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Le dernier des aînés de Adrian Tchaikovsky

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Deuxième titre de la collection Une Heure Lumière des éditions du Bélial que je vous propose en cette rentrée après La peste du léopard vert de Walter Jon Williams, Le dernier des aînés va nous plonger dans une histoire qui va glisser tranquillement de la magie / fantasy vers la Science-Fiction.

Un monstre surgit…

Dans ce monde où la magie semble opérée. Lynesse Quatrième fille, princesse de Praimesite, est très loin dans la chaîne de pouvoir, et n’a donc que peu de poids dans les différentes décisions de la contrée. Pour autant, elle s’inquiète fortement de ce mal qui se répand dans les différentes contrées, un mal qui semblent prendre le contrôle des végétaux, animaux et même habitants et habitantes. Les gens fuient mais la mère de Lynesse ne semble pas prête à envoyer une quelconque force s’opposer à ce démon. Lynesse, s’appuyant sur des légendes très ancienne, décide d’aller chercher l’aide du sorcier des légendes, qui a signé un pacte avec la famille royale plusieurs générations auparavant, en compagnie d’Esha libre marque. Elles escaladent la montagne et nous sentons que quelque chose détonne, quelque chose nous gêne, et ce sera rapidement tranché avec le découverte du fameux sorcier Nyrgoth…

Car Nyrgoth est loin d’être un sorcier comme nous le comprenons immédiatement. Sa longévité n’est du à rien de moins qu’une forme de cryogénisation, et il s’avère que le sorcier est un homme venu de la lointaine terre et dont le métier est l’anthropologie. Sa présence sur la planète n’est que le fait d’un besoin d’étude de la population, issue d’une colonisation de nombreuses générations auparavant. Et s’il est bien vrai qu’il est intervenu trois générations plus tôt, cela n’était pas pour une réelle envie d’interagir avec les autochtones. Malgré tout, le voici emporté dans cette étrange aventure coincé entre son rôle et son engagement.

… pour un récit oscillant entre Fantasy et Science-Fiction

Ce texte de moins de 200 pages est intéressant pour la dimension fantasy et Science-Fiction et ce à plusieurs niveaux. D’abord, nous avons vraiment l’impression de deux récits qui sont mis en parallèle : celui de Lynesse d’un côté qui tient tous les codes de la fantasy… Une jeune princesse est prête à tous les sacrifices, armée de son épée et aidée par ses compagnes et compagnons, et part en quête pour trouver le sorcier dont la magie repoussera une nouvelle fois le mal. De l’autre côté, Nyrgoth porte la dimension et la rigueur de la Science-Fiction, avec tout le pragmatisme, les équipements, les règles du scientifique.

Ils pensent que je suis un magicien. Un putain de sorcier. Voilà ce que je suis pour eux : une sorte de gobelin d’un autre âge qui possède des pouvoirs magiques. Et je ne maitrise pas suffisamment leur langue pour réfuter cette idée. Je dis “scientifique”, “lettré”, mais quand je leur parle dans leur langue, cela se traduit par “magicien”. Je m’imagine en train de discuter avec Lyn et de lui expliquer : “Je ne suis pas un magicien, je suis un magicien. Ou au mieux un magicien”

On pourrait plaisanter en disant que cela montre les mésententes entre les deux genres (c’est de l’humour hein), reconnaissons quand même que la communication est un élément central de l’histoire. Nous voyons que les deux personnages principaux n’arrivent pas à se comprendre, les mots ne sont pas les mêmes, malgré une origine commune et la culture de chacun doit aussi jouer pour beaucoup. Chaque fois que le mot “Science” est prononcé par l’anthropologue, c’est “Magie” qu’entend la princesse. Un chapitre entier marque ce décalage avec une mise en page dont le rendu est on ne peut plus pertinent.

Au-delà de l’histoire, une autre des thématiques abordée est celle de l’Observateur, et Nyrgoth va avoir bien du mal à s’engager dans ce combat, coincé par cette règle qui dit que l’Observateur ne doit pas influer l’Observé. Mais que faire quand on perd l’intérêt de cette observation, que les informations remontées ne seront pas forcément remontées, exploitées et/ou utilisées ?

Le questionnement du côté de Lynesse est tout autre : quel sera le prix à payer pour obtenir l’aide du dernier aîné ? Quel sacrifice devra-t-elle faire, elle, la princesse rebelle ?

La fusion / opposition des deux genres au sein du même récit, la personnalité des deux personnages principaux, leurs tourments, leur courage, leur abnégation font de ce récit un texte brillant que je ne saurai que vous recommander !

Le Bélial (31 août 2023) – Une Heure Lumière – 177 pages – 11,90 € – 9782381630946
Traduction : Henry-Luc Planchat (Angleterre)
Titre Original : Elder race (2021)
Couverture : Aurélien Police

Lynesse Quatrième Fille, princesse de Praimesite, n’ignore rien de la légende : le grand Nyrgoth l’Aîné a jadis usé de ses pouvoirs pour libérer le royaume du terrible Ulmoth. Aussi, quand un redoutable démon voleur d’esprits apparaît dans l’Ordibois, Lyn n’a guère le choix : il lui faut aller requérir l’aide du sorcier, au nom du pacte qui lie ce dernier à la famille royale depuis trois générations. Or, Nyrgoth, de son nom véritable Nyr Illim Tevitch, n’est autre qu’un anthropologue terrien venu sur la lointaine planète Sophos 4 à seules fin d’études – en toute discrétion, et sans interférer. Une règle d’or qu’il a déjà brisée du temps d’Astresse, la grand-mère de Lyn. Acceptera-t-il de sauver une nouvelle fois ce monde, quitte à bafouer les lois qui lui sont imposées ? Et quand bien même, pourra-t-il seulement vaincre le démon en question ? Entre devoir et morale, la rencontre de ces deux êtres inconciliables pourrait bien changer l’ordre des choses…


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