oncle Ray lui montre de l’affection et l’initie à la magie du monde et de celles et ceux qui le peuplent, habitants de l’ombre autant que de la lumière.
Après la mort de Ray, Marco vit à l’écart de la société. Celle-ci se rappelle toutefois à son bon souvenir quand son fils disparu huit ans plus tôt revient dans sa vie. Ce retour laisse alors surgir un passé qu’il préférait oublier.
Pour sauver son garçon, Marco sait qu’il lui faudra mettre fin à la malédiction qui pèse sur les hommes de sa famille et accorder son cœur au rythme des autres. Pourquoi pas à celui de Hannah, son premier amour…
Le temps, peut-être, de trois battements et d’un silence.